je ne sais quoi
je ne sais quoi. Le je ne sais quoi peut être analysé comme un terme de rhétorique à la fois descriptive et prescriptive du xviie siècle. À s’en tenir à l’aspect proprement rhétorique de la question, on fera simplement remarquer deux registres d’emploi. Dans les dictionnaires de l’époque, la définition est nettement négative. On dit un je ne sais quoi des choses dont ne peut pas trouver la vraie expression, ou pour désigner certaines choses qu ’on ne peut exprimer : il y a dans la beauté un je ne sais quoi qui pique plus que la beauté même. Ce qui est ainsi souligné, c’est un inconvénient verbal, un manque expressif, un défaut langagier. Mais si l’on prend les choses à l’envers, du côté des rhétoriciens classiques, on se rend compte qu’ils utilisent l’expression je ne sais quoi pour qualifier, positivement et favorablement, une qualité du style qui s’appréhende surtout en termes d’effet, indiquant en réalité par là une impression de charme, de douceur insinuante, aussi insaisissable et indicible qu’efficace et délicieuse. Le je ne sais quoi ouvre ainsi l’autre avenue dans le jardin de la rhétorique : celle qui est irréductible à la technique et à la conscience volontaire, celle aussi qui permet d’annexer à cet empire l’univers entier du non maîtrisable, du non prévisible, et du non moins effectif dans le dynamisme verbal.
=> Oratoire, orateur, éloquence, style, élocution; qualité, naturel; plaire, toucher, élégance.
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- Chateaubriand dans le Génie du Christianisme : « Les sentiments de Pascal sont remarquables surtout par la profondeur de leur tristesse et par je ne sais quelle immensité »
- Dans une lettre à sa soeur Pauline Beyle, datée du 3 aout 1804 , Stendhal écrit : Tu sais bien que, dans les romans, l'aventure ne signifie rien:elle émeut, et voila tout ;elle n'est bonne ensuite qu' à oublier. Ce qu'il faut, au contraire,se rappeler, ce sont les caractères. Expliquez l'importance des caractères.
- « Les plus désespérés sont les chants les plus beaux. Et j'en sais d'immortels qui sont de purs sanglots » (Musset, La Nuit de Mai) Que pensez-vous de cette conception de la poésie ?
- Dans une lettre à sa soeur en 1804, Stendhal écrit : « Tu sais bien que, dans les romans, l'aventure ne signifie rien : elle émeut et voilà tout. Elle n'est bonne ensuite qu'à oublier. Ce qu'il faut, au contraire, se rappeler, ce sont les caractères ».