image
Le terme d’image n’appartient pas en propre au vocabulaire technique de la rhétorique, mais il y est tellement utilisé, et de façon si généralement floue, qu’il importe d’en fixer l’emploi. On notera d’abord que l'image désigne une certaine structuration de l’ensemble comparaison-métaphore-métonymie. Il y a image lorsque, dans un segment, un terme figuré, même une fois interprété, et donc, d’une manière ou d’une autre, traduit ou expliqué, garde un peu de sa valeur spécifique, voilée mais tenace.
Ainsi, dans ce vers de Valéry (« Baignée ») :
Luit le chef d’or que tranche à la nuque un tombeau
le syntagme un tombeau ne signifie évidemment pas /un tombeau/, mais /l’arête d’un bassin/, dont la forme parallélépipédique est associée à la netteté tranchante et enveloppante des maçonneries tombales. C’est, en gros, une métaphore in absentia, liée à l’évocation, par tranche, des idées de mort contenue dans le mot tombeau. Mais justement, ce jeu avec le terme tranche, ajouté au caractère original, presque sibyllin, de la métaphore, implique le maintien simultané, dans l’esprit du lecteur, d’une représentation vague mais néanmoins forte du sens ordinaire de /tombeau/. Il y a image sur un tombeau.
=> Figure, microstructurale; comparaison, trope, métaphore, métonymie; in absentia; syllepse.
IMAGE nom fém. - 1. Représentation picturale ou mentale d’une réalité. 2. Figure de style consistant à représenter de manière concrète et sensible un terme par un autre terme ayant avec lui des points de ressemblance. ETYM. : vient du latin imago. L’image, au second sens, est le terme générique qui recouvre à la fois la comparaison et la métaphore. Elle vise à donner plus de force à une idée en la rendant comme sensible. A titre d’exemple, lorsque Verhaeren commence un poème en écrivant : « En sa robe, couleur de fiel et de poison Le cadavre de ma raison Traîne sur la Tamise », il fait sentir avec plus de force la folie qui le menace en donnant à son esprit le visage d’une femme noyée emportée par les eaux de la Tamise. Un langage poétique se caractérise notamment par son utilisation de l’image. C’est particulièrement vrai du surréalisme qui, dans sa poétique, lui a accordé une place centrale. Pour André Breton, ainsi qu’il s’en explique dans le Manifeste du surréalisme, la force d’une image naît de la distance qui existe entre les deux termes qu’elle rapproche et non pas du rapport de ressemblance simple qu’on pourrait établir entre eux : « C'est du rapprochement en quelque sorte fortuit des deux termes qua jailli une lumière particulière, lumière de l'image, à laquelle nous nous montrons infiniment sensibles. La valeur de l'image dépend de la beauté de l'étincelle obtenue ; elle est, par conséquent, fonction de la différence de potentiel entre les deux conducteurs. Lorsque cette différence existe à peine comme dans la comparaison, l’étincelle ne se produit pas. ».
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