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hiatus

Il peut être étonnant de voir figurer ce mot parmi les termes de rhétorique : on va s’en expliquer, en signalant en outre que la métrique le rejette aussi parfois, l’abandonnant assez lâchement à un éventuel canton (accueillant) de la poétique. Quintilien, qui n’est pas soupçonnable de poétiser, même pas au sens théorique et actuel du mot, parle en effet, très rhétoriquement, de l’hiatus. On dira donc qu’un hiatus consiste essentiellement en la rencontre sonore de deux voyelles (c’est-à-dire l’une et l’autre précisément prononcées), entre deux mots : la dernière de l’un et la première du suivant, la séquence étant contiguë, et chacune formant ainsi la syllabe ou ultime ou initiale (prononcera-t-on en hiatus la séquence un loup affamé ?). Le problème de l’hiatus, et qui fait justement qu’on en parle ici, est qu’on ne sait pas très bien quel jugement faire de lui. Il y a d’abord la relativité du ressentiment que l’on en a, selon les genres, en fonction des publics et au cours des temps. D’où le second point : la tradition est partagée sur l’appréciation de l’hiatus. Certains ont tenté de le bannir absolument ; mais Quintilien dit qu’il ne faut pas exagérer ce scrupule :

La crainte de tomber dans ce défaut ralentit nécessairement ce beau feu qui doit animer l’orateur, et détourne son esprit de pensées plus importantes. C’est pourquoi comme il y a de la négligence à permettre ces sortes de fautes, aussi y a-t-il de la petitesse à s’en garder avec trop de soin.

Cette réflexion illustre la sagesse en rhétorique.

=> Genre, orateur; style, élocution; vices; synalèphe.

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