HUMOUR
HUMOUR. n. m. Forme d'esprit qui consiste souvent, sur le ton le plus sérieux, à faire ressortir l'absurdité, l'aspect plaisant ou insolite de certaines situations (qui peuvent être douloureuses). L'humoriste prend distance, garde son sang-froid, met en valeur des contradictions, ironise parfois sur lui-même. Par rapport à l'ironie, l'humour se caractérise par une moindre agressivité, une plus grande bienveillance à l'égard de cela même dont il prend distance. L'ironie, elle, attaque volontiers les personnes. Quand l'humour prend distance de la souffrance et de la mort, — il s'agit de l'humour noir —il apparaît comme une revanche, par le rire, de l'homme sur son malheur.
HUMOUR
Terme dérivé, en anglais, du latin humor, et renvoyant initialement à la théorie d’Hippocrate sur les humeurs (bile, atrabile, sang et pituite) qui définissent les tempéraments : l’humour désigne initialement le déséquilibre grâce auquel une humeur l’emporte sur les autres, et c’est le dramaturge Ben Johnson qui semble avoir eu le premier l’idée d’orienter ce déséquilibre vers une voie comique.
L’acception médicale peut alors être oubliée, au profit de la seule littérature, où l’humour, à travers Swift ou Sterne, Wilde ou Richter, Lichtenberg ou Jarry, apparaît, d’une variante à l’autre, comme désignant une forme de défense du sujet devant les agressions du monde extérieur.
♦ Deux approches philosophiques du phénomène semblent complémentaires - si l’on suit sur ce point A. Breton dans son Anthologie de l’humour noir (1939). Hegel définit d’abord un humour objectif, qui se manifeste lorsque la subjectivité est captivée par un objet extérieur. Freud souligne ultérieurement que la réaction humoristique implique une victoire momentanée du narcissisme : au lieu de se laisser entamer par l’extérieur, le moi s’affirme invulnérable, et transforme ainsi l’agression en motif de plaisir. Bien entendu, sa victoire est illusoire - le monde a toujours le dernier mot.
♦ C’est pourquoi, indépendamment des textes ou des œuvres d’art qui l’illustrent, l’humour est aussi une attitude existentielle se traduisant en comportements. Ces derniers cependant, même s’ils sous-entendent la possibilité de fracturer la banalité par l’irruption du plaisir, peuvent s’accompagner d’un vrai pessimisme, si la conscience du caractère passager de la victoire de l’esprit sur le réel domine la satisfaction qu’elle procure. C’est alors que l’humour se révèle comme saisie de « l’inutilité théâtrale (et sans joie) de tout », selon la définition de Jacques Vaché.