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Jean XXII, Jacques Duèze (Cahors 1245-Avignon 1334) ; pape [1316-1334].

Jean XXII, Jacques Duèze (Cahors 1245-Avignon 1334) ; pape [1316-1334].

Son prédécesseur Clément V étant mort le 20 avril 1314, J. monte sur le trône de saint Pierre après une vacance de plus de deux ans (élu le 7 août 1316, consacré le 5 sept.). Les dissensions au sein du Sacré Collège ont été vives entre factions nationales (Italiens contre Gascons introduits par Clément V), et les pressions fortes de la part du roi de France Philippe V et du roi angevin de Naples Robert. On se met d’accord sur un Cahorsin, qui achève d’enraciner la papauté en Avignon, cité dont il est évêque depuis 1310. Actif dans le domaine des missions orientales (on croit toujours ferme à la possibilité de prendre ainsi l’islam à revers), J. est un organisateur hors pair de la Curie, qui devient l’organe efficace autant que pléthorique de l’administration quasi monarchique de l’Église. La Chancellerie, la Chambre, l’Audience (« Rote ») reçoivent leur visage classique. Le Sacré Collège est peuplé de Français. La fiscalité continue à s’alourdir. J. promulgue une nouvelle collection de décrétales (Extravagantes, c’est-à-dire « courant hors » des Clémentines de son prédécesseur, qu’il promulgue aussi). J. cherche à maintenir la ligne d’innocent III dans la question des élections impériales. Il invite deux concurrents, Louis le Bavarois et Frédéric le Beau d’Autriche, à se soumettre à son arbitrage. Mais loin de réussir, il se heurte bientôt de front à Louis, qui reprend une politique agressive en Italie, et finit par l’excommunier (mars 1324) alors que la cour impériale devient un actif foyer de propagande gibeline, animée entre autres par Guillaume d’Ockham et Marsile de Padoue. Louis se fait couronner à Rome en janvier 1328 et suscite un antipape, Nicolas [V], vite réduit. Le vide laissé par le départ d’Italie de Louis n’est pourtant pas comblé par les armées et partisans du pape, malgré l’énergie du légat Bertrand du Pouget. J. est tout aussi maladroitement inflexible face aux franciscains, dont un courant, les Spirituels, préconise une pauvreté intégrale. Il s’aliène une large partie de l’ordre en entrant en conflit avec le général Michel de Césène qui, pour avoir soutenu que le Christ ne possédait aucun bien, est déclaré hérétique (12 nov. 1323). Mais J., meilleur administrateur que théologien, prête le flanc à la critique avec sa théorie de la « Vision béatifique », que. les âmes des justes pourraient avoir aussitôt après la mort, avant le Jugement. Et, meilleur juriste que diplomate, il assiste totalement impuissant aux débuts de la guerre de Cent Ans. Il meurt le 4 décembre 1334.

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