ISABEAU DE BAVIÈRE

ISABEAU DE BAVIÈRE (1371-1435). Peu de reines ont été aussi décriées que celle qui devient l’épouse de Charles VI en 1385. Force est d’admettre qu’elle n’eut pas la tâche facile. Confrontée à la folie du roi, avec qui elle eut douze enfants (dont sept naquirent après que la maladie se fut déclarée), elle fit apparemment tout ce qu’elle put, une fois à la tête du Conseil de régence, pour limiter les dégâts. Durant cet intervalle, le traité de Troyes écarta le Dauphin Charles du trône et mit la couronne de France à la portée des Anglais, la guerre civile fit rage entre Armagnacs et Bourguignons et des insurrections ne manquèrent pas d’éclater.

Isabeau de Bavière (1371-1435) ; reine de France [1385-1435].

À la mort de Charles V (1380), son fils Charles VI est encore mineur, et la régence est confiée aux oncles du roi, particulièrement le puissant duc de Bourgogne, Philippe le Hardi. C’est celui-ci qui choisit de marier le roi à une princesse allemande, Isabeau, fille du duc de Bavière Etienne II. Le mariage est célébré à Amiens le 18 juillet 1385. Les débuts du règne semblent prometteurs. En 1388 Charles VI enlève le pouvoir à ses oncles ; l’année suivante s’ouvre avec les Anglais une trêve qui devrait arrêter pour vingt ans toute opération importante. Mais en 1392 Charles VI est frappé d’un premier accès de folie, bientôt suivi par des crises de plus en plus prolongées. Le pouvoir est disputé entre le duc de Bourgogne et le frère du roi, Louis d’Orléans. I. a d’abord partie liée avec Louis d’Orléans à qui Charles VI accorde un moment (1402) le gouvernement du royaume, pour le lui retirer tôt après et le remettre à Philippe le Hardi. Après la mort de Philippe (1404), son fils Jean sans Peur fait assassiner Louis d’Orléans (nov. 1407) et I. quitte Paris pour se réfugier à Melun. Elle revient à Paris en août 1408 et le roi lui confie le gouvernement. Mais la guerre civile et la guerre étrangère se conjuguent pour livrer la France à l’anarchie. Beau-père du jeune Charles d’Orléans, Bernard d’Armagnac, l’un des plus puissants seigneurs de la France méridionale, dispute le pouvoir au duc de Bourgogne. En Angleterre, où les Lancastre avaient détrôné Richard II en 1399, le jeune roi Henri V reprend la lutte contre la France et anéantit la fleur de la noblesse française à Azincourt (1415). Ecartée du Conseil royal et dépouillée de toute autorité par Bernard d’Armagnac, I. est exilée à Tours en 1417. Elle se rapproche alors de Jean sans Peur, qui vient la délivrer et l’installe à Troyes, où elle constitue un gouvernement rival de celui de son fils, le dauphin Charles, qui s’appuie sur les Armagnacs. Mais l’assassinat de Jean sans Peur par les hommes du dauphin (Montereau, 1419) rapproche le nouveau duc de Bourgogne, Philippe le Bon, du roi d’Angleterre Henri V. I. accepte de signer, au nom de Charles VI, le traité de Troyes (mai 1420) : Henri V épouse la fille de Charles VI et d’I., Catherine de France, et reçoit la régence en attendant la mort de Charles VI dont il est reconnu comme le successeur. Dès lors Anglais et Bourguignons, soutenus par I., font la guerre au dauphin. Henri V meurt deux mois avant Charles VI (août-oct. 1422), et I. laisse le duc de Bedford, régent du royaume, proclamer roi son petit-fils Henri VI, tandis qu’à Bourges son fils le dauphin devient Charles VII. Pendant la reconquête du royaume et les exploits de Jeanne d’Arc, I. vit à Paris à l’Hôtel Saint-Paul, entourée d’Anglais et de Bourguignons. Elle meurt en 1435, l’année même où le duc de Bourgogne se rapproche de Charles VII.

Bibliographie : J. Verdon, Isabeau de Bavière, 1981.