Iradj AZIMI
Iradj AZIMI
Né en 1942 à Chiraz (Iran).
Les Jours gris (1974), Utopia (1978), Les Iles (1981), Le Radeau de la méduse (1988). Ayant quitté son pays en 1960, Azimi passe deux ans à Londres puis vient à Paris où il suit les cours de l’IDHEC de 1966 à 1968. Il refuse de retourner en Iran dont il désapprouve le régime et reste en France où, après un court métrage sur le marché aux puces de Montreuil [Illuminations, 1968), il obtient une petite avance sur recettes qui lui permettra de produire lui-même son premier long métrage. Pour chaque réalisation, le chemin artisanal menant de la conception à la sortie commerciale du film constituera une longue course d’obstacles que l’obstination de l’auteur parviendra à transformer en œuvre d’art. Le cinéma d’Azimi est un travail poétique attentif aux choses, aux bruits, à toutes les vibrations musicales et colorées d’une matière vivant en corrélation avec les hommes dont le combat se livre plutôt avec eux-mêmes que contre la mort. Le monde d’Azimi est celui du vent, du sable, de la mer et de la solitude d’êtres toujours en train de quitter quelque chose pour s’enfoncer plus loin vers l’indicible. Si le personnage principal d’Utopia est un poète, celui de Jours gris est peut-être un vieux sage et l’homme des Iles un pionnier. La rigueur de la démarche d’Azimi se calque sur l’exigence éthique de ses héros ; le réalisateur se défie autant de l’anecdotique que du symbolique pour saisir la résonance des choses et la vérité d’êtres dont la dimension du vécu quotidien leste l’imaginaire. Dans Les Iles, le face à face avec la nature est non seulement une épreuve mais aussi une mystique; alors que le début du film est bien ancré dans le réel (puits taris, brouillard tenace), Fabrice fantasme dès la seconde île pour gagner un îlot encore plus exigu et plus âpre (sans doute d’ailleurs rêvé) dans lequel, l’hiver venu, il sera seul à affronter les éléments. Dans les trois films, une mise en scène extrêmement formaliste empêche constamment le spectateur de s’intéresser aux faits et aux gens pour focaliser son attention sur un combat intérieur dont gestes et objets ne sont que les signes visibles.