JOLIVET André. Compositeur français
JOLIVET André. Compositeur français. Né et mort à Paris (8 août 1905-19 décembre 1974). Ayant commencé sa carrière comme instituteur, malgré des dons précoces pour la musique, Jolivet ne suivit pas la filière traditionnelle de l'enseignement du Conservatoire, mais il travailla avec deux maîtres dont l'influence complémentaire allait profondément le marquer, Paul Le Flem et Edgar Varèse (dont il fut l'un des rares disciples). Auprès de Le Flem, il se rompit à la haute école française de l'écriture, à l'harmonie savante et subtile. Au contact de Varèse, au contraire, se révéla sa nature intime d'alchimiste du son, de musicien-sorcier en relation avec les forces incantatoires de la musique de Varèse, il tiendra son goût pour une orchestration véhémente, traitant davantage de la matière sonore que des instruments de musique. Sa première grande oeuvre, Mana date de 1935. En 1936, il fonde le groupe « Jeune France », avec Olivier Messiaen, Daniel Lesur et Yves Baudrier. A la fin de la guerre, il est nommé directeur de la musique à la Comédie-Française (1945-1959). En 1966, il devient professeur de composition au Conservatoire de Paris, charge dont il démissionne en 1970. La mort le surprend en 1974, alors qu'il travaille à un ouvrage lyrique commandé par l'Opéra de Paris. André Jolivet avait été lauréat de plusieurs grands prix (Ville de Paris en 1951, SACEM en 1960, Prix National de la Musique en 1972); en 1959, il avait créé, à Aix-en-Provence, un Centre français d'humanisme musical. Son oeuvre, importante, aborde tous les genres; mais dans les dernières années, moins souvent jouée en raison de l'indépendance du musicien à l'égard des courants plus ou moins officiels, elle s'était raréfiée. Dans ses premières partitions, Jolivet se ressent de l'influence de Varèse. Ce sont Mana, Cinq Incantations pour flûte seule (1936), Cosmogonie (1938), Cinq Danses rituelles (1939), pages abruptes, violentes, à l'harmonie et à l'orchestration volontiers « sauvages », dans un langage atonal complexe. Se tournant ensuite davantage vers le public à qui il veut communiquer ses conceptions humanistes, il simplifie son écriture : Trois Complaintes du soldat (1940), Trois Chansons de ménestrels (1943), Poèmes intimes, pour voix et orchestre (1944), Chant de Linos, pour flûte et piano (1944), et pour le théâtre l'opéra bouffe Dolorès ou le miracle de la femme laide (texte d'Henri Ghéon, 1942) ou le ballet Guignol et Pandore (1944). Au lendemain de la guerre, alors qu'une nouvelle avant-garde se réclame exclusivement du système sériel, Jolivet affirme sa personnalité et l'originalité de sa démarche, celle de proposer « une vision du monde, la lutte ancestrale entre le spirituel et le matériel »; sa musique se veut magique, religieuse, mais touchant directement le coeur des hommes, sans arrière-plans spéculatifs. C'est l'époque qui voit fleurir les grands concertos : seize partitions, parmi lesquelles les Concertos pour ondes Marte-not (1947), pour piano (1949), pour flûte (1949), pour trompette (1948 et 1954), pour harpe (1952), pour basson (1954), pour percussion (1958), pour violoncelle (1962 et 1966). Les autres oeuvres majeures de sa maturité sont cinq Symphonies, Êpi-thalame, pour « orchestre vocal » (1953), Suite transocéane (1955), La Vérité de Jeanne, oratorio (1956), Le Coeur de la matière, cantate (d'après Teilhard de Chardin, 1965), Songe à nouveau rêvé, mélodies pour soprano et orchestre (Antoine Goléa, 1971). En musique instrumentale, ses principales oeuvres sont deux Sonates pour piano (1945 et 1957), Hymne à l'univers, pour orgue (1961), Suite rhapsodique pour violon seul (1965). Il a également écrit un ouvrage sur Beethoven (Paris, 1943). Son épouse, Hilda Jolivet, qui l'a infatigablement soutenu, a écrit un livre sur Varèse et une biographie, Avec André Jolivet (Paris, 1978).
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