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HUME (vie et oeuvre)

Philosophe écossais. L'un des représentants les plus éminents de l'empirisme. Concevant que toutes nos connaissances dérivent des impressions sensibles, Hume s'est employé à établir que l'universalité et la nécessité revendiquées par nos jugements de connaissance correspondent tout au plus à la répétition de ce que nous observons et dont rien ne démontre absolument que nous l'observerons toujours. L'empirisme ouvre ainsi sur une forme de scepticisme. Principaux écrits : "Traité de la nature humaine" (1740), "Enquête sur l'entendement humain" (1748), "Enquête sur les principes de la morale" (1751). David Hume s'attaque à une philosophie qui se préoccupe d'objets métaphysiques comme l'âme ou Dieu. Selon lui, ce sont des choses que l'esprit humain ne peut comprendre. La philosophie doit rester humaine en prenant pour objet d'étude l'entendement humain: comment connaissons-nous, et que connaissons-nous ?

VIE

Hume s'inscrit dans le courant de l'empirisme anglais, qui considère que toute connaissance provient uniquement de l'expérience. Il remet en cause la métaphysique classique.

Un adepte de l'empirisme
David Hume naît à Édimbourg en 1711, dans une famille de petite noblesse aux revenus assez modestes. Études de logique, de rhétorique, de mathématiques. Fait déterminant pour l'évolution intellectuelle de Hume: il prend connaissance du système de Newton. Il a un goût prononcé pour la philosophie et la littérature. Au terme d'un séjour en France, il publie, en 1739-1740, le "Traité de la nature humaine". Cet ouvrage difficile reçoit un accueil froid. Déçu, Hume traverse une crise de mélancolie. Il connaît la célébrité avec les "Essais moraux et politiques" (1741), puis avec l' "Enquête sur l'entendement humain" (1748), qui est une refonte et un résumé du premier livre et d'une partie du second livre du Traité. De retour à Paris, Hume, secrétaire d'ambassade, fréquente les salons littéraires, les philosophes et les encyclopédistes, auprès de qui il connaît un franc succès. Ami de Rousseau, avec lequel il finit par se brouiller, il devient secrétaire d'État en 1765. Hume meurt en 1776, d'un cancer de l'estomac, à Édimbourg.

OEUVRES

L'oeuvre de Hume a pour objet la nature humaine.
Le philosophe entend appliquer à l'homme la méthode expérimentale des raisonnements. Pour lui, les spéculations métaphysiques ne conduisent à rien.

Traité de la nature humaine (1740)
A partir de l'expérience et de l'observation de notre comportement et de nos croyances, Hume analyse ce que nous savons et la manière dont nous savons. Pour lui, il n'y a pas d'idées en soi ou innées; nos idées ne sont que des copies de nos impressions les plus vives. Ainsi, la source de nos idées provient de nos sens. Cela implique que ce que nous prenons pour une loi de la nature — une relation nécessaire, de cause à effet, entre deux phénomènes — n'est qu'une vue de notre esprit: l'habitude d'observer deux phénomènes qui se produisent souvent ensemble finit par nous faire croire qu'il y a un rapport entre eux.

Essais moraux et politiques (1741)
Le scepticisme de Hume s'étend à la politique et à la morale. Pour Hume, l'autorité politique n'est pas fondée sur un principe rationnel; elle tire sa légitimité de l'agrément et de l'utilité sociale qu'elle procure aux hommes et est donc un pis-aller plutôt qu'un pouvoir souverain. Quant à la morale, bien qu'universelle, elle n'a aucun fondement objectif ou scientifique. Elle relève avant tout du sentiment et du sens commun. Seule l'action nous pousse à agir, jamais un raisonnement. Est donc vrai ou bon ce en quoi nous avons besoin de croire pour agir.

Enquête sur l'entendement humain (1748)
Ce résumé du "Traité" comporte un ajout concernant la religion, où l'esprit critique de Hume frise de très près l'athéisme. La question des miracles comme preuve de l'existence de Dieu y est sérieusement mise à mal. Pour Hume, non seulement la probité des témoins est loin d'être fiable (ces derniers pouvant être en proie à une hallucination collective), mais il serait encore plus miraculeux de croire aux miracles que de ne pas y croire. De ce fait, la saine raison conseille à l'homme avisé de ne pas y croire (même si Hume ne «dit» pas que les miracles n'existent pas…). Quant à la Providence, elle n'est qu'une projection de nos propres qualités transformées en un Être suprême.

EPOQUE


Un philosophe en réaction contre la superstition.
En 1745, Diderot, d'Alembert et le chevalier de Jaucourt décident de procéder à une gigantesque mise au point des connaissances contemporaines. L' "Encyclopédie" (1751-1766) doit dissiper les préjugés et permettre ainsi à la raison de triompher. Hume partage avec les encyclopédistes la volonté de libérer le peuple de la superstition. Il dénonce les fondements de ce que nous prenons pour un savoir: la croyance. Contre les faux dévots de son temps, il montre que nous ne «savons» pas, au sens strict, si Dieu existe. Cette forme d'agnosticisme est taxée d'athéisme par ses contemporains.

Une victime de conjurations politico-religieuses.
Ce n'est qu'à partir de 1769 que Hume connaîtra vraiment la gloire littéraire et l'aisance financière. Avant cette date, il sera la victime d'incessantes cabales montées contre lui par les dévots.

APPORTS


La critique humienne de la raison a fortement influencé Rousseau et Kant. La raison, pense Hume, ne peut pas tout connaître. Cette critique avisée, oeuvre d'un homme prudent, reste d'actualité.

Une réaction contre le dogmatisme.
Hume est l'un des pères de la philosophie moderne, laquelle a cessé de croire en l'absolue puissance de la raison. Lorsque Rousseau affirme l'importance du sentiment et nous dit que le bien que la raison nous montre ne sera jamais un facteur d'action, il s'inspire assurément de la pensée de Hume. Kant lui rendra hommage pour l'avoir réveillé de son «sommeil dogmatique». Il reconnaîtra alors que la raison doit avant tout servir la morale plutôt que le savoir.

Postérité/actualité.
Une leçon de circonspection. Bien des principes de la philosophie humienne pourraient éviter au fanatisme d'avoir autant de prise aujourd'hui. Le scepticisme philosophique de Hume souligne les limites de l'intelligence humaine, et surtout sa faillibilité. Là où nous pensons détenir une vérité, nous devons nous rappeler en toute circonstance que nous pouvons être victimes d'un préjugés.

Philosophe et historien écossais (1711-1776).


• Toute l’œuvre de David Hume, le « Newton de la morale », vise à saper les prétentions du rationalisme dogmatique. • Empiriste, Hume affirme que nos idées ne sont que les « copies » de nos impressions (sensations et émotions), et que c’est de la répétition de ces impressions que naît la croyance. • Ainsi, c’est l’habitude de voir toujours deux phénomènes se succéder (je me suis blessé ; je souffre) qui m’incite à interpréter le premier comme la cause du second. En réalité, la causalité, comme l’unité du moi, ne sont qu’hypothèses gratuites et non fondées. • L’empirisme de Hume se double donc d’un scepticisme mesuré, qui s’étend à la sphère morale. La valeur morale d’une action est relative aux sentiments qu’elle inspire à l’individu ou à la collectivité : le bien n’est autre que ce qui est approuvé par tous.

Principales œuvres : Traité de la nature humaine (1739-1740), Essais moraux, politiques et littéraires (1741-1777), Enquête sur l'entendement humain (1748), Dialogues sur la religion naturelle (1779).




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[…] des femmes, de l’abolition de la peine de mort. Se réclamant de Jeremy Bentham autant que de David Hume, John Stuart Mill est le penseur qui a su concilier utilitarisme et altruisme. Socialiste libéral, […]

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