INTUITION

INTUITION, n.f. (lat. intuitio, puis intuitus, qui traduisent le gr. noêsis «vision directe par l’esprit»). La métaphore visuelle signifie que l’acte est simple et qu’il pénètre la chose connue — comme le coup d’œil de l’homme d’expérience qui saisit quantité de détails signifiants pour lui en les unissant d’un coup dans leur signifié (le coup d’œil du médecin par exemple). À partir de cette idée centrale, on peut énumérer les sens suivants. ♦ 1° Platon, Aristote, Descartes, Spinoza et la plupart des philosophes classiques. Mode de connaissance immédiat, direct, qui atteint la réalité et donne une certitude absolue. ♦ 2° Bergson. Le sens est un peu différent : «J’appelle intuition la sympathie par laquelle on se transporte à l’intérieur d’un objet pour coïncider avec ce qu’il a d’unique, et par conséquent d’inexprimable» (la Pensée et le mouvant, VI). Ne jamais oublier que Bergson souligne la difficulté de cet acte (il dit : «L’intuition, si elle était possible, me donnerait l’absolu»), car, explique-t-il, «il ne faut pas méconnaître que cette manière de saisir le réel ne nous est pas naturelle, dans l’état actuel de notre pensée ; pour l’obtenir, nous devons donc, le plus souvent, nous y préparer par une lente et consciencieuse analyse, nous familiariser avec tous les documents qui concernent l’objet de notre étude (...), une connaissance scientifique et précise des faits est la condition préalable de l’intuition métaphysique qui en pénètre le principe». Ailleurs encore, il dit que c’est une sorte de «torsion» qui va à contre-courant de nos habitudes de penser. - On peut illustrer cette condition en songeant aux longues études et à toute l’expérience qu’a dû acquérir le médecin afin de pouvoir posséder le fameux «coup d’œil» mentionné ci-dessus. ♦ 3° L’intuition divinatrice, si elle n’est pas une simple impression approximative et suspecte, procède du même travail préparatoire. C’est elle qui se trouve chez l’homme d’expérience, pour son art. ♦ 4° Enfin, on appelle intuition sensible (empirique) la perception des phénomènes physiques et psychiques. Pour Kant, l’homme n’a que des intuitions empiriques, l’«intuition pure» étant vide de tout contenu. (Ex. : les formes a priori de l’espace et du temps).

INTUITION

(Du latin, intueri, voir.) Ce terme - dont les significations sont diverses -désigne d’une manière générale un mode de connaissance immédiat et direct qui place d’emblée l’esprit en présence de son objet.

♦ L’intuition empirique, qui nous livre le monde de l’expérience, comporte l’intuition externe ou sensible (données des sens) et l’intuition interne ou psychologique (phénomènes mentaux conscients relatifs à la vie intérieure).

♦ L’intuition rationnelle perçoit les rapports et saisit les principes premiers qui constituent l’armature de la raison.

♦ La notion d’intuition métaphysique s’applique dans des contextes philosophiques différents. Chez Descartes, elle est l’intuition rationnelle elle-même, la « conception ferme d’un esprit pur et attentif, qui naît de la seule lumière de la raison » ; marquée du sceau de l’évidence, elle est la connaissance des idées claires et distinctes, ou alors la vision synthétique de l’esprit vérifiant l’enchaînement logique d’une démonstration. L’intuition pure, dans la conception kantienne, est celle des formes a priori de la sensibilité qui, s’appliquant à l’intuition empirique, structure le divers sensible selon l’espace et le temps. La portée métaphysique de l’intuition s’affirme avec l’intuitionnisme bergsonien qui, à l’encontre de l’intelligence conceptuelle applicable avec fruit au seul domaine de la quantité et de l’espace, pose l’intuition comme une « espèce de sympathie intellectuelle » capable de saisir la durée qualitative qui constitue non seulement l’étoffe de la conscience, mais encore l’essence même de toute réalité.

♦ La notion est aussi utilisée pour désigner, en mathématique, la connaissance des notions premières à partir desquelles se construit l’édifice mathématique. Quant à l’intuition mystique, elle s’applique, dans la conception propre au mysticisme, à l’expérience ineffable de Dieu. L’intuition divinatrice, enfin, est soit un pressentiment, soit une connaissance globale, instantanée et apparemment immédiate reposant sur l’esprit de finesse. « Instrument de l’invention » (Poincaré), elle permet, par exemple, de découvrir soudainement la solution d’un problème, après généralement une longue période de recherche.

intuition, compréhension immédiate et irréfléchie du réel. D’après la Gestaltpsychologie, l’intuition serait l’appréhension directe d’éléments organisés spontanément en un ensemble déterminé. Pour P. Sorokin, c’est « une sorte d’illumination instantanée et imprévisible » qui permet d’accéder directement à l’essence d’un être ou à la solution d’un problème. C. G. Jung en fait une fonction fondamentale de la psyché, grâce à laquelle, subitement, un contenu nous est présenté, sous une forme définitive, sans que nous sachions comment il s’est constitué. Cette capacité n’est pas également distribuée parmi les individus, mais elle est un trait caractéristique de l’enfant et du primitif. Chez les adultes, certains sont particulièrement intuitifs. On les trouve surtout parmi les écrivains et les savants. Nombre de chercheurs ou de mathématiciens, tels H. Poincaré, ont souligné le rôle prépondérant que joue l’intuition comme point de départ de leurs découvertes ou de leurs inventions. En psychologie, l’intuition est essentielle. Grâce à elle, le clinicien est transporté au cœur du sujet et appréhende « ce qu’il a d’unique et par conséquent d’inexprimable » (H. Bergson). Mais pour cette raison même, parce que souvent les données intuitives sont invérifiables, beaucoup de praticiens se méfient de l’intuition, qu’ils s’efforcent de remplacer par des méthodes rationnelles.

intuition, connaissance immédiate. — On distingue, en principe, l'intuition « empirique », qui se rapporte à un objet du monde, et l'intuition « rationnelle », qui désigne la saisie immédiate d'un rapport entre deux idées (par ex., c'est une intuition rationnelle qui nous permet de saisir la démonstration que la somme des angles d'un triangle est égale à deux angles droits). Toute intuition a un caractère de découverte, qu'il s'agisse de la découverte d'un objet du monde, d'une nouvelle idée ou de l'analyse d'un sentiment. C'est en ce sens qu'on a parlé de la nature « divinatrice » de l'intuition. On distingue, en psychologie, les intelligences « intuitives » et les intelligences « discursives », selon la rapidité de la compréhension et ses exigences de démonstrations objectives ou, au contraire, ses répugnances à leur égard.

INTUITION 1. Sens commun : capacité à sentir ou pressentir les caractères ou les événements (on a longtemps parlé de l'intuition féminine). 2. Mode de connaissance immédiate, saisie directe d’un objet par l’esprit (en lisant l'énoncé, j'ai eu l'intuition de la totalité du problème à examiner). L’intuition est conçue de deux façons différentes par les philosophes : - soit comme rationnelle. Il s’agirait de la compréhension en un instant d’une vérité. Par ex., chez Descartes, il y a intuition des vérités évidentes qui s’imposent à l’esprit par leur clarté et leur distinction. L’intuition se distingue donc du raisonnement mais peut se conjuguer avec lui. Descartes fait de l'intuition le point de départ du raisonnement (1) ; - soit comme affective. Bergson parle de «la sympathie par laquelle on se transporte à l’intérieur d’un objet pour coïncider avec ce qu’il a d’unique et d’inexprimable (2)». Ce deuxième type d'intuition est rejeté par la plupart des philosophes comme mystérieuse et stérile. 3. Intuitionnisme = affirmation en mathématique que les notions de base (nombre, figure...) sont saisies par intuition. Cette thèse s’oppose au formalisme qui pose que les notions de base sont seulement des conventions. (1). R. Descartes (1596-1650) : Règles pour la direction de l'esprit, Règles 3, 5, 8, 11, Vrin. (2). H. Bergson (1859-1941) : La pensée et le mouvant, P.U.F., 1941. INTUITION. Fonction psychique fondamentale, irrationnelle « qui transmet la perception par voie inconsciente >. Elle est une appréhension immédiate de l’inconnu et s’accompagne, pour cette raison, d’une impression de certitude. Si l’inconnu est de l’ordre du rapport avec le monde extérieur, l’intuition est extravertie ; s’il est de l’ordre des significations ou des dynamismes inconscients, elle est introvertie. (Voir aussi : Extraversion, Introversion.) INTUITION (n. f., étym. : latin intueri : voir) 1. — Mode de connaissance immédiat (instantané ou sans intermédiaire) ; saisie directe, par l’esprit, de la vérité des concepts ou de la réalité intime des choses ; opposée à connaissance discursive ou raisonnement : « Il n’y a pas d’autres voies qui s’offrent aux hommes pour arriver à une connaissance certaine de la vérité, que l''intuition évidente et la déduction nécessaire » (Descartes) ; « Nous appelons intuition la sympathie par laquelle on se transporte à l’intérieur d’un objet pour coïncider avec ce qu’il a d’unique et, par conséquent, ce qu’il a d’inexprimable » (Bergson). 2. — Syn. perception ; en part., l'intuition sensible (opposée à intuition intellectuelle) est, pour Kant, la faculté d’être impressionné par le divers de l’expérience ; les formes pures de la sensibilité ou intuitions pures sont l’espace et le temps : «L’espace et le temps [...] sont des intuitions particulières et non des concepts. Ces intuitions ne portent sur aucun objet ; elle sont vides, ce sont de simples formes des intuitions. » 3. — (Sens vulg.) Connaissance comparable à l’instinct qui révélerait ce que les êtres sont en eux-mêmes ou ce que seront les événements : l’intuition féminine. 4. —Intuitif: a) Qui relève de l’intuition ; une connaissance intuitive, b) Qui procède par intuition : une personne intuitive. 5. — Intuitionnisme : a) (Lato) Toute doctrine qui donne un rôle fondamental à l’intuition (Bergson), b) (Stricto., logique math.) Doctrine défendue en part, par Brouwer et Heyting, par opposition au formalisme de Hilbert, d’après laquelle les math, n’ont pas seulement une signification formelle, mais aussi un contenu saisi immédiatement par l’esprit pensant ; les intuitionnistes ont refusé en part, l’existence de l’infini actuel, ce qui les amena à une attitude circonspecte face à l’axiome de choix, et à construire une logique dans laquelle le principe du tiers exclu n’est pas un axiome.

Du bas latin intuitio, « contemplation » (d'intueri, « regarder attentivement », « fixer sa pensée sur »). - Mode de connaissance immédiat (c’est-à-dire sans raisonnement), saisie directe et instantanée d’un objet par l’esprit. - Chez Kant, faculté par laquelle les objets nous sont immédiatement donnés. • L'homme n'est capable, selon Kant, que d'intuition sensible - dans laquelle on doit distinguer une matière (les sensations) et une forme (l’espace et le temps). • L'intuition est, selon Bergson, une sorte de « sympathie intellectuelle » par laquelle on se transporte à l'intérieur d’un objet pour coïncider avec ce qu'il a d'unique et d'inexprimable. Tandis que l'intelligence conçoit le temps, l'intuition est seule capable de saisir la durée.