HUME : DISTINGUER LES VÉRITÉS LOGIQUE ET EMPIRIQUE
HUME : DISTINGUER LES VÉRITÉS LOGIQUE ET EMPIRIQUE
La vérité est-elle toujours ce qui correspond à la réalité ? Les mathématiques ne portent pas sur des objets réels. Leur vérité ne consiste donc pas dans une correspondance, mais dans une cohérence, celle des propositions entre elles. Il y a ainsi deux sortes de vérités.
« Tous les objets de la raison humaine ou de nos recherches peuvent se diviser en deux genres, à savoir les relations d'idées et les faits. Du premier genre sont les sciences de la géométrie, de l'algèbre et de l’arithmétique et, en bref, toute affirmation qui est intuitivement ou démonstrativement certaine. Le carré de l'hypoténuse est égal au carré de deux côtés, cette proposition exprime une relation entre ces figures. Trois fois cinq est égal à la moitié de trente exprime une relation entre ces nombres. Les propositions de ce genre, on peut les découvrir par la seule opération de la pensée, sans dépendre de rien de ce qui existe dans l'univers. Même s'il n'y avait jamais eu de cercle ou de triangle dans la nature, les : vérités démontrées parEuclide conserveraient pour toujours leur certitude et leur évidence. Les faits, qui sont les seconds objets de la raison humaine, on ne les établit pas de la même manière ; et l'évidence de leur vérité, aussi grande qu'elle soit, n'est pas d’une nature semblable à la précédente. Le contraire d'un fait quelconque est toujours possible, car il n'implique pas contradiction et l'esprit le conçoit aussi facilement et aussi distinctement que s’il concordait pleinement avec la réalité. Le soleil ne se lèvera pas demain, cette proposition n'est pas moins intelligible et elle n'implique pas plus contradiction que l'affirmation : il se lèvera. Nous tenterions donc en vain d’en démontrer la fausseté. Si elle était démonstrativement fausse, elle impliquerait contradiction et l'esprit ne pourrait jamais la concevoir distinctement. »
Hume, Traité de la nature humaine
ordre des idées
1) Un constat : La raison humaine s'exerce sur deux genres d'objets distincts. : a) Les relations entre les idées : elle dit si ces relations sont vraies ou fausses, c'est-à-dire si elles s'accordent ou non avec les relations réelles des idées. — Des exemples empruntés aux mathématiques (relations entre figures, entre nombres). b) Les faits : elle dit si les faits sont établis ou non, s'ils existent ou n'existent pas. 2) Différences entre les vérités d'idées et les vérités de faits. a) Les vérité d'idées sont indépendantes des objets réellement existants. — Elles sont donc « découvertes par la seule opération de la pensée » (le critère de vérité est ici la contradiction ou la non-contradiction, la cohérence des idées entre elles : est faux ce qui implique contradiction). Ces vérités sont évidentes par elles-mêmes et absolues. b) Les vérités des faits sont uniquement constatées par l'expérience (le critère n'est pas la cohérence) — Elles ne sont donc pas évidentes par elles-mêmes (le contraire d'un fait est concevable).
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