HUMBOLDT Friedrich Heinrich Alexander, baron von. Naturaliste et voyageur allemand.

HUMBOLDT Friedrich Heinrich Alexander, baron von. Naturaliste et voyageur allemand. Né le 14 septembre 1769 à Berlin, où il mourut le 6 mai 1859. D'une famille prussienne noble et aisée, sa mère lui fit donner, ainsi qu'à son frère aîné Wilhelm (le futur philologue), une éducation soignée. Les deux frères, décidés à ne rien devoir qu'à leur seul mérite, furent envoyés en 1786 à l'Université de Francfort pour y compléter leurs études, puis, en 1788, à celle de Göttingen, où Alexandre soutint une thèse de doctorat ès sciences économiques. Mais ce qui l'attirait surtout, c'étaient les sciences naturelles et les voyages scientifiques, et lorsque, en 1790, il entreprit une longue expédition sur les fleuves de l'Europe occidentale, ce fut son premier pas vers la renommée. Humboldt, à peine de retour, voulut partir pour l'Orient, mais, retenu par l'amour qu'il vouait à sa mère, il se rendit à Hambourg, puis étudia à l'Ecole Minière de Freyberg, dans l'Erzgebirge, où il connut Andrea de Rio. Entré en 1792 au Département Minier de Berlin, il devint peu après directeur général des mines de Fran-conie. Il n'en poursuivit pas moins ses observations scientifiques, et publia ses premiers travaux, en particulier un ouvrage sur la végétation des mines de Freyberg, Florae Fribergensis specimen, etc. (Berlin, 1793). Humboldt, qui s'intéressait beaucoup à la découverte de Galvani et aux études de Volta sur l'électricité, écrivit également Expériences sur le galvanisme [1797-99]. Il put satisfaire enfin sa passion des voyages lorsque, le 5 juin 1799, avec son ami le botaniste Aimé Bonpland, il appareilla à La Corogne sur la corvette « Pizarro », en direction des colonies espagnoles d'Amérique. Humboldt, pendant cinq ans, parcourut l'Amérique du Sud, les mers et les îles du golfe du Mexique, et ses observations fournirent dans la suite un apport fondamental à la géographie physique et à la météorologie. Ce fut lui qui, le premier, eut recours aux « isothermiques » pour la représentation des zones d'égale température, inaugurant ainsi une méthode de comparaison entre les différents climats (Des lignes isothermes, 1817). Humboldt escalada divers sommets des Andes pour étudier les variations de température par rapport à l'altitude et au niveau de la mer, et fut un des premiers à étudier la distribution géographique des plantes et des animaux (De distributione geographica plantarum, 1817). Quatre mois durant, il parcourut 1750 milles en pays sauvage, et détermina le point de confluence entre les bassins de l'Orénoque et de l'Amazone. Il découvrit la diminution d'intensité du champ magnétique terrestre du pôle à l'Equateur et, pour décrire un phénomène qu'il était le premier à observer, inventa le terme « tempête magnétique ». Les résultats exceptionnels de ce voyage furent le fruit, non seulement d'une excellente préparation scientifique et de l'expérience mais, avant tout, de cette vision harmonieuse de la nature qui caractérise toute son oeuvre. Son livre Voyage aux régions équinoxiales du Nouveau Continent, fait en 1799-1804 (avec A. Bonpland), qui comprend de nombreux volumes et eut diverses éditions (Paris, 1807, etc.) fut considéré comme un complément de la découverte de l'Amérique. Le savant eut, en effet, le mérite d'initier l'Europe aux problèmes de l'économie américaine. Devenu l'homme le plus célèbre de l'Europe après Bonaparte, et sollicité par toutes les sociétés scientifiques, Humboldt se rendit ensuite avec Gay-Lussac en Italie pour étudier la déclinaison magnétique. En 1808, il s'installa à Paris, et obtint les concours nécessaires à la mise en ordre des résultats de ses voyages, il comptait en France beaucoup d'amis, et fut un grand admirateur de l'idéal de la Révolution française, dans lequel il voyait une juste revanche des opprimés. En 1829, âgé de soixante ans, il .traversa en vingt-cinq semaines toute la Russie, depuis la Néva jusqu'au lénisséi. Ses écrits sont très nombreux : Aspects de la nature; Essai politique de la Nouvelle Espagne (1811); Examen critique de l'histoire de la géographie du Nouveau Continent (1814-34); Fragments de géologie et de climatologie asiatiques (1831); Asie centrale, recherches sur les chaînes de montagnes et la climatologie comparée (1842); Minéralogie-Géognosie [1837-42]; mais son oeuvre la plus importante demeure le célèbre Cosmos, dont les quatre premiers volumes furent publiés entre 1845 et 1858, le cinquième (posthume) en 1862. Alexandre de Humboldt, très considéré à la cour de Prusse, fut chargé de diverses missions diplomatiques. ? «En fait de savoir et de connaissances pleines de vie, on peut dire qu'il n'a pas son pareil. Avec cela un savoir encyclopédique comme je n'en connais pas d'autre exemple. Quel que soit le sujet auquel on touche, il lui est familier, et on le voit toujours prêt à vous combler des trésors de son esprit. C 'est comme une fontaine aux bouches nombreuses : il suffit de mettre dessous un récipient et la fontaine continue à verser son flot rafraîchissant, inépuisable. » «... Des hommes tels qu'Alexander von Humboldt, qui, pour ce que je cherche et qu'il m'est nécessaire de savoir, m'en disent plus en un seul jour que ce que j'aurais appris en continuant des années à suivre mon chemin solitaire. » Goethe. ? « M. de Humboldt, de nos jours, pour les grandes observations végétales en divers climats, a donné sur plus d'un point consistance et réalité scientifique à ce qui n'existait chez Bernardin [de Saint-Pierre] qu'à l'état de vue attrayante et passagère... » Sainte-Beuve. ? « A-lexandre de Humboldt a été sans conteste le plus éminent naturaliste de son temps. A la fois physicien, chimiste, botaniste, zoologiste, géologue et astronome, il n'a pu devenir le savant hors ligne qu'il aurait dû être s'il avait limité ses investigations à une seule science. Néanmoins, et malgré cette universalité d'activité, il n'a pas été qu'un vulgarisateur; il a approfondi, il a inventé, et ses travaux sur le magnétisme terrestre, sur la climatologie, sur l'analyse de l'air, ses découvertes d'une foule d 'espèces nouvelles dans les règnes végétal et animal, ses observations géologiques et astronomiques le classent, à tous égards, parmi les savants de premier ordre. Il a même constitué à peu près de toutes pièces quelques-unes des branches d'une science nouvelle, dont il a été en quelque sorte le créateur : la physique générale du globe; la géographie climatologique, celle des plantes, la physique des mers, ne possédaient avant lui qu'une existence problématique. » Léon Sagnet.