Jean-Louis Curtis
Né en 1917 à Orthez (Pyrénées-Atlantiques), Louis Laffitte prendra le pseudonyme de Jean-Louis Curtis. Etudes supérieures à Bordeaux puis à Paris. Agrégé d’anglais, Jean-Louis Curtis enseigne en province et à Paris, puis effectue de nombreux séjours à l’étranger pour le compte de l'Alliance française. Romancier, essayiste, traducteur de Philip Toynbee et auteur de plusieurs adaptations d’œuvres littéraires pour la télévision, Jean-Louis Curtis s’est également révélé un observateur lucide de la littérature française de notre temps. Romancier resté discret en dépit d’une brillante carrière, très tôt récompensée par un prix Concourt suivi d’une production régulière et polyvalente, Jean-Louis Curtis peut être tenu pour l’un des représentants les plus honorables du roman de mœurs contemporain. Volontiers porté vers l’étude du comportement des êtres dans un groupe social donné et à une époque précise et de leur évolution psychologique au contact d’un événement ou d’un conflit, le romancier excelle à noter des gestes qui trahissent une pensée secrète, à formuler des phrases anodines qui ressemblent à des confessions, à suggérer des «sous-conversations», bref à créer des atmosphères en demi-teintes où le paroxysme n’est jamais atteint, comme dans les œuvres d’Henry James. La jeunesse a été pour lui un sujet de prédilection. Dans les Jeunes Hommes, son premier roman, Jean-Louis Curtis nous relate les années d’apprentissage de quatre jeunes gens en révolte qui veulent quitter leur ville de province. Cette chronique de destins qui s’entrecroisent montre comment au bout du compte, la vie rangée parvient à corroder les rêves et les espoirs conçus pendant les jeunes années. De même les Forêts de la nuit, après Siegfried et avant les Justes Causes illustre la rançon que l’après-guerre a présentée aux enthousiasmes juvéniles : déception amère, démobilisation de l’âme, absence de projet exaltant. Que ce soit par la suite avec Un jeune couple, Cygne sauvage ou le Thé sous les cyprès, un recueil de longues nouvelles, c’est souvent la confrontation d’un idéal confusément ressenti et d’un monde médiocre qu’expose ce romancier qui s’efface toujours derrière ses personnages comme un témoin qui hésite à s’engager, préférant « promener un miroir le long du chemin ». C’est que l’auteur des Alibis du romancier et de Questions à la littérature se méfie des interventions d’un créateur de fiction, comme de la « liberté » du personnage de roman. Jean-Louis Curtis est d’ailleurs un éminent observateur de la littérature française et un lecteur attentif, comme en témoignent ses pastiches qui comptent parmi les plus réussis. Depuis quelques années Jean-Louis Curtis se livre avec bonheur à plusieurs adaptations de Shakespeare pour la Comédie française, tout en continuant à publier différents écrits qui ne cèdent ni à la mode, ni au tapage, mais à une lucidité, quelquefois un peu trop sage.