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Instinct

Instinct Chaîne de comportements hérités, pour une espèce animale déterminée et variant peu d’un individu à l’autre. Ce terme n’a posé de problème que parce qu’on l’a trouvé dans certaines traductions et travaux français et dans la traduction anglaise de l’œuvre de Freud pour traduire le terme de Trieb, utilisé par Freud. Pourtant, le terme d'Instinkt existe en allemand. L’équivoque est aujourd’hui levée dans la mesure où la traduction admise pour Trieb est pulsion.

Terme employé concurremment avec celui de pulsion, mais qui s’en distingue néanmoins : contrairement à la pulsion, l’instinct désigne plutôt les tendances invariables de la vie humaine et en particulier de la sexualité. Plus que la pulsion, l’instinct est spécifié dans son but et dans ses modalités.

instinct, comportement spontané, inné et invariable, commun à tous les individus d’une même espèce et paraissant adapté à un but dont le sujet n’a pas conscience. Les conceptions classiques admettaient que l’instinct était immuable. On sait aujourd’hui qu’il est susceptible de modifications. Un zoologiste, R. W. G. Hingston, pratiqua un trou dans la cellule d’une guêpe, de telle façon qu’il ne puisse être bouché de l’extérieur. L’espèce en question œuvrant toujours de l’extérieur, la guêpe travailla vainement pendant deux heures, jusqu’à la nuit, puis abandonna. Le lendemain matin elle revint, examina la cellule endommagée des deux côtés puis entreprit de la réparer de l’intérieur (cité par W. H. Thorpe, 1956). « On trouve à tous les niveaux, et jusque chez les protozoaires, des conduites d’apprentissage, en marge des instincts » (J. Piaget, 1965) mais plus on s’élève dans l’échelle zoologique, plus les conduites sont plastiques, susceptibles d’être influencées par l’apprentissage. Chez l’homme, les comportements préformés sont exceptionnels (tétée) ; presque toutes ses conduites sont apprises.

Instinct

Du latin instinctus, « excitation », « impulsion ». Tendance innée à des comportements contraignants et immuables, exécutés parfaitement sans apprentissage préalable (exemple : l’instinct migratoire chez les oiseaux).

• Il semble difficile de parler d'instinct à propos de l'homme, tant ses comportements sont façonnés par la culture.

• Pour Rousseau, c'est précisément parce que l'homme est dépourvu d'instincts qu'il peut se les approprier tous.


Instincts (théorie des)

La théorie des instincts représente le plus haut degré d’abstraction de la théorie psychanalytique. Elle en représente le point le plus spéculatif, le plus fragile. Cependant, comme toute théorie scientifique, la théorie des instincts vise à regrouper de la façon la plus économique, et la plus intégrante possible, les faits de la clinique ramenés à leur commune mesure. Nous ne pouvons évidemment donner ici que l’aspect le plus général, le plus global de la théorie, sans justification de toutes les démarches qui ont conduit à cette grande hypothèse. L’état censément « troublé » par l’apparition de la Vie a entraîné, selon le principe d’inertie, l’appartition des Instincts de Vie (Eros) et des Instincts de Mort. Ces deux groupes d’instincts, « conservateurs » selon la nature intime de l’instinct, tendent : l’un à ramener à l’inorganique la matière animée, en la détruisant ; l’autre à compliquer et à conserver la Vie, en augmentant les occasions de synthèse, en donnant la série des pulsions sexuelles (au sens étroit et élargi).

1. Les Instincts sexuels, sous forme de besoins instinctuels (pulsions), forment, avec la lutte contre eux, tout le bruit de la Vie. Mais, par le principe du plaisir auquel ils satisfont, le « Ça » se défend des tensions qu’ils propulsent. A travers la recherche de la décharge érotique, le Ça, en convenant au « principe de constance », convient à « l’instinct de Mort » (ce que l’observation populaire relève dans la « petite mort » qui suit l’élimination des substances sexuelles dans le coït). Le principe du plaisir apparaît ainsi comme une tendance au service d’une fonction, destinée à maintenir l’excitation à un niveau aussi bas que possible (si ce n’est nul). Les diverses complications que connaît l’énergie au cours du développement, par le passage progressif du principe du plaisir au principe de réalité, par la liaison (dans la représentation) de la charge pulsionnelle, etc., continuent à satisfaire paradoxalement à l’instinct de Mort (par la limitation de la liberté de la décharge de l’énergie) ; en même temps elles satisfont, dans la formalisation, la structuration, la fixation, aux conditions de l’accomplissement... Finalement tout le processus reflète bien la nature absurde de l’instinct : chaque organisme au-delà du bruit de la Vie, aspire à la Mort, au repos du Nirvana ; mais il ne veut mourir qu’à son heure, et en suivant ses propres détours...

2. C’est dans le phénomène de la motricité (que l’association pluricellulaire a « rendue possible ») que nous voyons la dérivation partielle, manifeste, de l’instinct de mort : sous forme de la tendance à la destruction, mise au service de l’Eros. C’est ce qu’illustre le cas typique de l’élément sadique de l’instinct sexuel (dont la perversion sexuelle représenterait alors la « désintrication »). Le Masochisme, qui résulte du retournement du sadisme sur le Moi, serait alors une régression vers un « masochisme primaire » (par lequel Eros lierait, ou « ligaturerait », sur place l’instinct de Mort...). La masochisme primordial est particulièrement visible dans certaines composantes féminines... chez l’homme (et chez la femme évidemment). En tout état de cause, on sait que le sadisme, qui fait couple pulsionnel avec le masochisme, apparaît comme une composante partielle dominante dans les organisations prégénitales de la libido : ainsi, « l’Amour oral » coïncide avec la « destruction » (fantasmatique) de son Objet dans « l’incorporation ». Ultérieurement, le sadisme montrera la voie de la possession de l’objet dans la phase génitale, après avoir culminé dans les expressions de la « sexualité anale »... Avec le développement mental, la Haine apparaît comme le représentant psychique caractéristique de l’instinct de Mort. Nous savons qu’elle est régulièrement couplée à l’amour, dans l’ambivalence, dans toutes les phases du choix de l’Objet, qu’elle annonce l’amour ou se transforme en amour, tout comme l’amour peut se transformer en haine, par déplacement à travers la réserve de libido narcissique (desexualisée) qui travaille au service du principe du plaisir, en prévenant les stagnations et en facilitant les décharges. Le Ça, on le sait, s’accommode aisément des déplacements et de l’équivalence des contraires. Mais la présence des contraires, et les conflits qu’ils entretiennent, renvoient à la présence des deux instincts dans le Ça... Les composantes élaborées de l’instinct de Mort (sous la forme des instincts de maîtrise, de domination, de puissance) se mettront paradoxalement au service de la conservation : c’est en ce sens que la Psychanalyse avance que les Instincts du Moi sont largement des instincts de Mort !... Il est vrai qu’ils « intriquent » des composantes libidinales, sexuelles, de nature « narcissique », par l’intermédiaire des mécanismes d’identification du Moi. Mais il est alors remarquable que, dans l’identification, la libido d’objet, ramenée vers le Sujet et transformée en « narcissisme secondaire », est désexualisée. Le Moi travaille alors au service de l’instinct de Mort. Et, d’ailleurs, si l’amour du Soi étanche les instincts de mort, c’est déjà en réalisant leurs buts, puisque la « libido narcissique » correspond à une «fixation » érotique... L’amour objectai contrebalance ce mouvement, dans le décentrement érotique. Mais, à nouveau, dans l’identification du Surmoi (qui sanctionne le Complexe d’Œdipe au sommet du choix d’Objet sexuel infantile), l’instinct de Mort se retrouve libéré par la sublimation de la sexualité. L’agression fait alors retour à l’intérieur du Moi (et, ici, l’accès mélancolique donne illustration extrême d’une pure « culture d’instinct de Mort » proliférant dans une instance du psychisme : la conscience)...

3. La prise en considération des divers degrés d’intrication et de désintrication des pulsions de Vie et de Mort, permet de rendre compte exhaustivement des conditions pathologiques qui laissaient un reste au regard de la théorie sexuelle (formes graves de la névrose obsessionnelle, par exemple). La théorie des Instincts (et l’introduction avec elle d’un Instinct de Mort en psychanalyse) était déjà exigée par des phénomènes cliniques d’une grande régularité : répétition dans le transfert de sentiments, de situations, au-delà du principe de plaisir, compulsion répétitive de la névrose de destinée, « viscosité de la libido » dans certaines résistances majeures à l’entreprise thérapeutique, masochisme fondamental et besoin inconscient de punition, certains aspects de la sexualité féminine et du complexe de castration féminin, etc. On peut démontrer que seule la théorie des deux instincts donne un panorama complet de la théorie du conflit en psychanalyse, dans ses implications individuelles et sociales. Sans son éclairage, tant la névrose individuelle que le Malaise dans la Civilisation sont réduits à des banalités « réactionnelles » ou « frustrationnelles », et versent dans une conceptualisation naïvement optimiste (depuis longtemps déjà dénoncée par... toutes les grandes religions...).

4. La théorie des deux instincts reste toutefois une source de polémique, et au moins de discussions, entre les psychanalystes. Tous les psychanalystes admettent cependant, à côté des instincts sexuels et de leurs avatars, un instinct d’agression. A défaut d’une base biologique indiscutable, objectivant la nature des instincts, la théorie qui emporte la préférence (Instinct de Vie/Instinct de Mort ou Sexualité/Agression) reste question de sensibilité à la logique interne de la théorie et à la richesse de son articulation clinique...


INSTINCT Terme employé concurremment avec celui de pulsion, mais qui s’en distingue néanmoins : contrairement à la pulsion, l’instinct désigne plutôt les tendances invariables de la vie humaine et en particulier de la sexualité. Plus que la pulsion, l’instinct est spécifié dans son but et dans ses modalités.  


INSTINCT. Synonyme de pulsion. Les auteurs français préfèrent le terme de pulsion à celui d’instinct.

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