Identification / IDENTIFICATION PRIMAIRE / IDENTIFICATION PROJECTIVE
- Identification Processus d’assimilation par le Moi d’un trait, ou de la totalité d’un autre, le Moi se constituant alors sur le modèle de cet autre. La personnalité peut être ainsi conçue comme une somme d’identifications. Freud distinguera trois modalités de l’identification : une première, antérieure à l’Œdipe, où le père fonctionne comme idéal et qui est « l’expression première d’un lien affectif à une autre personne». Dans le deuxième type, «l’identification a pris la place du choix d’objet, et le choix d’objet a régressé jusqu’à l’identification». Dans ce cas, l’identification est seulement partielle et n’emprunte qu’un trait à l’autre. Troisième type d’identification : lorsque quelque chose de commun est perçu avec un autre qui n’est pas l’objet des pulsions sexuelles. Dans ce cas, l’identification est fondée sur la possibilité de se mettre dans une situation identique. Lacan donnera une place importante à la notion d’identification. Il distinguera une identification imaginaire, narcissique qui est constituée au stade du miroir et qui servira de matrice au Moi comme somme de ces identifications imaginaires. Cette identification, Lacan la distinguera d’une identification symbolique qui est nécessairement complexe puisque cette identification de signifiant rencontre pour le sujet le problème de sa division, et pour le signifiant le fait qu’il ne peut être posé que dans sa différence avec un autre.
- IDENTIFICATION Mécanisme psychologique par lequel le sujet intègre un aspect de la personnalité de l’autre, imite une de ses attitudes et modifie son caractère ou son comportement par imitation. L’identification est le mécanisme central à l’œuvre dans la formation de la personnalité : le processus d’identification aux parents est une des étapes de la résolution du complexe d’Œdipe et du choix de l’objet sexuel ; c’est par identifications successives que se constituent le moi et le surmoi, par différenciation du ça, dans la seconde topique de Freud. « La psychanalyse voit dans l’identification la première manifestation d’un attachement affectif à une autre personne. Cette identification joue un rôle important dans le complexe d’Œdipe aux premières phases de sa formation. Le petit garçon manifeste un grand intérêt pour son père : il voudrait devenir et être ce qu’il est, le remplacer à tous égards. [...] L’identification est d’ailleurs ambivalente dès le début ; elle peut être orientée aussi bien vers l’expression de la tendresse que vers le désir de suppression. » (Freud, Essais de psychanalyse.)
- IDENTIFICATION PRIMAIRE Type d’identification primitive, avant même que l’individu ait opéré la distinction entre lui-même et l’autre. Freud y voyait la forme la plus originaire de la relation à un objet.
- IDENTIFICATION PROJECTIVE Terme introduit par M. Klein pour désigner une projection fantasmatique par le sujet de sa propre personne ou de parties de son moi global à l’intérieur de l’objet (la mère) dans un but de le posséder et de le contrôler. Ce mécanisme est lié à la position paranoïde et s’accompagne d’angoisse.
- IDENTIFICATION. Il faut distinguer entre le terme identifier et s’identifier. On peut identifier une plante, une variété de cristal, etc. L’identification comporte un processus où le sujet s’identifie à autrui ou encore où il identifie autrui à sa propre personne. Là où les deux processus sont présents on assiste à la formation du « nous ». Adler attache une grande valeur au processus d’identification au cours de la rencontre thérapeutique. Il faut non seulement comprendre le sujet qui nous consulte, il faut s’identifier avec lui, « voir avec ses yeux, entendre avec ses oreilles, sentir avec son cœur. » Plus tard on a dénommé ce processus l’empathy. Le terme n’a pas trouvé d’équivalent français. Il existe aussi une identification sur le plan purement rationnel.
L’identification est le processus psychologique capital qui est à l’origine de la personnalité ; en s’identifiant à ses parents, à ses maîtres, la personnalité de l’enfant tout à la fois se constitue et se différencie.
- IDENTIFICATION PROJECTIVE. Mécanisme psychologique décrit par Mélanie Klein et qui permet au sujet de s’introduire de force dans les objets. En relation étroite avec la position schizo-paranoïde, l’identification projective trouve son prototype dans la projection fantasmatique à l’intérieur du corps maternel de parties clivées de la propre personne du sujet. H. Rosenfeld fait une différenciation entre les identifications projectives normales et pathologiques. Les premières servent à communiquer, les secondes à contrôler, à attaquer ou à posséder l’objet.
Mécanisme fondamental de la différenciation du Moi, l’identification représente encore la première forme de l'attachement à l’Objet. En tant que désir d’être (comme), l’identification « précède » le désir d’avoir et le remplace substitutivement. Ses diverses formes, constitutives et défensives, sanctionnent le développement de la Personnalité.
1. L’identification est un mécanisme qui prend naissance dans la « phase orale » (narcissique) de la libido. Il s’appuie sur les fantasmes d’incorporation, qui accompagnent l’activité érotique buccale ; il correspond alors à une « introjection » (Ferenczi) qui supporte les phénomènes « d’intériorisation », « d’assimilation » psychique... L’identification primaire est ainsi directe. Elle se fait avec les Objets tutélaires (parents) et introduit une première orientation dans les processus psychiques, en donnant une première forme au Moi. Le Moi se constitue ainsi comme « Moi idéal » par l’investissement narcissique des parents introjectés ; il reçoit, grâce à l’identification, un investissement du Ça dont il se différencie. Dans la suite du développement, l’identification vient prendre la relève de tous les renoncements aux investissements d’Objet. L’identification est alors la source d’un narcissisme secondaire (qui prend la place des investissements d’Objets renoncés ou perdus) et qui correspond à une véritable désexualisation de la libido, fournissant un apport d’énergie propre au Moi. Dans l’identification, les Objets perdus sont incorporés dans le Moi sous forme de traits caractériels : l’histoire du caractère (particulièrement féminin) est bien souvent l’histoire des amours défuntes... Dans l’identification, encore, et en tant que substitut de l’Objet, le Moi se présente en remplaçant pour l’amour du Ça, et dans ce détournement prend un pouvoir sur lui.
2. D’importance particulière pour la structuration psychologique est l’identification secondaire qui survient à l’acmée du Complexe d’Œdipe. Dans un premier temps, le petit garçon, pour prendre son cas, s’identifie directement au père ; il s’identifie à son désir pour la mère qu’il choisit comme Objet (sexuel). L’intenabilité de cette position (immaturité, barrière de l’inceste, angoissse projetée de la « castration »...) le conduit à s’identifier secondairement au parent « interdicteur ». C’est ainsi que se crée, comme Surmoi, une différenciation supplémentaire du Moi, destinée à regrouper les fonctions de la Critique, de la Censure, de la Conscience (morale).
En fait l’identification est toujours double (aux deux parents), bien que généralement dominante selon le sexe propre. Il en résulte une grande diversité des destins sexuels. Mais, déjà, l’identification primaire était ambivalente (devenir identique, c’est aussi bien, au moins fantasmatiquement, prendre la place de...). On conçoit alors que l’identification puisse servir de défense contre des sentiments hostiles, qu’elle satisfait fort bien à sa manière... La place de la composante hostile est grande dans l’identification secondaire : c’est la fraction rivalisante de l’agressivité qui fournit le contingent le plus sûr des énergies « répressives » du Surmoi, en doublure de l’aspect positif de l’idéal. On aboutit alors au paradoxe de la double injonction « Sois comme, ne sois pas comme », qui crée toute la dialectique de l’effort moral.
3. L’identification peut être massive, totale, comme dans le cas de l’identification primaire, et dans certaines conditions pathologiques. Ainsi, dans la mélancolie, l’Objet perdu qui a pris la place du Moi, par identification, est l’objet des attaques sadiques d’un Surmoi qui a pris le relais de l’hostilité ambivalente envers lui. De tels phénomènes témoignent de la qualité narcissique du choix de l’Objet et du peu d’orientation objectale de la libido. La psychanalyse contemporaine a bien mis en relief, dans les « cas-limites », l’identification ambivalente massive à un objet doté de caractères fantasmatiques tout-puissants et/ou négatifs (O. Kern-berg, H. Kohut). Là où la libido a trouvé le chemin de l’Objet et là où le Sujet a accédé au stade secondaire (œdipien) de l’identification, le retour pathologique de l’identification se fait de façon plus partielle. Ainsi dans l'hystérie, où le symptôme est fréquemment le fait d’une identification à un trait allusif du rival (par exemple, dans le cas d’une femme : tu es comme ta mère, tu es ta mère, au moins en ce que tu tousses comme elle...), ou à un aspect de l’Etre aimé, aspect érigé alors en « mémorial »...
4. Dans la psychologie normale et collective, l’identification viendra encore se manifester là où deux, ou plusieurs personnes, ont un point ou un intérêt commun : l’identification à l’autre est ainsi, bien souvent, un repère pour situer l’Objet du désir (inconscient)...
La substitution d’un leader (Führer) à la place de l’Idéal du Moi (Surmoi) est, avec l’évincement corrélatif de la morale individuelle, un phénomène bien connu de la psychologie des masses. Un des phénomènes très fréquent au cours du développement, et qui n’est pas sans se manifester (... projectivement) au cours de certaines psychanalyses, est celui de « l’identification à l’agresseur » (qui est l’une des composantes du caractère du Moi).
5. On peut observer, chez un même sujet, des identifications multiples, et même contradictoires... Enfin, si par le terme d’identification, on pense avant tout au mode du « s’identifier », il faut relever l’existence d’un processus où une personne, un objet (ou une partie de la personne ou dudit objet) sont « identifiés » à la totalité ou à la partie du Soi : on nomme alors, après M. Klein, identification projective ce mécanisme.
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