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IDÉE

IDÉE (gr. "idea", ou "eidos"; lat. "idea", "forme").

Gén. Au sens usuel, tout objet de pensée en tant que pensé. Phi. Les acceptions du terme sont aussi nombreuses que les conceptions philosophiques. On retiendra : 1. le sens platonicien : l'Idée est le modèle intelligible des choses (Idée platonicienne) ; 2. chez Aristote, l'idée est forme (cause, âme, acte) ; 3. chez Descartes, les idées sont les images des choses qui sont en notre esprit quand nous les concevons (intuition, évidence, objectif) ; 4. dans l'empirisme, pour Hume par ex. : « images effacées des impressions dans nos pensées et nos raisonnements » ; 5. chez Kant, distinguée du concept, l'idée est ce que la raison produit quand elle s'efforce de penser au-delà de l'Expérience possible (noumène, transcendantal); 6. chez Hegel, « ce qui est vrai en soi et pour soi », l'identité du concept et de l'objectivité.
Épist. Pour Claude Bernard, hypothèse dont les conséquences doivent être soumises à l'épreuve expérimentale.

IDÉE. n. f. 1° Sens courant : représentation de l'esprit, concept, abstraction. Pensée élaborée, conception ou interprétation relative aux choses, aux êtres, à ce qui existe ou qui n'existe pas. Inspiration littéraire ou artistique. Aperçu plus ou moins réaliste ; vue de l'esprit plus ou moins juste (cf. «Tu te fais des idées »). Au pluriel, ensemble d'opinions, thèses, doctrines (les idées de Flaubert, l'histoire des idées, etc.).
Sens philosophique : essence pure, dont la réalité n'est que la réalisation ou le reflet. Chez Platon, en particulier, le monde des Idées existe en soi : il s'agit de réalités éternelles dont les choses sensibles ne sont que des imitations, des reflets. Non seulement les bonnes actions ou les belles apparences ne sont que des reflets de l'Idée de Bien ou de l'Idée de Beau ; mais encore, un objet triangulaire, un arbre réel, ne sont que des imitations imparfaites des modèles essentiels que sont l'Idée de triangle, l'Idée d'arbre, etc. Sans aller jusque là, de nombreuses attitudes philosophiques donnent aux idées une sorte de valeur en soi, une autonomie par rapport aux choses réelles dont elles ont été « extraites », ou plus précisément, abstraites.

Idée
En grec ancien, "idea" veut d'abord dire : « ce qui est vu ». L'idée est la forme visible, l'aspect, mais bientôt la forme distinctive, le spécimen. Si voir, c'est voir le monde, l'idée est donc la forme distinctive, le spécimen que nous voyons, ou plus exactement « distinguons » dans le monde : en ce sens, l'idée est ce qui nous permet de rendre le monde intelligible pour nous. L'idée n'est donc pas le contraire du réel : elle s'y rapporte essentiellement.

IDÉE PLATONICIENNE

L'Idée (toujours avec une majuscule), au sens platonicien du mot grec "eidos", s'oppose d'abord à "doxa", opinion : l'opinion est particulière, variable d'un individu à l'autre, alors que l'Idée est universelle, immuable. Ainsi, en affirmant par ex. que l'idée de justice est une, même si les opinions sur ce qu'elle est diffèrent, Platon s'oppose au relativisme des sophistes. L' "eidos" est l'essence des choses qui n'en sont que des manifestations sensibles. Elle est ce qui permet d'appeler d'un même nom des objets différents : par ex. l'idée de l'homme est ce qui définit la nature de l'homme et permet de parler de l'homme alors qu'on ne rencontre jamais que des hommes particuliers dans l'Expérience . En ce sens, l'Idée est aux choses ce que le genre est à l'espèce. Elle est aussi archétype : par ex., les lits particuliers sont fabriqués par l'artisan d'après l'idée de lit. Ici, l'idée est la règle qui dirige ses gestes. Cependant, l'Idée est surtout modèle ou paradigme : ainsi, l'idée d'égalité par laquelle nous jugeons que deux choses sont égales entre elles se distingue de ces choses mêmes. Grâce à elle, nous apercevons les rapports d'égalité dans le monde sensible. Elle est critère, norme, étalon. L'Idée a une validité générale : elle est immuable, existe en elle-même, séparée et supérieure au monde sensible qui y participe. "théoria".

Idée Chez Platon, type éternel des choses, lesquelles en sont une reproduction imparfaite.

Synonyme de rationnel pour Hegel, l'Idée est l'unité du concept et de la réalité. On dira, par exemple, que l'État correspond à son Idée quand les citoyens se reconnaissent en lui.

idée, notion que l'esprit se forme de quelque chose. — L'idée a un caractère intellectuel qui la distingue du simple sentiment. Une véritable idée est « claire et distincte », disait Descartes; elle peut se prouver, s'expliquer. Les discussions philosophiques portent sur la nature de l'idée : est-elle une simple représentation, à la manière d'un « tableau » (Descartes)? En fait, on ne se « représente » pas une idée, on la « comprend » ; et la compréhension porte en général sur un « rapport intellectuel » ; en d'autres termes, l'idée coïncide avec un mouvement de l'esprit, elle se définit comme une « tendance » (Leibniz). En ce qui concerne l'origine des idées, on distingue celles qui résultent de l'expérience, que Descartes nommait idées « adventices », et qui se caractérisent comme des idées « générales » (elles résultent de la répétition d'un certain nombre de faits dans un ordre immuable : c'est une idée générale que le froid vient avec l'hiver et la chaleur avec l'été), et celles qui ont leur origine dans l'esprit humain (idées « innées » ou concepts a priori : par ex., l'idée du devoir moral, de la justice..., est inscrite dans l'esprit avant toute expérience [Kant] ; ces idées ne sont pas générales, elles sont « universelles »). Dans la vie courante, nous formons nos idées au cours de discussions où chacun peut s'exprimer librement; l'expression d'une idée, à la différence de l'expression d'un sentiment, exclut tout fanatisme.

EIDOS 1. — N. grec dérivé de eidon (j’ai vu) et désignant ce qui reste après qu’on a vu, d’où, chez Platon et Aristote, le sens de forme, d'idée, et enfin d'essence ; c’est en ce dernier sens que le terme est employé par Husserl. 2. — Eidétique : chez Husserl et les phénoménologues, qui concerne les essences, par opposition à la réalité sensible ou psychologique ; intuition eidétique : intuition par laquelle nous saisissons les essences pures ; variation eidétique : activité de la pensée consistant à faire varier les propriétés qu’on rencontre dans la saisie d’une chose afin de dégager l’invariant qui en constitue l’essence ; réduction eidétique : réduction qui conduit du phénomène psychologique (intuition) ou empirique à l’essence pure.




[…] sensible/Monde intelligible Le monde intelligible, c’est le monde des Idées, qui est perçu par l’intelligence. Le monde sensible, c’est le monde des […]

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