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HINDOUISME

La religion de la plupart des habitants de l'actuelle Union indienne a son origine lointaine dans les traditions apportées par les Aryens qui, vers 1500 avant notre ère et peut-être plus tôt, commencèrent à pénétrer dans le Pendjab. La première littérature religieuse indienne fut constituée par les quatre recueils formant les Veda (vers 1500/1300 av. J.-C.). Ces textes étaient essentiellement rituels, et c'est à partir des rites, dans une explication symbolique des gestes et des formules, que la spéculation théologique prit son essor et se développa d'abord dans les Brahmana (XIe/VIIe s. av. J.-C.) puis dans les Upanishad, dont la rédaction, commencée vers les VIIIe/VIIe s. av. J.-C., se poursuivit jusqu'au Moyen Âge. La religion védique était avant tout une liturgie, une action sacrée, fondée sur le sacrifice. Les dieux védiques étaient, pour la plupart, des forces naturelles divinisées. La classe sacerdotale des brahmanes, qui se réserva le monopole du sacrifice, jouit longtemps d'une prééminence absolue sur les autres castes, celle des guerriers (kshatriya), celle des agriculteurs (vaiçya), enfin celle, inférieure, des çudra, dans laquelle étaient groupées les populations vaincues et qui était exclue du culte. Cependant, quand les Aryens se furent définitivement installés et organisés dans les diverses régions de l'Inde, les cours princières devinrent des centres de vie luxueuse et raffinée : c'est là que s'élabora, sous la protection de la caste des kshatriya, un mouvement religieux nouveau, qui battait en brèche la suprématie des brahmanes et, à l'ancien sacrifice rituel, substituait la voie plus noble de l'ascèse et de la connaissance. Vers le même moment (première moitié du Ier millénaire av. J.-C.), la « révélation » védique continuait de s'altérer, de se transformer au contact des vieilles croyances populaires pré-aryennes qui l'entouraient et l'envahissaient comme une luxuriante forêt vierge. Cette métamorphose s'est prolongée jusqu'à nos jours. Sans cesse, depuis près de trois mille ans, sont venus se mêler, dans le creuset religieux indien, la sagesse des Veda, les expériences des mystiques, les spéculations des philosophes, les songes des poètes, les hantises des superstitions populaires, sans oublier les multiples influences extérieures : bouddhistes, musulmanes, chrétiennes, rationalistes. Religion sans fondateur, sans dogmatique, sans Église organisée, l'hindouisme rassemble la somme la plus prodigieuse de points de vue contradictoires que l'homme ait portés sur Dieu, sur le monde, sur ses rapports avec le monde et avec Dieu. L'hindouisme n'est pas une orthodoxie, il se propose comme le sanatana Dharma, c'est-à-dire la « religion éternelle », et s'est toujours caractérisé par une puissance intarissable d'absorption. Vers les Ve/Ier s. av. J.-C. se constitua à côté de l'ancienne littérature sacerdotale védique un nouveau trésor spirituel, de caractère à la fois métaphysique (les grandes Upanishad) et populaire (l'Épopée). Les poèmes épiques indiens, œuvres typiques de la littérature de cour, ont joué un rôle considérable dans l'hindouisme en popularisant les grands dieux nouveaux - encore très secondaires à l'époque védique - Vishnou et Çiva, en vulgarisant les spéculations métaphysiques et mystiques, enfin en répandant une piété nouvelle consistant essentiellement dans l'action désintéressée et remplie d'amour. Cette épopée se compose de deux poèmes : le Mahabharata (qui comprend le livre de la Bhagavadgita) et le Ramayana. Le développement spéculatif de l'hindouisme s'est accompli dans de grandes écoles de philosophie ou darçana, qui sont le Vaiçeshika, le Nyaya, la Mimamsa, le Sankhya, le Yoga et le Vedânta. 00020000085E00000E6E 858,Parallèlement, la religion populaire poursuivait son évolution propre. L'influence du bouddhisme (v.), très importante dans l'Inde des premiers siècles de notre ère, obligea les tenants du brahmanisme à tolérer les progrès de sectes ou religions populaires : çivaïsme et vishnouisme - avec sa variante, le krishnaïsme -, qui, apparus avant notre ère, éliminèrent le bouddhisme de l'Inde vers le VIIIe s. et atteignirent leur apogée aux XIIIe/XIVe s., les principales dévotions prenant la forme du tantrisme çivaïte et de la bhakti vishnouite. À la fin du XIVe s., l'âge de la grande spéculation indienne apparaît terminé. L'arrivée de l'islam en Inde prépara une rencontre des deux religions, facilitée au XVIe s. par la tolérance du grand empereur mogol Akbar (v.). C'est dans ce contexte que se situent l'œuvre du poète Kabir († 1518) et la fondation de la secte rigoureusement monothéiste des sikhs (v.), au début du XVIe s. Lorsque les Européens s'installèrent en Inde, au XVIIIe s., le brahmanisme était en pleine décadence. C'est sous l'influence occidentale qu'apparurent, au cours du XIXe s., des tendances réformatrices, exprimées par deux mouvements, le Brahmosamaj et l'Aryasamaj, et par un sage tel que Ramakrishna. L'hindouisme moderne se caractérise par de fortes tendances syncrétistes, par la lutte contre l'idolâtrie et la superstition et par le primat des valeurs actives, que Vivekananda et Gandhi (v.) se sont successivement employés à réhabiliter. Les mouvements nationalistes apparus au début du XXe siècle autour de l'identité hindoue ont, à partir des années 1980, acquis un poids politique majeur en Inde. L'hindouisme a exercé son influence dans toute l'Asie du Sud-Est, particulièrement au Cambodge, dans l'Empire khmer, et à Java, dans la partie orientale de l'île, centre de la dynastie çivaïte de Sanjaya. Mais partout l'hindouisme fut supplanté par le bouddhisme : à Ceylan, dès le IIIe s. av. J.-C. ; en Birmanie, vers les Ve/VIe s. de notre ère ; au Siam, vers le XIVe s. ; au Cambodge, au XVe s., tandis qu'en Indonésie, bouddhistes et hindouistes rivalisèrent jusqu'à la conquête par l'islam (XVe s.).



UPANISHAD ou UPANISAD. Nom donné aux livres sacrés de l'hindouisme. Les Upanishad (ou traités des équivalences) constituent les plus anciens écrits philosophiques de l'Inde. Leur datation est incertaine, peut-être, pour les plus anciens, entre 700 et 300 av. J.-C.

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