INDOCHINE (guerre d')
INDOCHINE (guerre d')
À l’origine de cette première et décisive guerre de décolonisation (1945-1954), l’insurmontable incompatibilité du projet indochinois de la France en 1945 - non pas la restauration du modèle colonial ancien mais sa modernisation par la mise en place du self-government, des libertés politiques et syndicales dans les cinq territoires indochinois ; par leur entrée dans une Fédération indochinoise dotée d’un gouvernement central puissant, contrôlé par la France ; par l’industrialisation accélérée de l’Indochine - avec les indépendances proclamées en 1945, avant tout avec l’existence de la République démocratique du Vietnam (RDV) dirigée par Ho Chi Minh et les communistes vietnamiens (le Vietminh) depuis la révolution d’août 1945. Il n’y a pas de compromis possible : la mise en place de la Fédération indochinoise conditionne le succès du projet d’Union française mais en même temps nie l’indépendance et l’unité du Vietnam.
L’engagement du Corps expéditionnaire français.
Tout au long de la première phase du conflit (1945-1946) - marquée par le débarquement à Saigon du Corps expéditionnaire français en Extrême-Orient (CEFEO) du général Leclerc (1902-1947) en octobre 1945, par le développement des guérillas du Vietminh en Cochinchine, puis par le débarquement du CEFEO au Tonkin en mars 1946 à la suite des accords franco-vietnamiens ambigus du 6 mars -, tandis que se déroule le retrait des troupes d’occupation britanniques au sud et chinoises au nord, la RDV négocie (conférence de Dalat, avril 1946) avec le haut-commissaire de France, l’amiral Thierry d’Argenlieu (1889-1964), puis directement avec le gouvernement français (conférence de Fontainebleau à l’été 1946). En fait, il ne s’agit pour les deux adversaires que de gagner du temps pour se préparer à la guerre qui se généralise après le bombardement naval de Haïphong (23 novembre 1946) et la bataille de Hanoi (du 19 décembre 1946 à la mi-janvier 1947).
Endiguer le communisme en Asie.
Dans la deuxième phase (1947-1950), le CEFEO, qui tient solidement les villes et les routes du Sud, reconquiert celles du Nord et la zone Hué-Da Nang, mais ne parvient pas à détruire l’appareil politique et l’armée embryonnaire de la RDV repliés dans la haute région montagneuse du Tonkin. Tout change lorsque l’Armée populaire chinoise atteint en décembre 1949 la frontière indochinoise : la guerre a désormais pour but essentiel l’endiguement du communisme en Asie, l’Indochine devient le principal front chaud de la Guerre froide. Le Vietminh dispose désormais d’une aide extérieure considérable - dès 1950, les 100 000 soldats réguliers de l’Armée populaire de libération (APL) sont organisés en 70 bataillons régionaux et en 4 divisions, sans compter 33 bataillons régionaux et 60 000 miliciens -, ce que démontre le désastre militaire français de Cao Bang (3-8 octobre 1950), véritable tournant stratégique du conflit.
« Vietnamiser » la guerre.
Dans la troisième phase (1951-1954), la France n’a plus d’autre issue que de « vietnamiser » la guerre en cherchant à opposer les régimes anticommunistes, les trois États associés - le Cambodge, le Laos et surtout l’État du Vietnam dirigé par l’ancien empereur Bao Dai -, à la RDV et d’obtenir l’aide militaire et financière américaine (elle représentera au total le tiers du coût de la guerre). En 1951, le CEFEO, repris en main par le général de Lattre de Tassigny (1889-1952), brise les offensives du Vietminh sur le delta du fleuve Rouge, sans toutefois pouvoir modifier le précaire équilibre des forces. Dès la fin de 1952, la stratégie française n’a plus pour objectif que l’amélioration de la carte de la guerre en prévision de l’inévitable négociation, ainsi que la mise sur pied de l’État du Vietnam et de son armée. C’est le sens du plan Navarre (1953-1954), mis en échec à Dien Bien Phu (1953-1954) alors que va commencer la négociation des accords de Genève, portant armistice. Ce dernier, signé le 21 juillet 1954, met fin à une guerre désastreuse (peut-être un demi-million de morts vietnamiens, 40 000 tués et 70 000 blessés dans le CEFEO, coût pour la France : 2 200 milliards de francs français 1953, soit une année de revenu national, le développement du Vietnam ajourné pour trente ans). Les troupes françaises évacuent le Nord-Vietnam en octobre 1955 et le Sud en avril 1956.
HÔ CHI MINH (NGUYEN Al QUÔC)
Homme politique vietnamien né à Kiem Lien en 1890, mort à Hanoi en 1969, fondateur de la république du Viêt-nam.
Émigré en Grande-Bretagne (1914), puis en France (1917), il entra au parti communiste et créa le journal Le Paria. Membre du Komintern après un séjour en URSS, il partit pour Hong Kong (1930) où il organisa les bases du Parti communiste vietnamien. En 1941, il mit sur pied la Ligue révolutionnaire pour l’indépendance du Viêt-nam (Viêt-minh).
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, revenu dans son pays, il entama son combat contre la France (1946). Après le retrait des troupes françaises (Diên Biên Phû, 1954) et le partage du pays (conférence de Genève, juillet 1954), il fut élu président de la République démocratique du Nord Viêt-nam.
Plus tard, lors de l’intervention américaine à Saigon (1965), il bénéficia d’une aide massive des Soviétiques et organisa jusqu’à sa mort la résistance aux raids aériens.
INDOCHINE
C’est entre 1867 et 1898 que s’est constituée l’Indochine française. Napoléon III en organisa la conquête sous prétexte de protéger les missionnaires installés dans ces régions. Il envahit d’abord la Cochinchine orientale et occidentale. Puis il créa les protectorats du Cambodge, du Tonkin, de l’Annam et du Laos. Il s’empara enfin du territoire chinois de Kuang-chou Wan.
Un projet de fédération indochinoise rattachée à la France fut vainement tenté après la Seconde Guerre mondiale. En 1954, lors de la conférence de Genève, l’indépendance de ces États fut proclamée.
INDOCHINE (Guerre d', 1946-1954)
. Guerre menée par le Viêt-minh - mouvement nationaliste et communiste - contre la France. D'abord coloniale, la guerre d'Indochine prit une dimension internationale après la victoire des communistes en Chine (1949). Elle devint aussi pour les États-Unis un élément de la politique de Containment du communisme en Asie, tandis que le Viêt-minh recevait le soutien massif de la Chine et de l'URSS. Après la fin de l'occupation japonaise de l'Indochine (1945) et l'envoi d'un corps expéditionnaire commandé par le général Leclerc, des négociations s'engagèrent entre le gouvernement français et Hô Chi Minh, dirigeant du Viêt-minh. La France, par l'accord Sainteny-Hô Chi Minh (6 mars 1946) reconnut la République du Viêt-nam comme État libre faisant partie de la Fédération indochinoise et de l'Union française. Cependant, le haut commissaire, Thierry D'Argenlieu - soutenu par les colons - décida le 1er juin, en violation des accords du 6 mars, la proclamation d'une République séparée en Co-chinchine (sud du Viêt-nam). Malgré les tentatives de négociations de Hô Chi Minh (conférence de Fontainebleau, septembre 1946), la guerre d'Indochine s'engagea après le bombardement de Haiphong par la marine française (novembre 1946), en réponse à des attentats organisés par le Viêt-minh. Ce dernier engagea alors une « guerre populaire » sous la direction du général Giap et réussit à contrôler les campagnes du Tonkin et du sud de la Co-chinchine. Pour contrer son influence, la France, cherchant à s'appuyer sur les nationalistes conservateurs, accorda à l'empereur Bao Dai l'« indépendance du Viêt-nam », dans l'Union française avec le Tonkin, l'Annam et la Cochinchine. Après la victoire communiste en Chine (1949), et la guerre de Corée (1950-1953), la guerre d'Indochine s'intégra dans la guerre froide, le Viêt-minh recevant l'appui militaire de la Chine et de l'URSS, et la France une aide militaire et financière américaine. Après la capitulation, le 7 mai 1954, des troupes françaises dans la cuvette de Diên Biên Phu (les Américains avaient refusé de faire intervenir leurs bombardiers), le nouveau gouvernement Mendès France négocia les accords de Genève (juillet 1954). Le Cambodge et le Laos accédèrent à l'indépendance. Le Viêt-nam était divisé par une ligne d'armistice fixée au 17e parallèle avec le Nord contrôlé par le Viêt-minh et le Sud dominé par les nationalistes non communistes. Les élections générales prévues pour préparer la réunification n'eurent jamais lieu, et la guerre d'Indochine fut suivie par celle du Viêt-nam. Voir Viêt-cong, VIÊT-NAM (Guerre du).
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