initiation

Malgré une pratique assez courante il y aurait intérêt à réserver l'usage de ce mot aux rites et épreuves destinés à introduire certains candidats dans des groupes fermés tels que sociétés secrètes, confréries, mystères, etc., et à parler de rites de passage quand il s'agit de cérémonies concernant toute une classe d'âge qui passe ainsi d'un statut à un autre (par exemple les rites marquant l'arrivée de la puberté). Au sens étroit ci-dessus défini, les rites d'initiation assurent ou solennisent le recrutement d'une élite ou la sélection de privilégiés et, pour cette raison même, mettent à l'épreuve le courage, l'habileté, le savoir ésotérique ou la fidélité des candidats. Ils sont généralement l'occasion de grandes fêtes auxquelles participent tous les membres de la société globale, mais où les initiés et les futurs initiés jouent un rôle plus important. Les rites d'initiation dans la plupart des sociétés semblent plus développés lorsqu'ils concernent les hommes que lorsqu'ils concernent les femmes.

(Angl. : initiation.)

INITIATION. Le mot initiation vient du mot initium, c’est-à-dire commencement, et ce sens apparaît avec évidence dans le mot initial. L’initiation est comme une mort symbolique précédant une seconde naissance. On sait, en effet, que les rites des peuplades archaïques nommés « rites d’initiation » ou « rites de passage », comme ceux des mystères de l’Antiquité, du monde médiéval ou des sociétés secrètes d’aujourd’hui, sont généralement considérés comme symbolisant le passage par la mort avant de renaître dans un corps nouveau. Nombreux sont les rites d’initiation, antiques ou modernes, où le candidat doit traverser les ténèbres afin de sortir à la lumière. Chez certains archaïques, l’adolescent est englouti par < l’esprit ancestral », représenté par un monstre en fibres, un couloir ou plus simplement évoqué dans le cadre d’une légende, puis rejeté, accouché, vomi ou déféqué. Il est dès lors initié, c’est-à-dire transformé en adulte. Il s’agit bien d’une intériorisation positive, d’une schizogénie permettant à l’être une évolution, une réintégration au monde à un autre niveau et notamment l’acquisition par l’être d’une participation aux forces universelles de fécondité. Les rites d’initiation archaïques aussi sont expressifs de la prise de conscience de l’enveloppe corporelle, qu’il s’agisse d’une croyance en un changement de chair ou de rites de passage par la peau d’un animal sacré, ou encore de croyances soit à l'avalement puis à l’accouchement du candidat par une entité collective, soit à la dissociation du corps du candidat pour la reconstitution d’un corps nouveau. Expressive, l’aventure d’Osiris ne l’est pas moins de cette formation du Moi corporel comprise comme une intégration, c’est-à-dire comme le passage d’une discontinuité à une continuité. C’est lorsque son corps découpé est reconstitué par Isis que Osiris est doté d’une âme et de la vie éternelle. Tout cela rappelle la phrase de van Gennep : « Pour les groupes, comme pour les individus, vivre c’est sans cesse se désagréger et se reconstituer, changer d’état et de forme, mourir et renaître ». L’onirothérapie d’intégration utilise une technique de mise en condition, la décentration qui n’est pas sans évoquer les rites de passage. Il s’agit de désintégrer schème corporel et schème spatio-temporel et d’obtenir ainsi une dissolution du Moi analogue à la mort initiatique. La décentration, telle une technique d’isolement sensoriel, déclenche un surgissement spontané d’images visuelles et il convient de laisser telle, sans intervention, cette abréaction incarnée dans l’image. Au retour de ce voyage, schème corporel et schème spatio-temporel se reconstituent solidairement (voir schème d’intégration) et l’on observe, tout au long de la cure, une levée des somatisations et une réintégration de l’être et du milieu, Ici, à l’inverse de ce qui est d’emblée recherché par les techniques analytiques, il s’agit donc plus de prendre corps que de prendre conscience, la prise de conscience découlant d’ailleurs peu à peu et naturellement de la prise de corps, alors que la réciproque ne présente pas la même évidence. Cette recherche oppose surtout radicalement l’onirothérapie d’intégration aux autres onirothérapies dites directives ou encore < à injection » telles que le « rêve éveillé dirigé ». Dans cette dernière, par exemple, la notion de « schème corporel » fut niée par son auteur an nom de la réflexologie. (Voir : Décentration et Imagerie mentale.)