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INFINI

Malgré sa forme négative, l'infini est selon Descartes la notion positive par excellence, qui désigne l'être souverainement parait : « Il n'y a rien que je nomme proprement infini, sinon ce en quoi de toutes parts je ne rencontre point de limites, auquel sens Dieu seul est infini. » En ce sens, se distingue d'« indéfini ». Cependant, est aujourd'hui synonyme d'indéfini en mathématique (une quantité infiniment petite est une quantité plus petite que toute quantité donnée).

Qui n’a pas de limite soit parce que plus grand que toute quantité donnée de même nature (infini actuel), soit parce que susceptible de devenir tel (infini potentiel).
♦ On distingue en mathématiques l’infini relatif - qui n’a aucune limite assignable - de l’infini absolu (également nommé transfini) qui n’a aucune limite possible.
♦ Dans l’histoire de la philosophie, la notion d’infini est d’abord perçue de façon péjorative par les auteurs grecs - par relation avec celle de « démesure » (ubris), qui désigne tout comportement incompatible avec la dignité humaine soit par défaut (animalité), soit par excès (rivalité dangereuse avec le divin).

C’est sous la double influence des mathématiques et de la pensée chrétienne (où Dieu est l’être infini dans tous ses attributs) que l’infini va être philosophiquement pensé comme positif - par opposition à la finitude (humaine), qui est désormais comprise comme négation (ou défaut) d’être. Descartes admettra en particulier que la notion d’infini est présente dans l’esprit antérieurement à celle de fini, qui ne peut avoir de sens que par rapport à son horizon - la même relation valant pour le parfait et l’imparfait.
À travers la philosophie (Spinoza, Kant, Hegel) et la science (de Newton aux Paradoxes de l'infini de Bolzano), l’infini caractérise, plus que la raison ou le réel lui-même, la relation mouvante entre l’élaboration de la connaissance et un « réel » qui n’en finit pas de lui échapper. En lui-même peu définissable, sinon de façon négative, l’infini irrigue toutes les dimensions de la réflexion - de la cosmologie à l’esthétique, où il affleure par exemple dans le sublime.


Du latin infinitus, «sans limites», «indéterminé » (de finis, «borne», «limite», « terme »).
_ Adjectif : caractère de ce qui est sans limites (exemple : l’espace infini).

_ Nom : ce qui est ou paraît être sans bornes, sans limites.  _ En métaphysique (avec une majuscule), Dieu, l’être absolument parfait.


• Pour Aristote, l'infini existe en puissance (toute quantité est virtuellement susceptible d'être augmentée), mais non en acte (le monde forme un tout clos et fini). • Pour Descartes, le fait que nous ayons en nous (êtres finis et bornés) l'idée d'une substance infinie prouve l'existence de Dieu, car seule une substance « véritablement infinie » (Dieu) a pu déposer cette idée en nous.

INFINI (adj. et n. m.) 1. — Qui n’a pas de borne, de limite : « II n’y a rien que je nomme proprement infini, sinon ce en quoi de toutes parts je ne rencontre point de limites, auquel sens Dieu seul est infini » (Descartes). 2. — (Math.) Auj., nous disons qu’un ensemble ou une classe est infini s’il existe une bijection entre lui et une de ses parties (mise en correspondance de l’ensemble des entiers et de celui des nombres pairs) ; cf. transfini ; cette propriété a été longtemps jugée paradoxale (cf. le principe : le tout est plus grand que la partie) ; d’où le refus de l'infini actuel (le fait qu’une droite soit composée d’une infinité de points), et l’idée que seul l'infini potentiel (le fait qu’on puisse toujours diviser une droite sans jamais rencontrer de terme) existe : c’est pourquoi l'infini a souvent le sens intuitif de ce que la pensée ne peut parcourir ou atteindre. 3. — Infiniment grand (petit) : quantité plus grande (petite) que toute quantité donnée aussi grande (petite) que l’on veut. 4. — Infinitésimal : a) Infiniment petit. b) Très petit ; souv. Syn. négligeable, c) Calcul infinitésimal : nom donné par Leibniz aux opérations de dérivation et d’intégration.




DEUX INFINIS Pascal a développé dans de nombreuses Pensées le thème de l’homme, « néant à l’égard de l’infini, tout à l’égard du néant, milieu entre rien et tout ». L’infiniment grand (les espaces infinis) et l’infiniment petit (parfois symbolisé par cet insecte qu’est le ciron) effraient l’homme qui les considère, et le portent à se connaître tel qu’il est : « Nous sommes quelque chose et ne sommes pas tout. »

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