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interrogation

L’interrogation, comme procédure oratoire, est évidemment pratiquée à l’égard des témoins, et aussi dans l’altercation : elle relève donc essentiellement du genre judiciaire. Aristote en limite assez strictement l’usage à quelques situations précises, lorsqu’elle est mise en jeu directement à l’égard de l’adversaire. On peut d’abord faire éclater une absurdité de l’adversaire par le seul fait de lui poser une question, si deux de ses affirmations précédentes impliquent des présupposés contradictoires : on lui demande alors comment est soutenable la seconde affirmation ; ce simple acte de questionnement le désarçonne, car il n’y a pas de réponse possible. Une autre situation apparaît lorsque, à la suite de la reconnaissance par l’adversaire de la première partie d’un raisonnement d’où va s’ensuivre nécessairement la conclusion qu’il conteste, il suffit, pour ruiner sa position, de lui demander comment donc il est possible de nier la conclusion : il ne pourra pas non plus répondre. Parfois, le questionnement sert uniquement à montrer clairement des déclarations soit contradictoires soit paradoxales les unes par rapport aux autres, dans les réponses faites par l’adversaire : l’intérêt est que l’on a ainsi montré que l’une au moins des déclarations de celui-ci est fausse, ce qui ébranle toute sa position. Enfin, si la question posée doit forcément entraîner une réponse alambiquée ou exagérément subtile, on a déconsidéré l’adversaire dans l’esprit des juges et des autres auditeurs, qui se méfient toujours d’excès de finesse. Il est notable qu’Aristote invite à la plus grande circonspection dans le maniement de l’interrogation, en soulignant que celle-ci est souvent dangereuse, ce qui se retourne contre le questionneur. La rhétorique est manifestement du côté du continu et du respect.

=> Oratoire, orateur, genre, judiciaire; altercation, témoins; lieu.

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