HYPOTHÈSE
HYPOTHÈSE, n.f. (gr. hupo « dessous » et thesis « affirmation »). ♦ 1° Dans toute construction déductive (géométrie, par exemple) principes posés au départ et d'où l'on peut tirer des conséquences avec certitude. — En un sens voisin, ensemble de données a priori, à partir desquelles la réflexion peut se développer {hypothèse de travail). Dans ces cas, l'hypothèse n'est pas forcément évidente. Elle est posée ou supposée, (c'est-à-dire qu'on accepte ou non de la remettre en question), mais elle est toujours raisonnable et bien fondée. Il est possible, en géométrie par exemple, de concevoir des êtres sans épaisseur et de partir d'un espace à deux dimensions, mais cette hypothèse ne correspond pas aux données de notre expérience courante. ♦ 2° Dans les sciences expérimentales, explication conçue, imaginée au sens où elle est fournie par une imagination rationnelle, qui guide l'expérimentateur, mais qui demande, avant d'être tenue pour vraie, a être confirmée par les faits. La formation des hypothèses est un moment essentiel de la démarche scientifique. Claude Bernard {Introduction à l'étude de la médecine expérimentale) a fait l'éloge du rôle de l'imagination dans la recherche. Le « Hypothèses non fingo (Je n'imagine pas d'hypothèses) » de Newton est un refus de l'a priori dans une science qui doit se construire à partir des faits observés. ♦ 3° Les moralistes et les juristes distinguent la thèse et l'hypothèse. La thèse est le principe, l'hypothèse est le cas donné sur lequel il faut se prononcer. Sa prise en considération peut amener à des assouplissements dans l'application du principe.
HYPOTHÈSE
De façon générale, ce qui est à la base d’une construction.
♦ Proposition reçue, sans que l’on se demande si elle est en elle-même vraie ou fausse, pour opérer un ensemble de déductions ultérieures : on raisonne ainsi, comme le faisait déjà Socrate dans le Ménon, « par hypothèse ».
♦ En mathématiques, les données d’un problème ou les énoncés initiaux à partir desquels on démontre un théorème.
♦ Dans les sciences physiques et biologiques, c’est l’« explication anticipée » (Cl. Bernard) déduite de l’observation du phénomène, et appelée à être vérifiée ou infirmée par l’expérience.
hypothèse, vérité possible, mais non encore prouvée. — L'hypothèse est l'idée par laquelle on interprète les faits. La science comme la réflexion philosophique (selon Platon ou Fichte) consistent en un perpétuel va-et-vient entre les faits et les idées. L'observation des faits est le premier moment de toute recherche; l'hypothèse explicative en est le deuxième moment, et la vérification expérimentale le troisième. La capacité de pouvoir faire des hypothèses sert, en psychologie, à mesurer le degré d'esprit inventif d'une personne. On distingue, en science, l'hypothèse-loi, ou petite hypothèse qui se définit comme l'anticipation de la loi, et la grande hypothèse, ou hypothèse-théorie, qui propose une explication de l'ensemble de l'univers (de sa naissance et de sa formation : Laplace; de la nature de la matière : atomisme, etc.). Ce qui est « hypothétique » s'oppose à ce qui est « réel », comme le « probable » au « certain ».
HYPOTHÈSE
1. En mathématique et en logique ce que l’on prend comme données d’un problème ou comme point de départ d’un raisonnement (si, par hypothèse, AB = AC, alors...).
2. Dans les sciences de la nature, explication émise à vérifier ou à éliminer par expérimentation (l'hypothèse est une anticipation, une proposition d'explication).
3. Par extension, toute conjecture plus ou moins douteuse (une secte fondée sur l'hypothèse de la réincarnation).
HYPOTHESE (n. f., étym. : grec hypothesis [latin suppositio] : action de poser [cf. thèse] dessous, fondement, principe, supposition) 1. — Pour Aristote, thèse qui pose l’existence ou l’inexistence d’une chose ; opposée à définition. 2. — (Math.) Ce que l’on prend comme données d’un problème ou comme point de départ d’une démonstration ; (par ext.) condition de la validité d’une conséquence. 3. — Proposition reçue à titre de principe et invérifiable en elle-même dont on déduit un ensemble donné de propositions : « On ne peut jamais déduire des phénomènes les propriétés de la gravitation, et je ne feins pas d’hypothèses » (Newton) ; en ce sens, le terme a souv. un import péj. au xviiie siècle chez les partisans de la méthode expérimentale : Condillac oppose, par ex., les systèmes fondés sur des faits aux systèmes fondés sur des hypothèses. 4. — Proposition obtenue par induction ou observation et destinée à être vérifiée ou infirmée par expérimentation. 5. — Conjecture plus ou moins douteuse. 6. —Hypothétique : a) Qui concerne une hypothèse aux sens 2 ou 3. b) Douteux, incertain, non vérifié, c) Modalité d’un jugement affirmant quelque chose sous condition ; opposé à catégorique, d) Jugement ou proposition hypothétique (logique class.) : proposition de la forme « Si A alors B » ; sous ce terme, on confond l’implication et l’implication valide, e) Syllogisme hypothétique : syllogisme formé totalement ou partiellement de propositions hypothétiques. 7. — Méthode hypothético-déductive : méthode de raisonnement consistant à raisonner déductivement à partir d’hypothèses dont la validité est appréciée a posteriori à partir de celle de leurs conséquences.
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