Jacques Rueff : les raisons de la crise
Pour Jacques Rueff, la crise affectant l’Occident depuis 1973 avait des causes essentiellement monétaires. Si ce texte n’eut pas d’influence sur les événements, l’analyse de l’auteur demeure pertinente. Le flottement généralisé des monnaies, prévu par les accords de la Jamaïque de janvier 1976, consacra la disparition du système de Bretton Woods, tandis qu’on pouvait constater que l’émission d’euromonnaies aggravait la situation. On peut toutefois s’interroger sur l’efficacité des remèdes proposés par l’auteur — des contrôles effectués dans le cadre des États ou un retour général à l’étalon-or qu'avait toujours préconisé Jacques Rueff. Quoi qu’il en soit, cet ardent adversaire du système de Bretton Woods et de la prééminence du dollar put voir, à la fin de sa vie, ce système se disloquer dans un contexte économique des plus inquiétants.
Jacques Rueff : les raisons de la crise
Contrairement à une idée très répandue, l’inflation est cause, non effet, de tous les désordres dont souffre l’Occident. L’idée essentielle est qu’à mal général correspond nécessairement une cause générale. On est sûr de se tromper si l’on cherche dans des situations nationales ou locales la cause de l’universelle inflation. Cette cause, si elle est générale, ne peut être que de nature monétaire. C’est le mécanisme des euromonnaies et singulièrement de l’eurodollar qui est actuellement générateur, partout dans le monde, de « surplus inflationnistes ». Son caractère distinctif est qu’il accepte la création, par les banques, de monnaies qui ne ressortissent pas uniquement à la zone monétaire dans lesquelles elles exercent leur activité, et notamment de dollars par des banques non américaines. En juin 1976, selon le bulletin du Fonds monétaire international du 22 novembre 1976, le montant des engagements en euromonnaies atteignait le chiffre à peine imaginable de 352 milliards de dollars des États-Unis. Il avait augmenté de 42,7 milliards de dollars en 1975 et de 61,9 en 1976. Les possibilités de financement sur le marché de l’euromonnaie ont créé partout des facultés de déficit analogues à celles que constituait jadis, dans les économies nationales, le retour à la planche à billets. Certes, une possibilité d’inflation ne crée pas l’inflation, mais, en la rendant possible, elle fait disparaître les obstacles qui tendaient à l’interdire. Dans le monde que nous avons aveuglément laissé se construire, toute pression dépensière engendre la création monétaire qui en assure le financement. Dès lors que cette source illimitée de pouvoir d'achat existe, il n’est d’autre solution que de faire obstacle, par contrôles directs, à tous les déficits propres à actualiser les virtualités inflationnistes qu’elle recèle.
J. RUEFF, «Jalons pour un assainissement financier», Le Monde, 10 mai 1977
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