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INCONSCIENT

 

Adjectif qui signifie en général négativement « ce qui n'est pas conscient ». Comme substantif, l'inconscient désigne l'ensemble de ce qui échappe entièrement à la conscience, et depuis Freud, le psychisme lui-même et son essentielle réalité , « la conscience nous renseignant sur elle d'une manière aussi incomplète que nos organes des sens sur le monde extérieur ». Cette définition marque une rupture avec la conception classique qui identifie psychisme et conscience.

Inconscient collectif Il existe «une couche psychique commune à tous les humains, faite chez tous de représentations similaires ­qui se sont concrétisées au cours des âges dans les mythes - couche que j'ai appelée pour cela l'inconscient collectif. Celui-ci n'est pas le produit d'expériences individuelles; il est inné.» Carl Gustav Jung, "L'Homme à la découverte de son âme".

Inconscient Ce terme désigne l'ensemble des processus psychiques qui échappent à la conscience. Si l'homme ne peut pas entièrement les connaître, le «champ de la conscience», ainsi que l'écrit Jung dans "Aïon", peut théoriquement «s'étendre indéfiniment». L'inconscient est l'inconnu, mais un inconnu dont il est possible de reculer les limites.

INCONSCIENT. n. m. Ensemble des phénomènes de la vie psychique qui échappent à la conscience du sujet, tout en ayant une influence profonde sur son comportement. L'inconscient se constitue de tout ce que la conscience a refoulé dans une zone obscure de notre être et que, normalement, nous ne pouvons pas saisir par nous-mêmes. La notion d'inconscient, base même de la psychanalyse, repose sur quelques données qu'on pourrait retracer sommairement en trois points :
L'inconscient existe, il fait partie de la vie psychique globale : la preuve en est qu'il se manifeste, chaque fois que notre conscience se relâche. Les principales manifestations sont les lapsus, les actes manqués, les rêves, les symptômes névrotiques. Dans chacun de ces exemples, le sujet est étonné par les erreurs qui lui échappent, par les représentations étranges qui le traversent, ou par des conduites qui n'obéissent pas à sa volonté consciente. Tout se passe comme si, en lui, une force habituellement contrôlée réussissait à prendre les commandes.
Si l'inconscient se manifeste épisodiquement, c'est qu'il a une sorte de vouloir qui lui est propre (et que la conscience ne peut pas ou ne veut pas voir). Qu'y a-t-il donc dans l'inconscient ? Des pulsions et des désirs d'abord (il s'agit du Ça). Mais ces pulsions, ces désirs qui se sont manifestés dès l'enfance n'ont jamais été « satisfaits » totalement : les contraintes de la réalité et de l'éducation ont créé dans le psychisme des frustrations et des interdits, des angoisses plus ou moins bien vécues. L'inconscient se constitue donc, en plus de ses pulsions «spontanées », de tous les souvenirs du vécu infantile : il intègre notamment le système de contraintes qui l'oblige à refouler ses tendances profondes, le Surmoi. Cet ensemble n'est pas statique : les images enregistrées, les désirs rejetés dans l'oubli, le jeu des pulsions et des interdits continuent d'être en mouvement, de susciter des fantasmes, de vouloir se satisfaire, de construire des représentations qui font pression pour parvenir à la conscience et « s'exprimer ».
II y a opposition et interaction perpétuelle entre l'inconscient et la conscience. D'un côté, le moi conscient (en fonction des impératifs de la morale et de la raison, par désir aussi de préserver son unité) repousse les « informations » venues de l'inconscient (y compris à l'intérieur des rêves eux-mêmes). Il refoule au fond de lui la part insupportable des désirs ou des angoisses. C'est la Censure qui opère ce travail (voir ce mot). Ce refoulement fait lui-même partie de l'inconscient, il est automatique (si on savait ce qu'on refoule, ce ne serait justement plus inconscient!).
De l'autre côté, l'inconscient pousse, cherche à contourner la censure et le refoulement, à satisfaire ses désirs par des voies détournées : car à l'état brut, l'inconscient se moque des lois de la réalité (il ignore le temps, il ignore la raison, il veut en même temps des choses contradictoires). Le résultat de ce conflit pourra être des manifestations névrotiques, mais aussi donner lieu à des conduites normales, axées sur la sublimation, et parvenant à l'équilibre entre le Ça, le Moi et le Surmoi.
Naturellement, l'existence de cet inconscient pose le problème de la liberté. Certains psychanalystes la nient totalement, estimant que la conscience n'est qu'une illusion couvrant ou justifiant des conduites déterminées par les seules forces des pulsions internes et des contraintes externes. D'autres, au contraire, font du Moi qui s'élabore peu à peu une instance qui prend de plus en plus d'importance et qui, en arbitrant entre le Ça et le Surmoi, permet à la personne de faire des choix librement.
N.B. Le mot inconscience ne doit surtout pas être confondu avec le mot « inconscient » : l'inconscience désigne un état de perte de connaissance de soi, ou une sorte d'incapacité mentale à mesurer la portée de ses actes (ils ont agi en pleine inconscience).
De même, l'adjectif inconscient doit être compris en fonction du contexte où il est employé. S'il s'agit d'un contexte psychanalytique, il correspond à « l'inconscient » que nous avons tenté de définir. S'il s'agit d'autres contextes, il se rapporte aux sens du mot «inconscience».

Employé comme adjectif, le mot inconscient s'applique aussi bien aux actes ou aux pensées dont nous ne nous apercevons pas immédiatement qu'à l'absence de réflexion caractérisant un geste insouciant ou irresponsable. En tant que substantif, il désigne la partie de notre esprit à laquelle nous n'avons pas accès directement. La tradition philosophique n'a jamais totalement ignoré la complexité de la conscience et des pensées obscures la traversant. Par exemple, Descartes trouve l'explication de sa sympathie spontanée pour les personnes qui louchent dans le souvenir ancien d'une enfant de son âge affectée d'un strabisme et pour laquelle il ressentit ses premiers émois amoureux. Cette image passée détermina donc inconsciemment une attirance purement mécanique, dont il ne saisit la cause que plus tard.
Dans une autre perspective, Leibniz évoque les « petites perceptions » dont nous n'avons pas conscience individuellement, mais qui participent pourtant d'une sensation globale. Cependant, l'Inconscient n'est pas encore ici envisagé comme une des composantes structurelles de la vie psychique et il a fallu attendre la révolution freudienne pour comprendre qu'il nous échappe par essence et non par un défaut de l'attention. Pour Freud, l'hypothèse de l'Inconscient implique que « le moi n'est pas maître dans sa propre maison ». Une partie de ses désirs, de ses pulsions et de ses représentations sont censurés et refoulés hors de la conscience en raison de leur caractère moralement inacceptable ou contraire à l'éducation du sujet.
L'expression « hors de » ne doit pas nous induire en erreur : non seulement les contenus censurés ne disparaissent pas, mais en outre, l'inconscient n'est pas à envisager comme une extériorité séparable. Au contraire, il inonde notre comportement de l'ensemble du matériau psychique refoulé. Les lapsus, les rêves et les actes manqués constituent des manifestations concrètes de cette présence systématique avec laquelle il s'agit, en quelque sorte, de se réconcilier dans la cure analytique.

INCONSCIENT COLLECTIF. 1° Au sens psychanalytique, il s'agit de la théorie de Jung selon laquelle il n'y a pas seulement, en chacun, un inconscient personnel, mais plus profondément encore, un inconscient commun à tous les hommes, qui est porteur de toute l'expérience de l'humanité, de ses mythes profonds, de sa « sagesse » acquise au cours des millénaires (et intégrée à notre cerveau). Cet inconscient collectif se constitue en particulier des archétypes fondamentaux de l'humanité, que l'on retrouve dans les arts et les religions (voir par exemple la distinction Animus/Anima, à la base de tout psychisme humain, selon Jung). Freud a vivement critiqué cette théorie de son « disciple » Jung.
2° Dans un sens sociologique plus courant, on emploie l'expression «inconscient collectif» pour désigner, dans une société donnée, des représentations communes de base (culturelles, psychologiques, mythologiques) qui meuvent l'histoire de ces sociétés sans que les individus aient une conscience claire de ce qui les fait participer à ce mouvement collectif. On parlera par exemple de «l'inconscient collectif» de l'homme du Moyen Age ou de la France de 1914. Ce sens rejoint un peu celui du mot Culture (au sens n° 2, mais limité à tout ce que la culture peut véhiculer sans que l'individu moyen en ait conscience), et se rapproche aussi de la notion d' "Épistémé" selon Michel Foucault (voir le mot Épistémologie).

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