Jacques BARATIER
Né Jacques Baratier de Rey le 8 mars 1918 à Montpellier (Hérault).
Goha (1958), La Poupée (1961), Dragées au poivre (1963), L'Or du Duc (1965), Le Désordre a vingt ans (1966), Pièges (moyen métrage, 1968), René Clair (TV, série «Cinéastes de notre temps», 1968), La Décharge (1970), Vous intéressez-vous à la chose? (1973), La Ville-hidon (1975, version modifiée de La Décharge), L'Araignée de satin.
D’abord journaliste de 1944 à 1948, il vient au cinéma par la figuration puis l’assistanat. Plusieurs de ses premiers courts métrages sont ensuite primés dans de nombreux festivals: Les Filles du soleil (1948), Désordre (1949), La Cité du Midi (1951), Métier de danseur (1952), Chevalier de Ménil-montant (1953), Paris la nuit (1954). Même après son premier long métrage de fiction, il revient encore souvent au court film de reportage ou d’essai comme Pablo Casais (1964), Eden Miseria (1967, les beatniks au Népal)t Pièges ou la peur d'être volé (1968), Eves Futures (1968, des mannequins filmés comme des femmes réelles), Les Indiens du Brésil ( 1969), Coha et après (1969), Le Berceau de l'humanité (1971), Enfance africaine (1975), Opération séduction (1976)... Après un début de carrière parallèle à la Nouvelle Vague, Baratier fut très vite marginalisé dans un système qui ne supporte guère les poètes, surtout s’ils sont surréalistes, volontiers sulfureux et désireux de surprendre à chaque film par des partis pris toujours déroutants. Pratiquant volontiers l’art de la reprise (La Décharge devient cinq ans plus tard La Vilte-bidon', Le Désordre, court métrage tourné en 1947-48 sur les existentialistes de Saint-Ger-main-des-Prés, se transforme près de vingt ans après en long métrage moyennant quelques ajouts contemporains...), Baratier se fait connaître en 1958 par la réalisation en Tunisie d’un beau scénario de Georges Schehadé, Goha le simple, puis par la mise en scène du scénario de Jacques Audiberti La Poupée (avec le travesti Sone Teal) qui constituent à la fois ses deux meilleurs films et les deux faces antithétiques de son inspiration : d un côté une sensibilité plastique assez généreuse et de 1 autre l’érotisme glacé d’une femme-objet qui est d'ailleurs un homme. Jamais Baratier n’aborde ses sujets de front. Il y met toujours distance, humour et circonvolutions inattendues. Avec lui, le film à sketches devient charge des méthodes et de l’éthique au cinéma direct {Dragées au poivre), la comédie franchit très vite les limites de l’improbable farfelu (L'Or du Duc), et le film érotique (Vous intéressez-vous à la chose?) comme le Grand-Guignol {L’Araignée de satin) sont détournés vers 1 expression d’un univers très personnel, tandis qu’un reportage sur les marginaux de banlieue {La Décharge), devient fiction romantique où s’opposent amoureux de leur liberté et exploités des grands ensembles {La Ville-bidon). Baratier ne s’embarrasse jamais de structures dramatiques solides, mais les fulgurances de quelques séquences disséminées dans une continuité souvent très lâche suffisent à faire de l’auteur un précieux cinéaste visionnaire.
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