instruire
L’une des fins traditionnellement désignées à la rhétorique est d’instruire les auditeurs. En effet, par rapport à cette fin-là, la rhétorique est bien à considérer sous son aspect d’abord oratoire. Or, dans le discours, on admet qu’il existe une composante essentiellement indicatrice ; celle-ci apparaît soit dans la proposition, soit dans la narration. Il faut faire savoir aux auditeurs à la fois la position que l’on soutient et l’ensemble des données factuelles dont il s’agit. Il est sûr d’autre part que la façon dont on présente ces données détermine en soi un système d’argument. Quoi qu’il en soit, le principe posé est qu’il existe une masse de connaissances objectives qu’il faut nécessairement porter à la connaissance du public avant toute autre considération, et qu’il revient à la rhétorique d’assumer cette tâche. Sans doute est-ce dans le genre délibératif que ce rôle est primordial, et quasiment pur; dans le judiciaire, l’instruction, aussi fondamentale, est presque toujours immédiatement sélective et manipulée. L’intérêt de cette fonction rhétorique est son présupposé : on ne discute de manière civilisée, intelligente et utile que sur la base de connaissances préalablement balisées en commun. Par rapport à l’inflexion littéraire, on aura profit à éclairer sous cette lumière la composante sérieuse des oeuvres d’art, leur portée de contenu, leur valeur relativement à la culture, au témoignage et à l’anthropologie ; on pourrait sans doute ainsi plus délicatement penser l’articulation de l’idéologique et de l’artistique.
=> Plaire, toucher; persuasion, argument, oratoire, discours, proposition, narration; genre, délibératif, démonstratif, judiciaire.
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