IQBAL Mohammad. Écrivain musulman
IQBAL Mohammad. Écrivain musulman de l'Inde, d'expression ourdou et persane. Né le 22 février 1878 à Sialkof (Penjab) et mort le 21 avril 1938 à Lahore. Ce grand poète, à la fois philosophe, linguiste, juriste, politicien et pédagogue, cet homme d'action fut également un penseur exceptionnel et le théoricien de la pensée islamique moderne; il mourut en laissant derrière lui une oeuvre considérable. On peut le considérer comme l'un des pères fondateurs du Pakistan. Sa langue maternelle était l'ourdou, mais il connaissait très bien le persan, l'anglais et l'allemand. D'une formation traditionnelle islamique, il avait acquis une connaissance approfondie de la culture, des moeurs et coutumes occidentales à Cambridge et à Munich. Son héritage ainsi que son oeuvre sont revendiqués tout à la fois par l'Iran, par l'Inde, ainsi que par de multiples courants islamiques modernistes, traditionalistes et aussi par les « Jeunes Turcs ». Dans ses multiples travaux, il interpellera les religieux et modernistes, les savants et les chercheurs musulmans, leur demandant, sans remettre en cause le « Tawhid » (l'unicité de Dieu), d'interpréter la tradition, « la Sunnah », de faire une lecture nouvelle du Coran, et, à Fartir de cette vision nouvelle, de penser avenir de manière dynamique. Sa devise était « qu'importe d'où tu viens, ce qui importe le plus, c'est que tu saches où tu vas ». Il percevait déjà le début de la double crise, spirituelle et économique, qui bouleverserait les hommes. La coupure du monde en deux blocs et les conflits en résultant ne lui semblaient pas se situer entre l'Est et l'Ouest, mais entre le Nord et le Sud. Devant un monde où prédomine l'éphémère, il nous faut, disait-il, faire le vide en soi et s'interroger pour retrouver le fil conducteur de la connaissance. On retrouve là l'empreinte de sa rencontre avec les mystiques iraniens. Le grand maître Rûmi devenait son initiateur lors de son « voyage mystique ». Lecteur de Marx et de Lénine, de Goethe, d'Hegel et de Nietzsche, Iqbal fut également influencé par la pensée allemande, surtout par la pensée dialectique. A laquelle il opposa la réponse de la pensée dialectique islamique : « Nous sommes les parties aussi multiples qu'infinies, Dieu est ce tout absolu. » A partir de cette donnée, il rêvait et travaillait pour que se réalise une « pan-islamité » dans la droite ligne de la grande « Ummah ». Il esquissa les grandes lignes d'une société islamique idéale d'une République islamique qui serait une tentative de réponse aux problèmes des sociétés mortifiées et corrompues, aliénées par le pouvoir de l'argent et la règle du profit. Iqbal fut un homme actif, qui assura plusieurs postes de responsabilité : en 1927, il est élu à l'Assemblée Législative du Penjab et en 1930 il est porté à la Présidence de la Ligue islamique. C'est à cette époque qu'il élabore un plan de résolution du problème du sous-continent indien. Il défend également avec passion, rigueur et fermeté l'idée de la création d'un État musulman du nord-ouest de l'Inde (actuel Pakistan). Les partisans du Pakistan le considèrent dès lors comme leur chef. En 1932, il assiste à Londres, en qualité de délégué, à la table ronde qui doit établir un projet de Constitution pour l'Inde. La même année, il préside la Conférence islamique et reçoit le titre de Docteur ès lettres de l'Université du Penjab. A Londres, il donne alors une série de confé rences dans lesquelles il aborde les problèmes de la pensée islamique et la nécessité de repenser la doctrine, conférences qui ont fait l'objet d'une publication : La Reconstruction de la pensée religieuse en Islam [Six Lectures on the reconstruction of religions thought in Islam]. L'oeuvre philosophique d'Iqbal est devenue le bréviaire de tous ceux qui s'intéressent à l'Islam et à son évolution. Quant à sa poésie, originale et vigoureuse, elle s'exprime dans un style qui combine la poésie mystique puisée chez Rùmi et le système de l'interpellation nietzschéenne. Dans cette poésie, Dieu est toujours présent, mais le Dieu iqbalien Allah n'aliène pas l'esprit, il pousse à interroger le monde, l'homme et les systèmes en place. Iqbal fut tout à la fois un rénovateur et un mystique attaché à la tradition, tolérant, respectant la différence et la diversité des cultures, rejetant tout sectarisme. Il a donné à la pensée islamique moderne le dynamisme et la rigueur qui lui manquaient. Dans cette oeuvre d'un penseur et d'un poète, il convient de citer : en persan : Plainte, Réponse à la plainte , Les Secrets du Moi , Psaumes persans , Les Mystères du non moi [1918], Message de l'Orient [ 1923], Le Livre de l'Eternité (1932); en ourdou : L'Appel de la caravane, L'Aile de Gabriel, Alors, que faire ! , Le Glaive de Moïse , enfin, en ourdou et persan : Le don du Hedjaz.
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