Jean-Louis COMOLLI
Né en 1941 à Philippeville, aujourd’hui Skikda (Algérie). Les Deux Marseillaises (coréal. André S. Labarthe, 1968), Comme je te veux (cm, 1967), Un coup pour rien (cm, 1969), La Femme enceinte et les Deux Syndicalistes (cm, 1969), La Cecilia (1976), Toto, une anthologie (1978), Ce que l'on sème (cm, 1978) , Qui n'a rien n'est rien (cm, 1979) , L'Ombre rouge (1981), Carnets de bal (TV, 1980-81), Balles perdues (1982), L'École des chefs (TV, 1984), La France à la carte {TV, 1985), Le Bal d'Irène (1986), Pétition (moyen métrage, 1986). On pouvait redouter de l’ancien rédacteur en chef des Cahiers du cinéma (1966-71), théoricien réputé «difficile», des films «intellectuels» et austères. Il n’en fut rien, et, d’emblée, La Cecilia, son premier long métrage, donna le ton de l’œuvre: pour raconter l’histoire de cette expérience communautaire tentée en 1887, au Brésil, par un petit groupe d’anarchistes italiens, le réalisateur choisissait une narration classique et une écriture très limpide, soutenue par une distribution italienne très vivante et une belle musique de Michel Portal. Les «modernes», justifiait-il, avaient épuisé le champ de l’écriture cinématographique : c’était donc du côté au cinéma «classique» qu’il fallait trouver les moyens d’«aller plus loin». Jean-Louis Comolli est demeuré fidèle à cette option, au point qu’on a pu lui reprocher, dans Balles perdues, le parti pris «grand public» de son écriture. «Si j’ai envie de faire du cinéma», dit Comolli, «c’est qu’il y a dans la pratique même du cinéaste la nécessité absolue de travailler avec les autres.» Plus généralement, le groupe social (et la façon dont s’y inscrivent et y circulent les individus) peut être considéré comme le sujet principal de ses films. On ne s’étonnera donc pas que le bal, comme chez Ford, y occupe une place privilégiée, et qu’il lui ait même consacré une série de trois courts métrages pour la télévision (Carnets de bal). On ne sera pas non plus surpris que son grand projet (abandonné pour des raisons financières) ait été un film sur la Commune de Paris. Les films de Jean-Louis Comolli évoquent toujours des personnages profondément impliqués dans l'histoire et la politique de leur temps. Le plus souvent, leur engagement les met dans des situations difficiles (La Cecilia, Pétition) où leurs désirs et leurs idéaux entrent en contradiction avec la réalité, et peuvent même les pousser à de «mauvais choix»: L'Ombre rouge met en scène deux agents français (Claude Brasseur et Jacques Dutronc) qui, par idéal, travaillent pour la Russie communiste pendant la guerre d’Espagne, et se trouvent bientôt confrontés aux avatars dramatiques de la politique stalinienne. On comprend que ces réalisations échappent aux caractéristiques habituelles du cinéma «politique». Il s’agit davantage (c’est aujourd'hui devenu une banalité) de faire jouer des contradictions et de susciter des questions que d’imposer des réponses. Comolli voudrait-il céder au didactisme que le goût de la vie, la sensualité, l’attention et tout simplement l’amour des gens (et des acteurs) qui caractérisent son style seraient autant de garde-fous à cette tentation. Balles perdues était une comédie policière qui, sans évacuer le propos politique, tentait de retrouver la veine populaire des Feuillade et Prévert. Malgré l’excellente interprétation d Andréa Ferréol, l'entreprise déconcerta à la fois le public et la critique. Jean-Louis Comolli a réalisé plusieurs films pour la télévision (L'École des chefs, Pétition) ; il a écrit des scénarios (en particulier ceux des films de Maurice Failevic). Depuis 1981, sa société de production, la Cecilia, a produit tous les films de Rivette ainsi que La Diagonale du fou.
— Entretiens par Dominique Ra-bourdin, Cinéma, n° 207, mars 1976; par Alain Bergala et Alain Philippon, Cahiers du cinéma, n° 333, mars 1982; par Daniel Serceau, CinémAction, n° 25 («60-80: vingt ans d’utopies au cinéma»), 1983.
— La Cecilia: une commune anarchiste au Brésil en 1890 (dossier d’un film), Daniel et Cie, 1976.
— Dans les griffes de l’ombre rouge, Cahiers du cinéma, hors série, octobre 1981.
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