Horace de Pierre CORNEILLE

Horace de Pierre CORNEILLE, 1640, Classiques Hachette.

• Cette tragédie est fondée sur un célèbre épisode de l’histoire romaine (Tite-Live, Histoire, I, 23-26) que Corneille utilise pour mettre en débat ce qu’exige l’honneur dans un conflit entre les attachements personnels et le service de l’État.

• Au temps du roi Tulle (viie s. av. J.-C.), Albe et Rome sont en guerre. La bataille décisive est imminente. À Rome, dans la maison des Horaces, Sabine, qui est d’Albe - c’est une Curiace, mariée à l'aîné des fils Horaces -, et Camille, sœur des Horaces, fiancée à un Curiace, expriment leurs craintes et leur douleur (I,1 et 2), quand Curiace vient leur apprendre que la bataille est suspendue et que les cités vont remettre leur sort à trois guerriers de chaque camp. L’avenir s’éclaircit (I, 3). Mais Rome choisit les trois frères Horaces, et Albe les trois Curiaces. L'aîné des Horaces reçoit sa mission avec orgueil (Albe vous a nommé, je ne vous connais plus.), Curiace va faire son devoir la mort dans l’âme (Je vous connais encore, et c’est ce qui me tue.). Pour le vieil Horace, le devoir envers Rome prime tout, et, à la nouvelle que ses fils ont plié, que deux sont morts et que le troisième est en fuite, il s’apprête à châtier le lâche (III, 5 et 6). Arrive la nouvelle de la victoire d’Horace : il n’avait fui que par ruse et a vaincu les trois Curiaces successivement (IV, 2). Comme sa sœur Camille, ivre de douleur, crie son désespoir et sa haine de Rome, il la tue (IV, 5). Mis en jugement pour cet acte, il est acquitté : Ta vertu met ta gloire au-dessus de ton crime, dit le roi Tulle (V, 3).

• La grandeur épique et l’horreur tragique sont ici au service d’une thèse qui est fondée sur le modèle romain, mais a une portée politique, en 1640, en raison du conflit franco-espagnol en cours : la priorité du devoir patriotique et de la raison d’État.