Inceste
Inceste
Relation sexuelle entre parents ou alliés à un degré variant suivant les cultures. Malgré les formes diverses qu’il peut prendre, il existe toujours un interdit de l’inceste qui règle les structures d’alliance et de parenté. Pour la psychanalyse, la notion d’interdit de l’inceste, en particulier celui portant sur la mère, est fondamental. Cette loi, qui est transmise à chaque enfant, le contraint à renoncer à son premier objet d’amour. Ce principe se trouve au cœur du complexe d’Œdipe. De ce renoncement naît le désir qui est donc toujours incestueux en son fond. C’est ce qui fera dire à quelqu’un comme Lacan que désir et Loi sont une seule et même chose.
INCESTE
La définition de l’inceste varie selon les sociétés dans lesquelles on l’envisage. La culture occidentale a une définition assez restrictive de l’inceste, puisqu’elle désigne par ce terme la relation sexuelle entre parents du premier degré, c’est-à-dire père-fille, mère-fils, frère-sœur, oncle-nièce, tante-neveu. Certaines sociétés en ont une définition plus large, incluant des degrés de parenté plus éloignés. L’élément commun, celui qui intéresse la psychanalyse, est la notion d’interdit.
Pour Freud, l’inceste est l’interdit fondamental dont la reconnaissance signe la fin du complexe d’Œdipe.
Pour Lacan, l’interdit de l’inceste fonde la loi du père, permettant au sujet l’accès au symbolique.
inceste, relations sexuelles entre deux membres d’une même famille qui, du fait de leurs liens de parenté, ne pourraient pas se marier. D’une façon générale, ce sont les rapports entre parents et enfants ou entre frères et sœurs, qui sont interdits, mais l’interdiction peut s’étendre à d’autres degrés de parenté. A Buka (Mélanésie), l’union d’un oncle avec sa nièce est considérée comme un acte horrible. En Angleterre, jusqu’en 1907, le remariage d’un veuf avec la sœur de sa femme défunte était un grand crime. D’une société à l’autre, la prohibition de l’inceste concerne des personnes différentes. L’interdiction des rapports sexuels entre membres d’une même famille (étendue dans certains cas à tout le clan) relèverait, primitivement, de considérations pratiques : l’intérêt du groupe commande de se marier en dehors de celui-ci (exogamie) afin d’établir des relations pacifiques avec ses voisins. Les psychanalystes pensent que cette interdiction traduit les défenses inconscientes de l’homme contre ses tendances profondes. En France, on estime à environ 5 000 par an le nombre de cas d’incestes. D’ordinaire, les rapports incestueux ont débuté dans l’adolescence et se sont poursuivis. Certains se situent dans un climat de crainte mais d’autres traduisent une relation amoureuse.
inceste
Relation sexuelle entre individus qui sont apparentés à un degré prohibé. Toutes les sociétés humaines et même, semble-t-il, plusieurs sociétés de primates interdisent l'inceste, chacune définissant de manière spécifique le champ d'application de cette prohibition. Dans l’état actuel de nos connaissances, toutes interdisent l’union du père et de la fille, de la mère et du fils, et presque toutes celles du frère et de la sœur, mais il y a de grandes différences de société à société quant aux autres parents visés par cette prohibition. Souvent des parents purement classificatoires seront conjoints interdits, alors que seront conjoints possibles des parents dont les liens biologiques sont relativement étroits et connus de tous les membres de la communauté. D'autre part la prohibition peut frapper différemment l'union sexuelle des deux mêmes parents selon qu'il s'agit pour eux de contracter mariage ou d’avoir des relations extra-conjugales.
V. inceste dynastique.
Lévi-Strauss (1949), Murdock (1949).
(Angl. : Incest; All. : Inzest.)
inceste dynastique
Certaines sociétés, tout en prohibant sévèrement l'inceste, tolèrent et même enjoignent l'union incestueuse des membres de certaines classes sociales, de certaines corporations ou de certaines confréries. Il s'agit généralement d'unions à l'intérieur de familles princières ou aristocratiques. Les cas les plus connus sont le mariage entre frère et sœur chez les Ptolémées de l'ancienne Égypte, dans l'ancienne noblesse hawaïenne et dans la famille royale incasique, ainsi que le droit reconnu par la société azandé aux nobles d'épouser leurs propres filles. Dans tous ces cas le mariage incestueux est néanmoins regardé comme tel, c'est-à-dire comme contraire et dérogatoire au droit commun dont il ne fait que souligner l'empire tout en exaltant le statut exceptionnel des individus qui y sont soustraits. Ce n'est donc nullement un assouplissement de la règle générale ni un accommodement avec elle, mais une violation caractérisée que justifient ou exigent des raisons hors du commun.
(Angl. : dynastie incest.)
INCESTE. Dans ses Contributions à la psychologie de la vie amoureuse, 1912, Freud note que pour être, dans la vie amoureuse, vraiment libre et, par là, heureux, il faut avoir surmonté le respect pour la femme et s’être familiarisé avec la représentation de l’inceste avec la mère ou avec la sœur. (Voir également : Œdipe.)
L’interprétation des fantasmes d’inceste contribua à séparer Jung et Freud. Alors que Freud s’en tenait à la signification concrète des désirs incestueux et attribuait à leur interdiction un rôle-charnière dans l’Œdipe, Jung découvrait que dans les sociétés où l’inceste était prohibé il n’en jouait pas moins un rôle décisif dans les cosmogonies. Revenant aux observations cliniques il fut amené à penser qu’un schéma organisateur archétypique était à l’œuvre dans les fantasmes et les désirs d’inceste et que, si la thérapie s’appuie sur l’interdiction qui barre la route à la réalisation concrète, elle doit cependant reconnaître à ces fantasmes et désirs leur valeur de symbole et les laisser en prendre la portée. Le désir pour la mère porte le mouvement de retour à l’identité archaïque et amène le nécessaire affrontement du Moi avec ses origines et avec l’inconscient. Les pulsions incestueuses fournissent le contenu spécifique du transfert (Psychologie du Transfert, 1946, I, vol. XVI). Elles y mettent en scène la question de la conjonction. Elles peuvent provoquer une régression, mais aussi la différenciation du pôle interne féminin ou masculin (anima-animus) de l’analysant et une relation consciente avec lui. Enfin le symbole de l’inceste (Mysterium Conjunctionis, 1955-1956, cf. 115 et 114, vol. XIV) représente au sens le plus général, un moment où la croissance se fait par l’union d’opposés dans une certaine parenté.