Jean-Louis BERTUCELLI
Jean-Louis Bertucelli a mené de front études musicales et scientifiques. Après avoir obtenu sa licence de physique, il entre en 1960 à l’école de Vaugirard et y passe deux années dans la section son. Il travaille à partir de 1964 comme preneur de son sur des films mineurs, puis entre à la télévision. Il y participe à divers magazines {Zoom, 16 millions de jeunes en 1965), et réalise quatre courts métrages {Oxaca, Janine ou l’amour, Tricot, La Mélodie du malheur). Alors qu’il tourne avec Gérard Pirès en Tunisie, il découvre un étonnant village à la frontière algéro-tunisienne. Il veut y réaliser un film et, en se documentant, apprend que Jean Duvignaud a écrit un livre sur ce même village. Ils décident alors de travailler ensemble sur le projet. Le gouvernement tunisien ayant refusé les autorisations nécessaires, ils prennent la décision de déplacer l’action et de tourner dans un village algérien tout proche, Alger (c’est-à-dire Lakhaar-Hamina) ayant donné son accord. C’est ainsi qu’en 1969, Jean-Louis Bertucelli peut réaliser Remparts d’argile, un film admirable, dune beauté grandiose et d’une sobriété parfaite. Remarquablement photographié et interprété (par Leila Shenna et les habitants du village), il sera présenté au cours de la Semaine de la critique et obtiendra aussi le prix Jean-Vigo. Beaucoup de critiques considèrent aujourd’hui Bertucelli comme l’homme d’un seul film. Cette affirmation paraît un peu excessive. Certes le réalisateur a perdu une bonne partie du style qui était le sien à ses débuts, mais il n’a pas à rougir de sa production, et s’il a perdu la belle unanimité qui avait salué son premier film, il peut se consoler devant l’énorme succès public de Françoise Gailland, film très mélodramatique racontant l’histoire d’une femme (Annie Girardot) qui manque se retrouver seule pour lutter contre un cancer. Tout comme dans ses trois premiers films, Bertucelli retrouve ici le thème de la femme et de sa solitude face à un monde défavorable. Hormis Paulina 1880 d’après le roman de Pierre-Jean Jouve, réalisation esthétisante, académique et sans âme, les autres films de Bertucelli sont ancrés dans une réalité sociale bien contemporaine. Du couple de petits employés d'On s est trompé d'histoire d’amour à Louis, le livreur de banlieue d’interdit aux moins de 13 ans, tous ses héros sont en butte à une vie quotidienne pleine d’embûches et dans laquelle les joies sont rares et précieuses. Le cinéma de Jean-Louis Bertucelli est un cinéma sympathique, sensible, qui trouve souvent le ton juste, même si parfois la caricature et le mélodrame viennent alourdir le propos. L’Imprécateur, film à gros budget tiré du roman de René-Victor Pilhes sur les multinationales, et Stress, petit film à suspense sans intérêt, en sont les parfaits exemples. Enfin on pourra toujours regretter que les producteurs du Désert des Tartares aient cru bon d’en confier la réalisation à Valerio Zurlini alors qu’initialement, Bertucelli devait en assurer la mise en scène.
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