IWASZKIEWICZ Jaroslaw. Écrivain polonais
IWASZKIEWICZ Jaroslaw. Écrivain polonais. Né le 20 février 1894 à Kalnik (Ukraine). Il étudie le droit et la musique à Kiev, puis revient en Pologne en 1918 et prend part, avec Tuwim, Slonimski, Lechôn et Wier-zynski, à la fondation de la revue et du groupe poétique « Skamander ». Journaliste, puis diplomate en poste à Copenhague et à Bruxelles, il démissionne en 1936 et s'installe à Stawisko, près de Varsovie. Iwaszkiewicz a fait ses débuts littéraires en 1918, au moment où, l'indépendance de leur pays étant rétablie, les écrivains polonais, pour la première fois depuis des siècles, ne se sentent plus chargés du destin national. Mais, alors que ses amis de « Skamander » sont des poètes de la grande ville, et de la revendication politique, Iwaszkiewicz, gentilhomme Polonais des marches de l'Est, aime évoquer des atmosphères et des états d'âme étranges et décrire avec sensualité les mélancoliques paysages de son Ukraine natale. On le remarque dès Huitains, en 1919, mais aussi dans les recueils plus récents, La Tresse de l'automne [1954] ou Sentiers obscurs [1957] dans lesquels le ton est seulement devenu plus classique et la pensée plus humaniste. D'ailleurs, Iwaszkiewicz s'exprime surtout en prose. Il a écrit pour le théâtre des uvres d'une beauté un peu froide dans lesquelles il met en scène les drames intimes de personnages historiques choisis pour leur caractère exceptionnel et le romantisme de leurs passions, George Sand et Chopin dans Un été à Nohant [1936]; Pouchkine dans Mascarade [ 1938]; Balzac et Eveline Hanska dans Le Mariage de Monsieur Balzac [1959]. Mais c'est dans le roman et le récit qu'Iwaszkiewicz a donné le meilleur de son uvre. Il y exprime une vision réaliste du monde qui n'est pas sans rappeler celle des grands romanciers polonais de la fin du XIXe siècle, mais avec des traits qui, eux, sont bien du XXe : cosmopolitisme : l'auteur a beaucoup voyagé, et fait preuve d'une culture ouverte à toutes les découvertes et à toutes les sympathies; il a aimé et introduit en Pologne le Gide des Faux Mon-nayeurs, Stefan George et Paul Claudel; amour de la nature : dans presque chaque récit se détachent des pages dans lesquelles, sous la précision minutieuse d'une description, on sent l'auteur en communion intense avec les lieux et les choses; lyrisme émotionnel de la narration, en dépit de l'apparente impassibilité du récitant; et surtout certitude de la tragique inutilité des actions humaines, qu'anéantissent le temps qui passe, les caprices du sort ou le mouvement inéluctable de l'histoire. Pessimisme qui n'a pas entièrement disparu des uvres plus récentes, dans lesquelles le poète national qu'est devenu Iwaszkiewicz depuis 1945 célèbre les réalisations de la Pologne populaire. On lira surtout, parmi les romans, Les Boucliers rouges (1934) et La Renommée et la gloire [1956- 1962], geste de l'intelligentsia polonaise entre 1914 et 1945. Parmi les récits, Les Demoiselles de Wilko et Le Bois de bouleaux [Brzezina] qui sont de 1933, et l'extraordinaire Mère Jeanne des Anges [1946], inspirée par l'affaire des possédées de Loudun. Couvert d'honneurs par le régime socialiste, député à la Diète, président de l'Union des Écrivains, Iwaszkiewicz n'a changé ni de style ni de ton. Ses récits de guerre, Icare [1945] ou d'après guerre Le Moulin sur la Kamionna [ 1950] sont d'un écrivain engagé, mais à cent lieues du réalisme socialiste.
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