HENRI VIII D’ANGLETERRE
HENRI VIII D’ANGLETERRE
Né à Greenwich en 1491, mort à Westminster en 1547. Fils d’Henri VII auquel il succéda en 1509. Il engagea une lutte contre la France qu’il vainquit à la bataille de Guinegatte (1513), mais dut retourner en Angleterre pour réduire une invasion des Ecossais. Il fut plus tard l’allié de Charles Quint contre François Ier. À cette époque, lassé de son épouse Catherine d’Aragon, il ne put obtenir du pape l’annulation de son mariage. En conséquence, il rompit avec le Saint-Siège et se fit proclamer par le Parlement chef suprême de l’Eglise d’Angleterre (1534). Il épousa alors en secondes noces Anne Boleyn, l’une des dames d’honneur de Catherine. Le schisme était consommé, l’Église anglicane naissait. Aussitôt commencèrent les persécutions contre le clergé catholique: dispersion des ordres religieux et saisie de leurs biens, exécution de Thomas More, son ministre. Henri VIII épousa successivement six femmes dont deux furent décapitées sur son ordre.
Henri VIII (Greenwich 1491-Westminster 1547); roi d’Angleterre [1509-1547] et d’Irlande [depuis 1541].
Élevé dans l’esprit de la Renaissance, deuxième fils d’Henri VII et d’Élisabeth d’York, H. est le premier souverain anglais depuis bien longtemps qui n’ait pas eu besoin de défendre contre d’autres prétendants son droit à la couronne d’Angleterre, dont la puissance et le rayonnement avaient été considérablement renforcés par son père. Sûr de lui et avide de gloire, le jeune roi, sur les conseils du futur cardinal Wolsey, conduit entre 1512 et 1514 une première guerre contre la France, et gaspille ainsi les réserves financières accumulées par son père. Courtisé par les deux monarques rivaux, Charles Quint et François Ier, qui recherchent tous deux son alliance, il bénéficie au départ d’une position favorable dans le contexte des rivalités qui opposent les grandes puissances. Poursuivant sans relâche, durant quatre ans (1521-1525), le leurre d’une reconquête du trône de France, H. et Wolsey surestiment gravement, dans leur politique extérieure, les moyens de l’Angleterre, et négligent les véritables intérêts du royaume ; leurs exigences fiscales de plus en plus grandes mènent le pays au bord de la rébellion. Les scrupules de conscience que lui causent son mariage avec la veuve de son frère aîné, le problème de sa succession - la rupture des fiançailles conclues entre Charles Quint et la princesse Marie, alors unique enfant légitime d’H., laissant planer la menace d’une reprise des épouvantables guerres civiles du XVe siècle - enfin, et surtout, la passion du roi pour Anne Boleyn, qui ne se satisfait point du rôle de maîtresse, font de la question du divorce royal entre 1525/1526 et 1533, le problème central de la politique anglaise. L’hostilité de l’Espagne et de la France, suscitée par les maladroites menées diplomatiques de Wolsey, l’isolement de l’Angleterre, et le refus du pape Clément VII de prononcer l’annulation du mariage, provoquent finalement, en 1529, la chute du cardinal ; celui-ci, principal ministre d’H. et représentant du pape (légat a latere) dans les deux provinces ecclésiastiques d’Angleterre, détenait jusque-là la quasi-totalité du pouvoir, aussi bien temporel que spirituel. Après une période d’hésitations (1529-1532), durant laquelle les tractations avec le pape se poursuivent, H., qui, pour son pamphlet contre Luther (Assertio septem sacramentorum, 1521), avait reçu du pape le titre de « défenseur de la foi », se résout finalement, sur le conseil de Thomas Cromwell, à la rupture avec Rome. Entre 1532 et 1534, le paiement des redevances à Rome est interdit, et la juridiction pontificale en Angleterre supprimée, ce qui rend possible la prononciation du divorce royal par un tribunal anglais, et la légitimation de sa liaison avec Anne Boleyn ; le roi est reconnu comme chef suprême, institué directement par Dieu, de l’Église nationale d’Angleterre, désormais indépendante de Rome (Acte de suprématie, 1534) ; tout cela à la faveur de l’attitude anticléricale des grands propriétaires fonciers et de la bourgeoisie, et surtout grâce au soutien du Parlement, qui entérine toutes ces mesures sous forme d’une série de lois d’importance fondamentale. Par là même, le choix des évêques, la législation ecclésiastique, la juridiction sur le clergé, et les questions de dogme elles-mêmes ne dépendent plus que de la seule volonté du roi ; dans l’ensemble, H. reste attaché à l’essentiel de la doctrine catholique, malgré d’occasionnelles concessions faites pour des raisons diplomatiques aux éléments protestants. Bien que la mise en cause de l’autorité pontificale n’ait rencontré une opposition ouverte que de façon sporadique, opposition brisée par des exécutions - entre autres celles de Thomas More et de John Fisher, deux des plus grands personnages d’Angleterre à l’époque -, la suppression d’une partie des monastères et la confiscation de leurs domaines au profit de la couronne conduisent à un dangereux mouvement de protestation parti du nord de l’Angleterre (« pèlerinage de Grâce », 1536-1537) ; ce mouvement est vigoureusement réprimé par H. qui finit par séculariser la totalité des monastères restants. Ces transformations révolutionnaires, opérées au cours des années 30 du XVIe siècle, se fondent, dans l’esprit de leur initiateur, Thomas Cromwell, sur l’idée de l’entière indépendance de l’État vis-à-vis des puissances extérieures, ainsi que, à l’intérieur, sur celle de la souveraineté du roi appuyé sur le Parlement (King in Parliament). En érigeant en principe la suprématie des lois parlementaires - principe dont la réalisation complète mit plus d’un siècle pour s’imposer victorieusement sur l’ancienne conception d’un droit par nature immuable - ces mesures posaient les bases de l’Angleterre moderne. Le Parlement, instrument indispensable de la politique royale, cessait d’être seulement la juxtaposition des représentants des intérêts locaux pour devenir peu à peu un outil politique efficace et un organe de représentation de la nation dans son entier. En matière administrative, grâce aux réformes de Cromwell, un système bureaucratique remplaça peu à peu, à la tête de l’État, les grands dignitaires de la maison royale ; ce nouveau personnel, qui obéissait à des critères d’intérêt général au lieu d’être simplement au service des besoins privés du roi, assurait désormais la continuité de l’action gouvernementale. L’organisation en 1534-1536 du Conseil privé (Privy Council), composé des principaux détenteurs des charges publiques, instrument central du gouvernement qui dirigeait à la fois la politique et l’administration, l’évolution de l’office de Premier secrétaire du roi vers une fonction politique clé, et la réorganisation de l’administration financière, sont les éléments essentiels de cette réforme de l’administration centrale. Après la décapitation de Cromwell (1540), H. règne, privé de bons conseillers, et en surestimant ses possibilités. Les autres grandes réalisations de son règne sont l’unification de l’Angleterre et du pays de Galles (1534-1536), l’extension de la puissance royale dans le nord de l’Angleterre, l’acquisition du titre royal en Irlande, et la création d’une puissante marine de guerre. Malgré ses six mariages, contractés avant tout pour assurer sa succession, d’abord avec Catherine d’Aragon (dont il divorce en 1533, mère de Marie, 1516-1558), puis avec Anne Boleyn (accusée d’adultère et décapitée en 1536, mère d’Élisabeth, 1533-1603), Jane Seymour (morte après avoir donné naissance à son seul fils légitime, Édouard VI, 1537-1553), Anne de Clève (dont il divorce en 1540), Catherine Howard (accusée d’adultère et décapitée en 1542), et Catherine Parr (depuis 1543), il ne laisse à sa mort aucun héritier mâle en âge de régner, d’où de nouvelles luttes intestines, auxquelles cependant l’État survivra, en particulier grâce aux réformes des années 1530. Par sa personnalité volontaire et son efficacité dans les affaires, grâce aussi au soutien du Parlement dont il renforce le rôle, H. consolide l’autorité de la couronne anglaise au détriment de l’Église et de l’aristocratie, et fonde cet État efficace qui, après l’anarchie du siècle précédent, répondait si bien aux besoins de paix et d’ordre du pays, de même qu’à l’aspiration de ce dernier à être conduit d’une main ferme par un chef capable de surmonter les nouvelles difficultés, tant sociales que politiques.
Bibliographie : E. Bourassin, Henry VIII, 1980 ; F. Hackett, Henri VIII, trad. angl. S. Campaux, 1981; G. Minois, Henri VIII, 1989.
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