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Hérodote

Hérodote (v. 490-v. 425 av. J.-C.). Historien grec, auteur des Histoires (Historiai, «enquêtes») des guerres médiques. Fils de Lyxès, issu d’une famille distinguée d’Halicamasse en Carie, à cette époque ville de culture grecque ionienne. Il était un parent (neveu ou cousin) du poète épique Panyassis, qui fût mis à mort par Lygdamis, tyran d’Halicamasse, lors des désordres politiques des années 460. Hérodote se retira ou fut exilé à Samos, puis il fit de grands voyages en Égypte et dans le monde grec. Il visita Athènes vers le milieu des années 440, et on dit qu’il y fit la connaissance de Periclès avant, dit-on, de se joindre à la colonie athénienne de Thurii (fondée en 443) près de Sybaris, en Italie du Sud. Il mentionne des événements allant jusqu’à 430, mais pas au-delà. On suppose qu’il est mort avant 420. Cicéron et d’autres ont appelé Hérodote «le père de l’histoire», car son récit des guerres médiques témoigne d’un caractère et d’une compréhension inconnus auparavant, notamment dans sa façon de saisir l’importance décisive de ces guerres pour le développement ultérieur du monde méditerranéen. Il explique la portée de son œuvre dans sa phrase initiale : il s’agit d’une investigation, historié, entreprise afin que les grandes prouesses des Grecs et des barbares (dans ce cas les peuples d’Asie) ne soient pas oubliées, et en particulier pour montrer comment ils en vinrent à se combattre. Il écrivait une génération après ces guerres, et les faits n’étaient plus directement accessibles. Pour la plus grande part, ses sources n’étaient pas consignées par écrit : lui-même souligna le fait que son travail reposait sur ce qu’il avait vu et entendu, et sur les conclusions qu’il en avait tirées. Sur cette base, il essayait d’édifier un récit réel et systématique. Il rechercha ceux qui possédaient les renseignements dont il avait besoin et qui conservaient l’histoire de leur famille (renseignements particulièrement susceptibles d’être déformés pour des raisons politiques ou autres) ; il rechercha aussi les prêtres et les fonctionnaires qui avaient accès aux documents écrits; mais à l’étranger, lorsqu’il ne connaissait pas la langue, il lui fallait compter sur des interprètes. D’une manière subtile, son histoire fut façonnée par de nombreuses influences. Il peut avoir appris d’Homère à diviser le monde entre Grecs et barbares, assignant à son récit une finalité semblable à celle du poème épique, à savoir conserver la mémoire des grandes actions. Il comprit certainement les événements de l’histoire comme ayant leur source dans le caractère et les actes individuels de grands hommes. Sous cet aspect, il se peut qu’il ait été influencé par les contes populaires qui conservaient les événements de la vie de tels hommes, brodaient dessus et les façonnaient. Ces histoires avaient également un point de vue moral. Hérodote voyait une providence inexorable étayer son histoire toute entière : les dieux veillent à ruiner tout orgueil outrecuidant ; ils interviennent dans les affaires humaines et leurs oracles ne peuvent être négligés. Cependant, si causes et effets divins opéraient, Hérodote admettait également, sur un plan différent, qui n’était pas moral, des causes et des effets scientifiques. Sa recherche d’explication rationnelle des choses et son intérêt pour les causes naturelles révèlent autant sa propre tournure d’esprit que l’influence de savants ioniens et de logographes plus anciens, «ceux qui écrivent des récits historiques », en particulier Hécatée. Les digressions d’Hérodote lorsqu’il s’éloigne du thème principal, qui peuvent aller de simples anecdotes à un livre entier sur l’Égypte, peuvent très bien avoir été dans la manière de ces écrivains, mais la curiosité scientifique sans limite qu’elles manifestent est entièrement le fait d’Hérodote. Ces digressions diversifient l’œuvre d’Hérodote à tel point que certaines parties d’entre elles sont, plutôt que de l’histoire, des études d’anthropologie, d’ethnographie et d’archéologie. Les Histoires couvrent la lutte entre la Grèce et l’Asie depuis l’époque de Crésus (milieu du VIe s. av. J.-C.) jusqu’à la retraite de Xerxès de Grèce (478 av. J.-C.). On a pensé qu’elles étaient inachevées, mais il n’apparaît pas évident qu’Hérodote ait eu l’intention de couvrir des événements allant au-delà de la capture de Sestos, sur laquelle se termine le neuvième et dernier livre; le dernier épisode, qui souligne le déclin des Perses, a une résonance de conclusion. La division de l’ouvrage en neuf livres, chacun ayant reçu un titre d’après une muse, est probablement le plan des éditeurs alexandrins; Hérodote lui-même divisa son livre en logoi, «épisodes». Certaines de ses histoires ont paru si invraisemblables à des Grecs d’une époque ultérieure que l’auteur acquit une réputation de menteur : Plutarque l’a également accusé d’injustice et de manque de charité (Plutarque venait de Béotie, dont la ville principale, Thèbes, était l’ennemie implacable d’Athènes). Aux temps modernes, on a mieux compris les tentatives d’Hérodote d’utiliser la tradition orale lorsqu’il décrit d’autres sociétés, et sa réputation de véracité a été rétablie. Son style clair, simple, gracieux et son récit offrent beaucoup de charme. Il a écrit dans son dialecte natal, l’ionien, et utilisé également des formes poétiques et archaïques; les manuscrits comportent néanmoins des formes dont il y a peu de chances qu’Hérodote les ait utilisées, le texte ayant peut-être été compilé par des éditeurs grecs qui ignoraient l’usage correct. Voici les principaux sujets des différents livres :

Livre I. Le blâme du conflit entre les Grecs et les barbares est rejeté sur Crésus, qui, en attaquant Cyrus de Perse, ruine son propre royaume de Lydie. Une digression explique pourquoi ni Athènes ni Sparte n’ont aidé Crésus. Après la conquête des Mèdes par Cyrus, celui-ci met sous son joug les Grecs d’Asie Mineure ; puis vient un récit de l’Empire perse sous Cyrus, et de Babylone ; le livre se termine sur la guerre de Cyrus contre les Massagètes.

Livre II. Ce livre est consacré à une description de l’Égypte, dont le prétexte est fourni par l’invasion de ce pays par Cambyse, fils et héritier de Cyrus (l’histoire de Rhampsinite se trouve dans le chapitre 121).

Livre III. Conquête de l’Égypte par Cambyse, histoire de l’usurpateur perse, le pseudo-Smerdis ; accession au trône et réformes de Darius (anecdotes de Polycrate, tyran de Samos, et de son anneau sigillaire, 40, de Zopyre et de la prise de Babylone, 153).

Livre IV. Les expéditions de Darius en Scythie et en Libye (145), avec une description de leurs peuples.

Livre V. Les opérations du général perse Mégabaze avec un détachement de troupes contre les Thraces, et une description de ces derniers ; la révolte d’Ionie (28) et l’incendie de la cité perse de Sardes par les Ioniens (101).

Livre VI. Répression de la révolte ionienne; marche du général perse Mardonios en Macédoine, et destruction de la flotte perse au large du mont Athos (43); seconde expédition perse en Grèce sous les ordres de Datis et d’Artapheme (94) ; la victoire grecque de Marathon (102) : course de Philippidès d’Athènes à Sparte (105); anecdote de Clisthène et Hippocleidès (126). Les événements du côté perse alternent avec les événements de Sparte et d’Athènes.

Livre VII. Mort de Darius ; préparatifs de Xerxès, son fils et héritier, et invasion de la Grèce ; défaite des Grecs aux Thermopyles (201).

Livre VIII. Victoires des Grecs à l’Artémision et à Salamine (56), retraite de Xerxès (97).

Livre IX. Victoire des Grecs à Platées et retraite des Perses ; victoire des Grecs à Mycale (98) ; capture de Sestos (auparavant détenu par les Perses; 114).

Hérodote, historien et voyageur (Halicarnasse, en Carie, 484-Thurium, Grande-Grèce, 424 av. J.-C.) Fils de Lyxès et de Dryo, il appartenait à une famille noble et aisée. Jeune encore, il quitta Halicarnasse dominée par le tyran Lygdamis, qui avait fait mettre à mort son parent (peut-être son oncle), le poète Panyasis. Après un séjour à Samos où il se perfectionna dans le dialecte ionien, il consacra plusieurs années à voyager en Thrace, dans l’empire perse (en Asie Mineure, Mésopotamie, Médie), peut-être jusque chez les Scythes d’Asie, en Égypte et peut-être en Libye. De ces voyages il assembla les matériaux destinés la rédaction de ses Histoires où, avant d’entreprendre la narration détaillée des guerres Médiques, il rapporte une multitude d’éléments et de faits, souvent saisis sur le vif, concernant les pays visités, ce qui fait de lui, non seulement le premier géographe et historien dont on ait conservé l’ensemble de l'œuvre, mais aussi le premier ethnographe. Selon Lucien de Samosate (IIe s.), il aurait lu des extraits de son ouvrage lors des jeux Olympiques, devant les Grecs assemblés. Ce serait même en l’écoutant que Thucydide, encore adolescent, aurait senti naître sa vocation d’historien. Il résida sans doute à Athènes et il accompagna peut-être les premiers colons sollicités par Périclès pour peupler la nouvelle fondation coloniale de Thurium, en 443. C’est là qu’il termina ses jours et, sans doute y écrivit-il la plus grande partie de son ouvrage.




Rhampsinite. Ramsès (III ?), pharaon d'Égypte. L'historien grec Hérodote (Histoires, II, 121) raconte à son propos l'histoire suivante. Le pharaon fit construire une chambre au trésor, mais l'architecte, en secret, fit en sorte que l'une des pierres du mur pût s'ôter. Après la mort de l'architecte, ses fils, connaissant le secret, s'introduisirent dans la chambre et puisèrent dans le trésor. Le roi, voyant le trésor diminuer sans que les sceaux de la porte fussent brisés, installa un piège, dans lequel fut pris l'un des frères. Celui-ci, appelant aussitôt l'autre frère à l'aide, lui ordonna de lui couper la tête et d'emporter cette tête, afin que nul ne pût les identifier. Ce qui fut fait (voir TROPHONIOS).

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