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Jean de Luxembourg (1296-1346); roi de Bohême [1310-1346].

Jean de Luxembourg (1296-1346); roi de Bohême [1310-1346]. Le fils de l'empereur Henri VII est sans doute le prince le plus remuant du xive siècle, qui en a connu plus d'un. Agé de quatorze ans seulement, il reçoit la Bohême après son mariage avec Élisabeth, soeur de Venceslas III, mais éprouve de grandes difficultés à chasser Henri de Carinthie, encore mineur, qu'un groupe de nobles avait proclamé roi de Bohême, et à redresser le pays qu'avaient ruiné une mauvaise gestion sous le règne du dernier Przemislide et les longues querelles partisanes. A la mort d'Henri VII, les deux principaux électeurs, l'oncle de J., Baudouin de Trèves, et Pierre d'Aspelt, envisagent d'élever J. à la dignité de roi allemand, mais abandonnent ce plan à cause de la jeunesse et de l'instabilité de J. qui, lui-même prince-électeur, vote pour Louis de Bavière. En échange de ce vote, celui-ci lui donne définitivement en 1322 Eger, terre d'Empire depuis lors rattachée à la Bohême, et lui permet également d'acquérir la Haute-Lusace (Bautzen, Löbau et Kamenz). J. prend part à la bataille de Mühldorf (1322) aux côtés de Louis, son allié du moment. Après une campagne contre la Lituanie païenne (1328-1329), le «roi-chevalier» s'intéresse aux affaires italiennes : auréolé du prestige de son père et de sa réputation chevaleresque, J. est appelé par Brescia et plusieurs cités de l'Italie padane, menacées par l'expansionnisme des Scala ; J. réussit bien dans son rôle de protecteur et pacificateur ; en 1331, il fait venir son jeune fils Charles, le futur empereur Charles IV, comme vicaire ; mais dès 1333, malgré le soutien pontifical, l'épisode est achevé. J. n'est pas moins actif pour développer son royaume de Bohême, où il séjourne du reste assez peu ; après une décennie d'efforts, il réussit à rattacher à sa couronne, en tant que fief, la plus grande partie de la principauté de Silésie (traité de Trentschin, 1335) : jusque-là polonaise, la Silésie est ainsi liée à l'Empire. La politique territoriale de J. provoque de nouvelles tensions avec l'empereur Louis. Le fils de J., Charles, devenu marquis de Moravie, aspire à une alliance avec la France et espère obtenir la couronne allemande. Le pape Clément VI, dont il a été l'élève, soutient en 1341 son couronnement comme roi de Bohême et plus tard la séparation de l'archevêché de Prague de la province ecclésiastique de Mayence. Le plus jeune fils de J., Jean-Henri, épouse en 1330 Marguerite Maultasch, fille et héritière d'Henri de Carinthie. Le mariage doit permettre aux Luxembourg de mettre la main sur le Tyrol. Mais après la mort d'Henri (1335), la situation s'envenime : Jean-Henri est impuissant et Marguerite convole avec Louis, fils aîné de l'Empereur. Soutenu par la papauté qui refuse de reconnaître la validité du second mariage, le conflit perdure. Aveugle depuis 1340, J. ne renonce pas au métier des armes. Il se bat du côté français pendant la guerre entre la France et l'Angleterre. Conduit par deux chevaliers au coeur de la mêlée, il tombe à Crécy (26 août 1346), tout juste après l'élection de son fils Charles à la tête de l'Empire (11 juill.).

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