HERBART Pierre. Ecrivain français

HERBART Pierre. Ecrivain français. Né à Dunkerque (Nord) en 1903, mort à Grasse (Alpes-maritimes) le 7 août 1974. Il appartenait à une vieille famille d'armateurs, mais il pensait que son père légal ne devait pas être son véritable père. De plus, ce pere légal abandonna un jour les siens pour vivre en vagabond et il devait mourir en clochard, dans un fossé. Le jeune Pierre fut élevé par une mère qu'il adorait et près d'un frère aîné qui s'assurera une bonne situation dans une banque. Dès ses dix-huit ans, Herbart vient à Paris où le loge un frère de sa mère, mais il fréquente surtout Pigalle et s'éprend d'une petite prostituée qui disparaîtra mystérieusement. Herbart assure que ce fut le plus grand amour de sa vie. En 1923, sa mère lui offre un voyage en Afrique. A Fez, il rencontre un jeune peintre américain qui l'initie au haschich. Il descend vers Dakar, puis visite le Dahomey. Il rentre en France par Marseille dont les vieux quartiers l'enchantent. Il est attiré par le communisme, promesse de grand chambardement. Cependant, ce sera chez un curé qu'il trouvera son premier emploi : il devient répétiteur à la Pension Saint-Pandoise, à Cabris, petit village au-dessus de Grasse. Puis il remonte à Paris, vit dans la bohème, fréquente Cocteau dont le rapprochent l'homosexualité et surtout la drogue. C'est en 1928 qu'il fait par hasard la rencontre de Gide, venu rendre visite à Cocteau. Il apparaît à Gide comme l'incarnation même de Lafcadio. Gide l'encourage à écrire et il compose Le Rôdeur qui paraît en 1931. C'est un récit d'un romantisme à la René Crevel. Gide présente Herbart à Elisabeth van Rysselberghe, la mère de sa fille Catherine. Entre Pierre et Elisabeth l'entente est immédiate, et si parfaite qu'ils s'épousent en septembre de cette annee 1931. Cependant, Herbart a accepté d'accompagner en Indochine Andrée Viollis, grand reporter au Petit Parisien. Il ne renonce pas à ce voyage qui lui permettra de voir les horreurs du colonialisme, plus frappantes encore qu'en Afrique noire. Il reviendra de là-bas communiste décidé. En 1935, il acceptera de partir pour Moscou où on lui propose de diriger la revue Littérature internationale. Il vivra un an en U.R.S.S., et c'est avec lui que Gide fera son voyage à travers le pays en juin-juillet 1936. Finalement, leurs conclusions seront les mêmes. Un court voyage en Espagne pendant la Guerre civile permettra à Herbart de découvrir la duplicité de la stratégie soviétique dans le domaine de la politique internationale. Il décide de rompre avec les communistes. En janvier 1938, il s'embarque à nouveau pour l'Afrique noire. Il en rapportera un tract contre les méfaits du colonialisme et le scandale de l'Office du Niger. Le Chancre du Niger paraît au printemps 1939. Au début de la guerre, Herbart vit retiré à Cabris. C'est en 1943 qu'il entre dans la Résistance et organise une filière vers l'Espagne pour permettre à de jeunes requis d'échapper au travail en Allemagne. Puis il est nommé responsable régional de la Résistance pour la Bretagne et il sera, sous le nom de général Le Vigan, le libérateur de Rennes en juin 1944. En réalité, il n'a jamais parlé qu'avec le sourire de son activité de résistant, mais, après la Libération de Paris, il allait essayer de lancer un hebdomadaire de haute tenue, Terre des Hommes qui n'aura qu'une existence éphémère. Il participa aussi quelque temps à l'aventure du journal Combat, puis s'abstint de toute activité politique. En 1945, il avait publié un chef-d'oeuvre du récit court, Alcyon. On crut qu'il allait s'appliquer à mener une carrière littéraire. Mais il s'est contenté de donner paresseusement, à intervalles espacés, quelques livres admirables : L'Age d'or (1953), La Ligne de force (1958), La Licorne (1964), Souvenirs imaginaires (1968). Aujourd'hui écrivain pour connaisseurs, il se peut que demain sa vie s'organise en légende d'enfant du siècle et qu'il connaisse une gloire posthume.