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HIPPONAX d'Éphèse. Poète grec

HIPPONAX d'Éphèse. Poète grec. Les indications biographiques transmises par les Anciens sont très pauvres et contradictoires. Il semble que les dates les plus recevables soient celles données par Pline l'Ancien (Nat. Hist., XXXVI, II), confirmées par le Marbre de Paros (ep. 42 : Inser. Gr. XII, 5, 444); le poète serait né aux environs de 575 av. J.-C., et son akmé se situerait vers 540. Il vit certainement le jour à Éphèse; on ne sait rien de sa famille (seul Suidas a mentionné les noms de ses parents) et c'est une fausse interprétation d'un fragment (fr. 39 Diehl, 3) qui a accrédité les légendes qui ont fait de lui le descendant d'une famille richissime ruinée ou un terrassier. Il s'occupa activement de politique dans sa jeunesse, et, lorsque grâce à l'aide perse les tyrans Athénagoras et Comas s'emparèrent d'Ephèse, il dut s'exiler à Clazomènes, où il connut une vie très difficile. C'est à partir de ce moment-là que son existence devient un peu comparable à celle de son prédécesseur Archiloque, exilé à Thasos, où se trouvait rassemblée « toute la lie de la Grèce ». A Clazomènes, Hipponax fut contraint de vivre au milieu de voleurs, d'entremetteuses dont il partageait la misère et copiait la vulgarité. Querelleur par nature, il n'épargna personne et se répandit en invectives grossières et en sanglantes imprécations. Ses deux ennemis les plus acharnés se nommaient Boupalos et Athénide. On ne connaît pas la cause véritable de cette inimitié. Légende, certainement, que l'histoire de la statue caricaturale exécutée par ces deux personnages qu'on rendit frères et sculpteurs pour l'occasion, et que notre poète aurait réduits au suicide par la dureté de ses ïambes vengeurs. Il est à penser, d'ailleurs, que toutes ces histoires n'ont été rapportées que pour mettre en relief la violence de la poésie d'Hipponax. On suppose tout de même qu'à la base de la haine qui existait entre le poète et Boupalos se trouve une rivalité amoureuse : Aréthé aurait préféré Boupalos et Hipponax exhala son dépit en termes grossiers; il couvrit ses héros d'injures, représentant avec un vérisme d'une crudité inouïe le monde impitoyable et laid dans lequel il vivait. Hipponax avait une prédilection pour les contrastes et les effets originaux : il se servit d'un mètre peu usité, le scazon, dont certains lui attribuèrent à tort l'invention, et, à côté de son excessive trivialité, parfois d'un comique très efficace, on découvre chez lui une grâce insoupçonnée lorsqu'il réclame l'amour « d'une enfant belle et tendre » (Fr. 79 D. 3). Il faut reconnaître en lui un poète authentique, et les poètes alexandrins, si raffinés, l'avaient bien senti, eux qui, à l'exemple de Callimaque et d'Hérondas, se l'étaient donné pour modèle. Phénix de Colophon voulut voir en lui un précurseur des moralistes, c'est évidemment la position exagérée d'un « cynique », mais aussi outrée est celle qui consiste à ne voir en lui qu'un voleur ou un grossier personnage : il fut victime de son tempérament bizarre et de la pauvreté. ? « Si, comme on l'a dit, une forme de style brisé favorise la véhémence, la composition qui présente quelque chose de complètement disloqué ne la favorise pas moins. Hipponax a donné un modèle du genre. Ayant dessein d'insulter ses ennemis, il brisa la mesure de son vers, et, le faisant irrégulier, boiteux et sans rythme, il lui donna ainsi la forme qui convient le mieux à la satire et à l'injure. » Démétrius de Phalère.

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