INDO-EUROPÉENS
Le terme d'indo-européen a d'abord un sens linguistique. La découverte de la parenté des langues indo-européennes actuelles ou disparues amena à conclure à l'existence, dans les temps préhistoriques, d'une langue mère commune, l'indo-européen, de laquelle seraient issues toutes les langues de la famille, et aussi d'un utilisateur de cette langue, d'un « peuple » indo-européen primitif. Au XIXe s., l'étude de ce problème fut contaminée par des préoccupations politiques et par une idéologie raciste : certains théoriciens prétendirent que les Indo-Européens, qu'on appelait aussi les Aryens (v.) constituaient, à l'origine, une race pure et distincte, que cette race avait fondé toutes les grandes civilisations qui s'étaient juxtaposées ou succédé du Gange à l'Atlantique, et que la pureté de l'élément « aryen » s'était plus particulièrement conservée chez certains peuples modernes - entre autres, les Germains. Ces thèses furent développées dans l'aryanisme de Gobineau et reprises par la suite en Allemagne par le national-socialisme. En fait, il est impossible d'affirmer l'existence d'une race indo-européenne primitive. En revanche, on peut admettre qu'il exista dans les temps préhistoriques des « peuples indo-européens » apparentés par la langue et qui, bien que divisés en plusieurs rameaux, avaient une commune vision du monde et de la société. Georges Dumézil a mis en relief l'importance de la tripartition fonctionnelle (division de la société en trois classes : prêtes-souverains ; guerriers ; paysans-éleveurs) dans les civilisations indo-européennes historiques. À l'époque historique, cette tripartition ne fut sans doute effective que chez les Aryens de l'Inde et de l'Iran, mais on en trouvait encore des traces chez les Germains et chez les Celtes ; et surtout, elle a subsisté dans le domaine religieux et littéraire, dans les récits mythologiques des Grecs, des Romains et des autres peuples indo-européens, alors qu'elle est rarement attestée dans le monde non indo-européen (v. INCAS). Le problème de l'habitat primitif des Indo-Européens a donné lieu à de nombreuses hypothèses : on l'a placé d'abord en Asie centrale, dans le plateau du Pamir ou dans les steppes du Turkestan. Dans la seconde moitié du XIXe s., les savants allemands plaçaient volontiers le berceau des Européens dans le nord de l'Europe. La thèse la plus répandue aujourd'hui fait chercher plutôt les premiers Indo-Européens entre l'Europe centrale et la Russie du Sud, où on leur attribue la civilisation des kourganes. La dispersion des Indo-Européens se situe en plusieurs vagues à partir de la fin du IVe millénaire. C'est alors, vers la fin du néolithique, que vint s'établir dans l'Europe centrale et septentrionale le peuple « cordé » (appelé ainsi en raison de la décoration de sa poterie, v. CORDÉ), ou « peuple des haches de bataille ». Après 2000 av. J.-C. commencèrent les grandes migrations qui donnèrent naissance aux premiers empires indo-européens historiques en Asie antérieure et au Proche-Orient : Aryens de l'Inde et de l'Iran ; Hittites, Louvites et, plus tard, Phrygiens et Lydiens, en Asie Mineure. Au IIe millénaire également, d'autres Indo-Européens ont achevé de s'installer en Europe : Hellènes en Grèce, Celtes en Europe centrale, peuples italiques en Italie. Les migrations indo-européennes se sont poursuivie jusqu'aux IVe/VIIe s. avec l'arrivée des Germains en Europe occidentale et des Slaves dans les Balkans.