IDÉOLOGIE
IDÉOLOGIE, n.f. créé par Destutt de Tracy (Projet d'éléments d'idéologie, 1801) pour désigner la science ayant pour objet les idées, entendues simplement comme faits de conscience ; elle remplace donc la psychologie, dont elle expulse l’âme. — Ce terme a ensuite pris un sens péjoratif pour désigner une doctrine purement abstraite, et même, selon les marxistes, les philosophies autres que le matérialisme dialectique, qui ne seraient que de simples expressions ou superstructures de faits socio-économiques, le philosophe étant inconscient du déterminisme qui produit ses pensées. — On a cependant montré que le marxisme est une immense construction idéologique, un système de thèses qui n’expriment que d’une manière très partielle les faits réels, leurs conditions et leurs rapports. — Deux caractères sont essentiels à l’idéologie au sens moderne du terme, a) Elle est utilitaire, servant à couvrir et justifier des pratiques sociales : c’est donc une forme de propagande ; b) Elle est intolérante, comme toute erreur, et prend la place de la vérité philosophique, qui est toujours beaucoup plus complexe, et qu’elle prétend remplacer ; en notre siècle, Bergson a montré les insuffisances des diverses idéologies (par exemple le scientisme). Il est évident que le marxisme répond exactement à ces deux critères.
idéologie
Ensemble des croyances partagées par une société, une classe sociale, un parti politique, etc.
Commentaire Ce mot, créé par Destutt de Tracy dans son ouvrage Éléments d'idéologie (1811-1815), désignait à l'origine une science qui avait pour objet l'étude des idées. Les idéologues étant les philosophes en général, on a pu dire que la Révolution française fut l'œuvre des idéologues du XVIIIe siècle. Avec le marxisme, le terme renvoya à un système de valeurs, d'idées et de croyances propre à un groupe social, politique, ethnique... De nos jours, le sens s'est encore élargi : on entend par idéologie tout système d'idées qui cherche à expliquer le monde, à faire entrer ses différentes composantes dans un système de pensée. La fin du XXe siècle marque la chute des idéologies majeures héritées du XIXe siècle.
Citations Une idéologie est un système (possédant sa logique et sa rigueur propres) de représentations (images, mythes, idées ou concepts selon les cas) doué d’une existence et d’un rôle historiques dans une société donnée. Sans entrer dans le problème du rapport d’une science à son passé (idéologique), disons que l’idéologie comme système de représentations se distingue de la science en ce que la fonction praticosociale l’emporte en elle sur la fonction théorique (ou fonction de connaissance). [Louis Althusser, Pour Marx.]
Tandis que les idéologies sont des ferments de discorde qui conduisent facilement à l’hostilité intransigeante, l’art invite à la fraternisation, non en masquant les contrastes, mais en les dépassant. (Joseph Émile Muller, la Fin de la peinture.}
IDÉOLOGIE, IDÉOLOGUE
♦ Terme créé par Destutt de Tracy en 1796 pour nommer la science ayant pour objet la genèse des idées (le mot « psychologie » étant jugé trop évasif). Utilisé dans ce sens par Stendhal et Taine.
♦ Péjorativement, discussion creuse d’idées sans correspondance avec la réalité.
♦ Désigne encore parfois la doctrine qui inspire l’action d’un parti ou d’un gouvernement.
♦ Le sens le plus fréquent dans l’usage contemporain vient du marxisme, où l’idéologie désigne la représentation faussée du monde que la classe dominante impose dans son propre intérêt à la classe dominée, en croyant éventuellement qu’elle correspond à la réalité. L’idéologie est ainsi une sorte de mensonge collectif plus ou moins involontaire, provenant d’une ignorance de la détermination des superstructures intellectuelles et spirituelles par l’infrastructure économique. L’idéologie couvre alors tous les domaines de la pensée : religion, politique, droit, art, philosophie, science même, qui ne font rien de plus dans cette optique que la diffuser au maximum en s’aidant éventuellement de certaines institutions ou « appareils idéologiques d’État » (enseignement, moyens d’information, etc.). En s’affirmant de statut scientifique et en se fondant sur la notion de lutte des classes, le matérialisme historique prétend échapper à l’idéologie et accuse complémentairement toute autre philosophie d’y être encore engluée (c’est notamment le reproche adressé par Marx et Engels, dès L’Idéologie allemande, au système hégélien et à ses continuateurs les néohégéliens). La question qui se pose est cependant de savoir s’il ne devient pas à son tour idéologique à partir du moment où il est la philosophie officielle d’un pouvoir qui n’est pas nécessairement celui du prolétariat dans son ensemble (stalinisme, maoïsme...).
♦ Le mot Idéologue qualifie le groupe de philosophes français qui, à la fin du xviiie siècle et au début du XIXe siècle, étudièrent particulièrement la formation des idées et les sensations. Les principaux furent Destutt de Tracy, Cabanis, qui, avec son ouvrage sur les Rapports du physique et du moral (1802), peut être considéré comme l’initiateur de la psychophysiologie, Volney (plus préoccupé par les problèmes de morale et de société), Garat et Daunou. Les idéologues soutenaient la perfectibilité indéfinie de l’homme. Dans une acception péjorative (actuelle), le mot « idéologue » désigne le praticien de l’idéologie entendue comme mode peu consistant de la pensée ou à la façon des marxistes.
idéologie, ensemble de croyances propres à une société ou à une classe sociale. — L'idéologie s'exprime généralement dans une doctrine politique ou sociale inspirant les actes d'un gouvernement, d'un parti, d'une classe sociale, etc. : le marxisme est une idéologie, comme d'ailleurs le libéralisme économique. En particulier, à la fin du XVIIIe s., système des idéologues (Destutt de Tracy, Cabanis, Volney, Daunou), qui avait pour objet l'étude des idées et de leur origine (psychologie de la connaissance).
IDÉOLOGIE
1. A l’origine (XVIIIe siècle), science ayant pour objet l’étude des idées : elle voulait déterminer la formation, les caractères et les lois des idées. Ne se rencontre en ce sens que chez des auteurs de l’époque ou postérieurs (ex. Stendhal : «un traité d'idéologie est une insolence : vous croyez donc que je ne raisonne pas bien ?»).
2. Sens marxiste, créé par Marx et Engels mais communément repris par d’autres auteurs : système d’idées qui se présente comme neutre et objectif alors qu’il traduit des réalités sociales et sert les intérêts économiques ou politiques d’un groupe social particulier. Marx, par exemple, voit dans la religion une idéologie servant les classes dominantes en ce qu’elle prône la soumission et la résignation. Il faut remarquer que l'idéologie ne se réduit pas purement et simplement à l’hypocrisie : certes il arrive que des gouvernants fassent un usage délibéré de certaines thèses (ex. utiliser le racisme en période de chômage), mais l'idéologie est souvent fondée sur l’inconscience ou l’illusion. Celui qui prône une idéologie peut être sincère mais ne pas se rendre compte de tout ce qu’elle sous-entend. Ainsi les révolutionnaires de 1789 parlaient de l’égalité de tous les hommes », en excluant, sans même y penser, les femmes. « L’idéologie est un processus que le soi-disant penseur accomplit bien avec conscience, mais avec une conscience faussée », écrit Engels (Lettre à Mehring, 14 juillet 1893).
3. Actuellement commence à se répandre un usage erroné mais de plus en plus fréquent du terme comme simple synonyme de « doctrine » ou d’« idées » (on dira l'idéologie catholique ou l’idéologie de tel parti sans sous-entendre du tout la valeur péjorative du sens 2).
IDÉOLOGIE (n. f.) 1. — (Class.) Science qui a pour objet l’étude des idées (Destutt de Tracy). 2. — (Class.) Spéculation éloignée de la réalité. 3. — Toute représentation en tant qu’elle est causée par la réalité matérielle et en constitue un reflet (cf. Marx, Idéologie allemande). 4. — Toute représentation qui entretient un rapport faux, imaginaire avec la réalité qui la suscite (ce qui suppose notamment l’inconscience de ce rapport à la réalité) : « L’idéologie est un processus que le soi-disant penseur accomplit bien avec conscience mais avec une conscience faussée » (Engels) ; (par ext.) pensée fausse, opposée à science. 5. — Tout système de représentations considéré comme une totalité plus ou moins cohérente (l’idéologie catholique, marxiste). 6. — Tout système de représentations qui sert les intérêts pol., écon. d’un groupe social particulier. 7. —Idéologie dominante : pour Marx, système de représentations qui s’impose, qui domine dans une société : « L ’idéologie de la classe dominante est aussi l’idéologie dominante. »
Idéologie
Terme forgé à partir du grec idea, « idée » et logos, « discours », « étude ». Chez Destutt de Tracy, qui a créé le mot en 1796, science des idées et de leur origine. Le mot a pris ensuite un sens péjoratif, notamment dans les travaux de Marx et Engels, où il désigne un système d’idées plus ou moins douteuses qu’on croit, dans une société donnée, fondées sur la raison, alors que ces idées ne sont que l’expression intellectuelle des modes de production matériels qui régissent ladite société. • « La production des idées, des représentations et de la conscience, est d'abord directement et intimement mêlée à l'activité matérielle et au commerce matériel des hommes », écrivent Marx et Engels dans L'Idéologie allemande.
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