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Jacques le Fataliste et son maître de Denis DIDEROT

Jacques le Fataliste et son maître de Denis DIDEROT, 1796 (posthume), Le Livre de poche.

• Cette œuvre, diffusée d’abord confidentiellement en feuilleton dans la Correspondance littéraire de Grimm de 1778 à 1780, est un long récit de composition très libre qui associe le divertissement et la philosophie.

• Il s’agit pour l’essentiel d’un dialogue entre un valet, Jacques, et son maître au cours d’un voyage dont on ignore le but, mais dont les incidents servent à faire rebondir la conversation. Elle porte d’abord sur le fatalisme de Jacques qui, à l’exemple d’un certain capitaine, son précédent maître, professe que tout ce qui nous arrive de bien et de mal ici-bas était écrit là-haut. Jacques a aussi entrepris l’histoire de ses amours et même de sa vie; mais il n'arrivera jamais au bout, car Diderot s’amuse à interrompre son récit de mille manières. Ce mélange est l'occasion de tableaux de mœurs, de peintures de caractères, de réflexions satiriques, et permet l'introduction d’anecdotes et de nouvelles de toutes sortes (vengeance que Mme de la Pommeraye tire du marquis des Arcis, intrigues de l’abbé Hudson, histoire des amours du maître, victime d’un prétendu ami, le chevalier de Saint-Ouin, qui lui a fait endosser la paternité d'un enfant qui n’était pas le sien). Le tout est beaucoup plus concerté qu’on ne croit d’abord et ces épisodes constituent un itinéraire allégorique où Diderot développe ses réflexions sur l'état de nature et l’état social, le juste et l'injuste, les rapports de classes, la corruption aristocratique, et enfin l’absence de liberté de la marionnette humaine, thème favori de Jacques : pour lui, tout événement était écrit sur le grand rouleau; c'est encore son avis dans l’épisode final quand son maître tue d’un coup d’épée le chevalier de Saint-Ouin qui a surgi inopinément.

• Se jouant ironiquement des conventions romanesques, Diderot se trouve avoir écrit un anti-roman qui fait songer aux Faux-Monnayeurs ; mais sa virtuosité ne doit pas masquer la richesse philosophique de son ouvrage.

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