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Jean Grosjean

Poète né le 21 décembre 1912 à Paris. Marqué par la lecture de la Bible et de Claudel, après un voyage au Moyen-Orient, il reçoit l’ordination en 1939. Mobilisé, il rencontre André Malraux avec qui il se lie d’amitié, ainsi que Claude Gallimard avec qui il partage ses années de captivité en Poméranie. Après la guerre, ayant quitté le ministère, et s’étant marié, il se consacre, parallèlement à son oeuvre poétique, à des traductions d’Eschyle, Sophocle, Shakespeare et l’Evangile. Depuis 1967, il participe auprès de Marcel Arland et Dominique Aury à la direction de la N.R.F. De Terre du temps à La Gloire, l’itinéraire poétique et spirituel de Jean Grosjean a oscillé entre la plénitude et la déchirure, constamment traversé par une interrogation fébrile sur Dieu et la parole, dialogue entre le terrifiant absolu et la simplicité de la vie des saisons. Alain Bosquet parle avec bonheur d’une « prière panique ». La foi qui anime Jean Grosjean le sollicite vers des sommets toujours plus élevés et donc de moins en moins accessibles. Perspective égarée qui vient, dans Austrasie par exemple, se reposer, se recueillir, un instant, dans le bonheur qu’offre la campagne au poète qui, se promenant, assemble une sorte d’herbier virgilien. Mais resurgit aussitôt, car elle vivait déjà au sein de la nature, l’inquiétude qui, dans Hypostases, faisait dire au poète : « Dieu s'est enfui de soi par habitude ». Et ce doute, qui exalte la foi, se répète comme une litanie biblique, où la connaissance érudite des textes alimente une rhétorique ferme et délicate. Car « le dieu ne peut être immobile, pas plus que les astres et la pensée. » (La Gloire) Le langage ne saurait saisir dans son essence changeante le dieu qui «s’échappe aux plaintes, fuit le silence de son essence intime, se délivre de son insatisfaite plénitude » (Pierre Oster) .Ce questionnement du langage qui doit se perdre, se fondre, pour parler, un dieu qui se perd et se fond lui-même, fait de Jean Grosjean un poète dans la lignée de Charles Péguy mais d’un Péguy qui saurait, aujourd’hui, que les mots (et donc la foi) peuvent être sujets à caution. ► Bibliographie
Terre du temps, 1946 ; Hypostases, 1950 ; Le livre du Juste, 1952 ; Fils de l'Homme, 1954, Prix Max Jacob ; Majestés et passants, 1956 ; Austrasie, 1960 ; Apocalypse, 1962 ; Hiver, 1964 ; Élégies, 1967 ; La Gloire, 1969.