Jocelyn d'Alphonse de LAMARTINE
Jocelyn d'Alphonse de LAMARTINE, 1836, La Pléiade.
• Lamartine a eu l’ambition d’écrire une épopée de l’humanité montrant les phases que l’esprit humain doit parcourir pour arriver à ses fins par les voies de Dieu. Jocelyn est une scène détachée de ce drame épique, un fragment d’épopée intime, qui a pour sujet le curé de village, le prêtre évangélique, une des plus touchantes figures de nos civilisations modernes (Avertissement). Pour cette composition, Lamartine s’est inspiré de la vie de l’abbé Dumont, curé de Milly, son maître et son ami, auquel il a voulu rendre hommage.
• En 1786, à l’âge de seize ans, afin d’assurer une dot suffisante à sa sœur, Jocelyn entre au séminaire, renonçant à sa part d’héritage. Les violences de 1793 l’obligent à se cacher dans une grotte des Alpes, la grotte des Aigles. Il sauve un jour un jeune proscrit, Laurence, qui vient partager son refuge. Laurence est une jeune fille déguisée, et l'amitié cède la place à l’amour. Mais Jocelyn est appelé par son évêque emprisonné à Grenoble et condamné à mort : celui-ci désire l’ordonner prêtre afin de recevoir de lui les derniers sacrements. Jocelyn et Laurence se trouvent ainsi à jamais séparés. Jocelyn devient prêtre d’une paroisse de montagne et s’y consacre passionnément à son ministère, surtout après avoir revu Laurence à Paris où elle mène une vie mondaine et dissipée. Il l’assiste à son lit de mort lorsque, malade et repentie, elle revient mourir dans les Alpes. Il meurt lui-même peu après. Tous deux sont enterrés dans la grotte des Aigles. Les méditations de Jocelyn sur la vie naturelle (4e époque), sur le rôle de la Providence dans les révolutions (8e époque), sur le travail des hommes (9e époque) témoignent des préoccupations morales de Lamartine.
• Jocelyn a obtenu à sa publication un succès sans précédent pour un ouvrage en vers, mais la postérité n’a pas été indulgente aux défauts de ce long poème inégal.
LAMARTINE (ALPHONSE DE)
Poète et homme d’État français, né à Mâcon en 1790. Après des études chez les Jésuites, il fit un voyage en Italie (1811-1812). Il fut ensuite quelque temps garde du corps de Louis XVIII. Au cours d’une cure à Aix-les-Bains (1816), il s’éprit de la jeune Mme Charles, qui mourut peu après (1817). C’est sous le coup de cette passion brisée qu’il composa ses Méditations, publiées en 1820. Le succès fut immense. Nommé par le roi secrétaire d’ambassade à Florence (1821), il poursuivit son œuvre littéraire (Nouvelles Méditations et la Mort de Socrate [1823], Harmonies poétiques et religieuses [1829] que Liszt mit plus tard en musique). En 1830, il fut élu à l'Académie française. Après la chute de Charles X, il entreprit un voyage en Orient (1832) dont il publia le récit. Député en 1833, il n’en abandonna pas pour autant sa carrière de poète et fit paraître Jocelyn (1836), La Chute d’un ange (1838) et Recueillements (1839). En 1847, il écrivit F Histoire des Girondins. La révolution de 1848, dont il avait pris la tête, le fit ministre des Affaires étrangères, mais le coup d’État de décembre (élection de Louis-Napoléon) F écarta définitivement de la politique. Il revint aux lettres et composa, entre autres, ses Confidences (1849), Graziella (1852) et ses Cours familiers de littérature (1856). Les soucis financiers dus à la fois à son désintéressement et à sa prodigalité le condamnèrent aux « travaux forcés littéraires », selon sa propre expression, et il serait mort dans la misère sans le secours du gouvernement impérial qui lui fit don, à titre de récompense nationale, d’un demi-million et d’un chalet à Passy où il mourut en 1869.