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ISHERWOOD Christopher William Bradshaw. Romancier anglais

ISHERWOOD Christopher William Bradshaw. Romancier anglais, naturalisé américain en 1946. Né dans le Cheshire le 26 août 1904, il a été éduqué à l'Ecole Repton puis à Cambridge (Corpus Christi). Il étudia la médecine à l'Université de Londres en 1928-1929 avant de gagner l'Allemagne où il enseigne l'anglais de 1930 à 1933. Il a connu la notoriété dans les années trente en même temps que le poète W.H. Auden quand tous deux écrivirent en collaboration trois pièces successives : Le Chien sous la peau (1935), L'Ascension de F 6 (1936), Sur la frontière (1938). Ces pièces laissent une impression d'improvisation, entre farce et satire, semée d'allusions freudiennes. Quant à l'intimité des auteurs, elle a été rendue publique par le dernier volume autobiographique d'Isher-wood, Christopher et ses pareils [Christopher and his Kind, 1977]. L'Influence réciproque des deux écrivains apparaît encore, marquée des mêmes signes ou symboles que leurs pièces, dans Les Lions et les ombres (1938), récit composé à moitié de fictions, moitié de réminiscences où Isherwood fait revivre le village imaginaire de Mortmere qu'il avait imaginé avec son ami Auden. Dix années plus tôt, Isherwood avait publié son premier roman, Les Conspirateurs (1928), qui est à la fois un « comment vivre » et la tragédie intérieure du fils unique trop choyé par sa mère restée veuve. Ce dernier thème sera plus ou moins repris cette fois de façon directe dans les évocations autobiographiques de Kathleen et Frank [1971], Kathleen désignant la mère de l'écrivain. Dans l'ordre des recherches ou techniques littéraires, Les Conspirateurs a l'intérêt d'expulser toute explication d'auteur et de s'apparenter au découpage des films. On peut dire la même chose de son second roman, A quatre temps (1932), qui de plus niait les responsabilités individuelles en les reportant sur la Guerre (celle de 1914-18). Le procédé est plus accusé encore dans Intimité berlinoise (1939), roman qui en réalité rassemble et complète des récits antérieurs : Monsieur Norris change de train (1935), Les Howard (1936) et Sally Bowles (1937). Peut-être plus subtilement convaincante encore est la reprise au second degré de ces données dans Prater Violet (1945), où la parabole de la guerre menaçante et de la décadence deviennent substance et broderie d'un film. Dans cette fiction, Isherwood est scénariste sous son propre nom. C'est fort significatif d'un aller et retour, constant chez lui, entre ses expériences de la vie et le parti de romancier-metteur en scène qu'il en tire. De fait, l'auteur s'est fixé dès 1939 sur la côte ouest des États-Unis, et c'est le cinéma qui lui fournit de quoi vivre avant qu'il n'enseigne à l'Université de Californie — où se situe en 1965 le roman Un Célibataire. En Californie, Isherwood s'est absorbé dans l'étude des religions orientales. De là plusieurs traductions écrites en collaboration avec Swami Prabhavananda. Deux autres romans furent écrits aux États-Unis : Le Monde dans le soir [The World in the Evening, 1954] et Là-bas en visite [Down There on a Visit, 1962].

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