hypocorisme

Un hypocorisme est une figure macrostructurale. C’est une variété d’ironie, qui s’apparente à l’astéisme : l’hypoco-risme a lui aussi en effet une orientation plutôt favorable et mélio-rative à l’égard de l’objet du propos (orientation très macrostructurale), sans pour autant énoncer à ce sujet des indications en elles-mêmes apparemment défavorables ou négatives ; il est donc plus fin et plus nuancé que l’astéisme. Ex. :

Si on ne goûte point ces Caractères, je m’en étonne; et si on les goûte, je m ’en étonne de même.

Il s’agit d’un commentaire de La Bruyère sur son propre ouvrage. On ne peut pas dire qu’il en dise du mal, ni davantage de bien : le propos a l’air simplement déceptif ou aporétique. Il est cependant difficile de ne pas l’interpréter comme un véritable éloge, qui transforme un commentaire fermé en appréciation chaleureuse. La manipulation se fait bien sûr sur une sorte d’antanaclase touchant je m ’en étonne : la première occurrence renvoie à l’impossibilité, pour un public normal, de ne pas apprécier la satire des travers moraux des contemporains, pour des raisons très habiles de simple bon sens et d’hypocrite assurance dans le bien ; la seconde occurrence renvoie à la non moins hypocrite et habile modestie d’auteur n’osant croire à la qualité de son livre. Le mécanisme est donc subtil et l’hypocorisme fort réussi.

=> Figure, macrostructurale; ironie, astéisme.