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Jean-Jacques BEINEIX

Jean-Jacques BEINEIX

Né en 1946 à Paris.

Le Chien de monsieur Michel (cm, 1971), Diva (1980), La Lune dans le caniveau (1983), 37° 2 le matin (1985).

Cet ancien assistant de Becker, Berri, Brach, Trintignant et Zidi est remarqué en deux temps avec Diva, rejeté en un seul avec La Lune dans le caniveau, accepté avec 37°2 le matin. Jean-Jacques Beineix est à ce jour considéré à la fois comme l’enfant terrible et le gamin prodige du cinéma français contemporain. Son talent oscille entre une folie stylistique des plus débridées et une rigueur obsessionnelle dans la composition de son délire au niveau de la déstructuration du scénario. Diva se voulait «in» (snobisme du moment qui perçait à travers le choix des décors et des costumes), mais aussi classique dans son modernisme (son onirisme rappelait celui des surréalistes). Le jeune public sut recevoir ce message en grande partie emprunté à Delacorta. La démesure générale correspondait à une certaine aspiration pour le «différent» maniéré, provocateur, farfelu, percutant. L’effet de la forme tape-à-l’œil sur fond d’humour et de poésie  l ’emportait sur une histoire en fin de compte très conventionnelle. La jeunesse de notre pays en mal d’imagination se reconnut dans ce formalisme de survie. Beineix devenait aussitôt un réalisateur «neuf» et la Gaumont en profita pour lui offrir un pont d’or. Avec La Lune dans le caniveau, il donna dans la mégalomanie du visionnaire. Stylisé à outrance, le film envoûtait par ses artifices dont l’amalgame empêchait fort logiquement le protagoniste de renouer avec l’innocence de sa sœur perdue. Les mouvements d’appareil liés à une certaine lenteur, symbolique d’impuissance, contribuaient à l’atmosphère glauque de l’ensemble. L’accueil critique fut hostile ou mitigé. Le public hésita. Après celle de David Goodis, Beineix prit la température de Philippe Djian et 37°2 le matin vit le jour. A nouveau la jeunesse se rua dans les salles où se passait une scène d’amour physique d’une rare vérité, où se profilaient des jeux de lumière et de peinture éclairant une surface de vacuité créatrice, où se produisait la rencontre de la difficulté d’être et de la passion de filmer. Jean-Jacques Beineix est de tous les cinéastes de sa génération celui dont on peut attendre le plus et craindre le pire.

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