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HENRI IV (1553-1610) - Bourbon

HENRI IV (1553-1610) - Bourbon

• Roi de Navarre [1572-1610], roi de France [1589-1610] Juste avant de mourir, en 1589, Henri III désigne nommément Henri de Navarre, son cousin éloigné et son plus proche parent, comme son successeur. Mais ce n’est que le 27 février 1594 qu’Henri IV, enfin accepté par la France, sera sacré. Celui qui, pendant de longues années, a été l’espoir des huguenots, se trouve donc en devoir de reconquérir sa très catholique capitale, Paris. En 1590, il l’assiège sans succès. Le 25 juillet l 593, Henri, considérant que « Paris vaut bien une messe » (l’a-t-il vraiment dit ?), se convertit au catholicisme en la basilique Saint-Denis. Il entre dans sa capitale le 22 mars 1594. Entre 1595 et 1598, il bat les Espagnols, puis, le 13 avril 1598, est proclamé l’édit de Nantes, qui, tout en garantissant aux protestants la liberté de culte, fait du catholicisme la religion de l’Etat. Les guerres de Religion prennent ainsi fin, celles avec l’Espagne se terminant avec le traité de Vervins (2 mai 1598). En 1600, Henri IV épouse Marie de Médicis, après avoir fait annuler son précédent mariage avec Marguerite de Valois. En 1601, au traité de Lyon, le royaume s’agrandit grâce à l’acquisition de territoires entre Saône et Rhône. Le pays, enfin en paix, connaît une période de reconstruction. Sully assainit les finances. En 1604, on crée la «paulette», une redevance payée à l’Etat pour un office de finances ou de judicature (qui est désormais héréditaire). Henri IV encourage le commerce extérieur et, comme le projet d’une Compagnie des Indes échoue à cause de la supériorité hollandaise, ce sont les expéditions en Amérique du Nord qui sont favorisées. Elles aboutissent, en 1608, à la fondation de Québec par Champlain. Henri IV s’allie aux princes protestants allemands contre les Habsbourg d’Autriche et d’Espagne. Ce rapprochement, tout politique et qu’Henri II comme François Ier avaient déjà pratiqué avant lui, réveille pourtant les fanatismes. Le 14 mai 1610, alors que le roi quitte le Louvre, son carrosse se trouve bloqué rue de la Ferronnerie. Un dénommé Ravaillac saute sur le marchepied de la voiture royale et poignarde le souverain. Ainsi meurt tragiquement un des rois les plus populaires de l'histoire de France, celui que très longtemps après sa mort le peuple a appelé le « bon roi Henri ». Quand il monte sur le trône, pourtant, la situation du pays n’est pas brillante. Les guerres de Religion ont affaibli l’économie du royaume (productions en baisse, commerce menacé par l’insécurité des voies de communication). Une restructuration est nécessaire. Un homme est traditionnellement associé à ce renouveau, Sully, qui encouragea notamment le développement de l’agriculture (n’a-t-il pas déclaré que « labourage et pâturage [étaient] les mamelles de la France»?). A partir de 1601, sur les conseils de Barthélemy de Laffemas et d’Olivier de Serres, Henri IV engage le pays dans une politique d’établissement de manufactures : verreries, tissage de toile et de soieries. Pour fournir la matière première à ces dernières sont entrepris la culture du mûrier et l’élevage du ver à soie. Production nationale accrue pour freiner les importations, tentatives vers l’exportation avec, comme on l’a vu, une recherche de débouchés nouveaux, il s’agit là d’une première action économique nationale structurée (Colbert, le grand ministre de Louis XIV, en fera autant) mais elle ne recevra pas le soutien - nécessaire - de l’ensemble des Français. Sous le règne d’Henri IV, le pouvoir royal, après un raffermissement net du temps de François Ier et d’Henri II, a connu des moments d’insigne faiblesse mais continue à progresser. Le pouvoir personnel, que l’habileté politique du roi et sa popularité contribuent largement à asseoir, s’affirme. Les parlements, avec qui il ménage les apparences, sont, dans la pratique, dépossédés de tout pouvoir réel, le souverain se constituant une source importante de revenus grâce à l’instauration de la vénalité héréditaire des charges. Les nobles sont mis au pas, moyennant quelques concessions financières mais aussi par la force quand il le faut. La paix et la prospérité retrouvées, Henri veut les marquer dans l’espace et la pierre. Il dessine pour la capitale un nouveau réseau de places et de rues, hâte les nouveaux travaux du Louvre, des châteaux de Fontainebleau et de Saint-Germain-en-Laye. En littérature, les poètes Agrippa d’Aubigné (Les Tragiques) et Mathurin Régnierse rattachent encore à la tradition de la Renaissance, alors que Malherbe (qui adresse des Stances au roi Henri le Grand) ouvre déjà la porte au classicisme, qui verra son apogée dans la deuxième moitié du xviie siècle.

HENRI IV

Né à Pau en 1553. Roi de Navarre (1572), fils d’Antoine de Bourbon et de Jeanne d’Albret. La mort du duc d’Alençon, frère d’Henri III, fit de lui l’héritier naturel de la couronne de France (1589). Mais, de religion protestante, il dut s’imposer aux catholiques peu disposés à l’accepter. Sa valeur militaire l'y aida (victoires d’Arques, 1589, et d’Ivry, 1590, sur le duc de Mayenne et la Ligue), et surtout son abjuration du calvinisme (1593). Paris lui ouvrit alors ses portes (1594) et les chefs de la Ligue se soumirent. En 1598, il publia l’édit de Nantes par lequel il assurait aux réformés la liberté religieuse et signa la même année le traité de Vervins qui mettait fin à la guerre contre les Espagnols. Il travailla alors, avec Sully, Jeannin et Serres, à restaurer les finances, l’industrie et l’agriculture du pays. Son mariage avec Marguerite de Valois ayant été annulé (1599), il épousa en 1600 Marie de Médicis, rétablissant ainsi l’influence française sur l’Italie. Un nouveau conflit contre l’Espagne se dessinait lorsqu’il fut assassiné par Ravaillac, le 14 mai 1610. Il laissait le souvenir d’un grand capitaine (ses soldats l’appelaient le « roi des braves ») et d’un monarque généreux. Sa vie sentimentale mouvementée lui valut le surnom de Vert Galant.

Dates de règne : 1589-1610 Épouses : Marguerite de Valois (1553-1615), Marie de Médicis (1573-1642).

Le fils d'Antoine de Navarre et de Jeanne d'Albret doit batailler ferme pour conquérir son trône. Philippe II d'Espagne tente de faire valoir les droits de sa fille Isabelle mais la loi salique empêche une telle prétention. Les savants de la Sorbonne statuent et affirment que Henri de Navarre est le plus légitime des héritiers de Hugues Capet. Cela ne suffit pas à calmer l'ire de la Ligue qui refuse de voir un souverain protestant monter sur le trône de France. Henri accepte de se convertir au catholicisme en 1593 et se fait sacrer à Chartres un an plus tard. La guerre contre l'Espagne engagée en 1595 est l'autre acte fondateur du règne d'Henri IV. En 1598, il promulgue ledit de Nantes qui confirme le catholicisme dans son statut de religion d'État mais qui accorde certaines libertés aux protestants. On dénombre à l’époque plus d'un million de huguenots en France et il leur est concédé une centaine de places où leur sécurité sera garantie. Les huguenots ont accès aux charges et possèdent leurs écoles. Les pasteurs sont à charge de l'État. Après une longue période de troubles, Henri IV doit restaurer l'autorité royale et la prospérité économique. Il lutte contre les féodaux et confie au duc de Sully le soin de réorganiser l’État. Nul mieux que ce dernier ne pouvait sortir la France du marasme. Les finances sont restaurées et son génie de la planification contraste avec la politique d’expédients menée jusqu'alors. Il encourage l'agriculture et protège les paysans contre les exactions. Il engage une vaste politique de gestion des richesses forestières et stimule les industries nouvelles : soieries, verrerie, tissus... Dans tous les domaines, il cherche à augmenter les exportations et à réduire les importations. Les moyens de communication figurent également au centre de son programme, notamment par l'accroissement du réseau des canaux. C'est aussi l'époque où reprennent les constructions. De nombreux châteaux seront édifiés sous son règne. Sur le plan matrimonial, sa première épouse Margot, sœur d'Henri III, était suspectée d'avoir comploté avec les catholiques. Henri IV lui reproche aussi ses infidélités et réussit à faire annuler son mariage en raison d une trop proche parenté. Sa deuxième épouse sera Marie de Médicis, la fille du grand-duc de Toscane et de l'archiduchesse d'Autriche. Dès son arrivée en France, elle suscite l'hostilité par sa propension à s'entourer d'un entourage florentin. Henri IV ne prend pas la peine de dissimuler ses aventures. Cela ne l'empêche pas de lui faire de nombreux enfants, dont le dauphin Louis qui naît en 1601. Le 13 mai 1610, Marie est sacrée. Le 14 mai, Henri IV meurt, assassiné dans le quartier du Marais par Jean-François Ravaillac. Le régicide sera supplicié treize jours plus tard.

Henri IV (Pau 1553-Paris 1610); roi de France [1589-1610] et de Navarre [1572-1610].

Le « Vert Galant » est le plus populaire des rois de France. La postérité a oublié que son accession au pouvoir fut lente et difficile et qu’il dut conquérir son royaume à la pointe de l’épée. La mémoire collective ne retient de ce roi à cheval, et guerrier, fleurant l’ail et l’écurie, que le sens inné de la diplomatie, l’art de l’accommodement, l’absence de rancune, la tolérance, l’humour et la verdeur. Elle relève encore le souci de l’État, la remise en ordre financière et le redémarrage économique. Hagiographique, elle fait du monarque un souverain paternel et bon, soucieux de tous ses sujets. Fils d’Antoine de Bourbon et de Jeanne d’Albret, H. est né à Pau et reçoit l’éducation simple et rude des jeunes Béarnais du temps. Sa mère la complète par une solide instruction calviniste. À seize ans il devient, avec Condé et Coligny, l’un des chefs du parti protestant (1569). La troisième des huit guerres de Religion vient à peine de s’engager. H. se distingue lors de la bataille d’Arnay-le-Duc en Bourgogne (1570). Après l’édit de Saint-Germain (8 août 1570), qui perpétue les libertés de l’édit d’Amboise et concède aux réformés quatre places fortes de sûreté, son mariage le 18 août 1572 avec la sœur du roi, Marguerite de Valois, est le gage de la réconciliation des catholiques et des protestants. Il est célébré huit jours avant la Saint-Barthélemy, à laquelle il échappe en abjurant le calvinisme. Pendant trois ans il reste en état de semi-prisonnier à la cour des Valois, dont il s’enfuit en 1576 pour reprendre la tête des armées protestantes, guerroyer sans discontinuer et s’emparer de Cahors en 1580. Son destin bascule en 1584 : la mort du duc d’Anjou, le dernier frère d’Henri III, en fait l’héritier du trône. Mais un héritier exécré par les ligueurs. Les passions s’embrasent de plus belle. Dans la guerre des Trois-Henri, il bat l’armée royale près de Coutras. Puis se rapproche d’Henri III : ce dernier est inquiet des progrès de la Ligue. Après l’assassinat du duc de Guise, le souverain et son héritier viennent assiéger Paris. Henri III allait au-devant de sa mort : il est assassiné le 1er août 1589. Le roi de Navarre devenait de jure roi de France. Mais un roi avec un royaume à conquérir. Quatre étapes marquent cette reconquête (1589-1598): d’abord le siège manqué de Paris (avril-sept. 1590), où le légat Cajetano et l’ambassadeur d’Espagne Mendoza soutiennent la résistance du pouvoir insurrectionnel des Seize ; le duc de Mayenne, qui a succédé à son frère Henri de Guise à la tête de la Ligue, et Alexandre Farnèse, qui conduit les armées espagnoles, obligent le roi à lever le siège. Ensuite c’est la phase de décomposition de la Ligue entre 1591 et 1594, qui se divise en factions rivales ; la Satire Ménippée, qui paraît à ce moment-là, témoigne du désir de paix de l’opinion sous l’égide de la monarchie légitime ; les états généraux de 1593 résistent aux pressions espagnoles pour faire élire Isabelle, la fille de Philippe II, souveraine de France ; l’ambassadeur Féria, qui soutient cette prétention, est débouté et Mayenne obligé de signer une trêve de trois mois avec le souverain. Lors de la troisième phase, H. fait un pas décisif : le 25 juillet 1593, à Saint-Denis, il abjure le calvinisme et redevient catholique (« Paris vaut bien une messe...», aurait-il déclaré). Peu après, il est sacré à Chartres le 27 février 1594. Enfin (quatrième et dernière phase), c’est la lente, difficile et patiente reprise en main du royaume avec l’entrée à Paris le 22 mars 1594, la soumission de Mayenne en 1595, le long siège d’Amiens, délivrée des Espagnols après six mois d’efforts en 1597, la réduction de Mercœur, le dernier des ligueurs, qui tenait la Bretagne (mars 1598), et l’absolution accordée par le pape Clément VIII (sept. 1595). Restait l’Espagne : le traité de Vervins (2 mai 1598) ramène la paix entre les deux nations. H. peut dès lors s’employer à reconstruire la France et réconcilier les Français.

Il n’a aucun esprit de revanche. La lassitude générale après trente ans de guerres civiles lui donne un champ de manœuvre suffisamment large pour éviter la répression. Il commence par rétablir la paix religieuse grâce à l’édit de Nantes du 13 avril 1598, qui reconnaît le catholicisme comme religion d’État tout en accordant d’importants privilèges aux réformés, lieux de culte, égalité civile, chambres de justice mi-parties et surtout pour huit ans une centaine de places de sûreté. Il poursuit ensuite la restauration de l’État. Sans créer de rouages administratifs nouveaux, il utilise le Conseil du roi, qui se fractionne en sections dont les plus importantes sont le conseil des Affaires (ou Conseil étroit) et le Conseil privé (ou des Parties). Il impose son autorité dans les provinces, réduit l’importance des gouverneurs, surveille les officiers par l’envoi de maîtres de requêtes. Partout l’absolutisme monarchique s’implante. Quand il le faut, il frappe durement : trois grands complots, soutenus en sous-main par les d’Entragues et l’Espagne, éclatent en 1602, en 1604 et en 1606. Les responsables directs sont châtiés : Biron, auteur du premier, est exécuté, Bouillon, coupable du troisième, réduit. Les grands et les Parlements sont confinés dans l’obéissance. Certes l’édit de la Paulette de décembre 1604, qui permet aux officiers de transmettre et de vendre librement leurs charges contre le paiement d’un droit, risque par l’hérédité de rendre les officiers indépendants. Mais, quand la mesure est prise, elle a le mérite de souder autour du monarque les commis de l’État et de lui assurer des ressources. H. a su s’entourer d’excellents collaborateurs, comme Sillery, Jeannin, Pomponne de Bellièvre, pour beaucoup venus de l’entourage d’Henri III. Deux d’entre eux ont un éclat particulier : d’abord Rosny (devenu duc et pair de Sully en 1606), le fidèle compagnon, qui restaure les finances publiques et permet à l’agriculture de se rétablir en un moment où l’agronome Olivier de Serres vante les charmes de la vie rustique dans le Théâtre d’agriculture et Ménasge des champs. Ensuite Barthélemy de Laffemas (1545-1612), négociant dauphinois, dont les idées en matière de politique industrielle et commerciale sont écoutées : protestant anobli, il contribue au développement de la manufacture de luxe ; contrôleur général du commerce en 1602, il applique la doctrine du mercantilisme. Les résultats d’un tel apaisement politique ne se font pas attendre. Ils permettent à H. de pratiquer un mécénat. Il fait des travaux dans les châteaux de Fontainebleau et de Saint-Germain-en-Laye, embellit Paris, où le Pont-Neuf est achevé, la place Dauphine construite, et la place Royale entreprise dans le quartier du Marais. Au fil des ans, H. est devenu un grand roi : on lui pardonne son joyeux tempérament et ses nombreuses maîtresses, dont les plus connues sont Gabrielle d’Estrées, Henriette d’Entragues, Jacqueline de Bueil et Charlotte des Essarts. On lui sait gré d’avoir assuré l’avenir de la dynastie par son mariage avec Marie de Médicis, la Florentine, après que son premier mariage avec la frénétique Marguerite de Valois - la reine Margot - eut été cassé par Rome (1599). La nouvelle reine lui donne quatre enfants, Louis XIII, Gaston d’Orléans, Isabelle qui épouse Philippe IV d’Espagne, et Henriette mariée à Charles Ier d’Angleterre. Longtemps tourné vers les tâches intérieures, le souverain reste pacifique. Pourtant il mène une courte campagne contre la Savoie, qui vaut à la France la cession de la Bresse, du Bugey et du pays de Gex (1601). Et il ne remet pas en cause la politique traditionnelle de la France vis-à-vis des Habsbourg, qui suscitent toujours sa méfiance. Il soutient (prudemment) la révolte des Provinces-Unies, aide à la conclusion de la trêve de 1609, reste proche de l’Angleterre et des princes protestants. Une crise, plus grave, éclate en 1609 à la suite des prétentions de l’Empereur sur un territoire rhénan, les duchés de Clèves et de Juliers. La guerre est proche. H. réunit une armée et vient de confier la régence à Marie de Médicis, quand il est tué, rue de la Ferronnerie à Paris, par Ravaillac, un fanatique catholique, peut-être poussé par des milieux favorables à l’Espagne. Sa disparition prématurée allait ouvrir une période de crise et son assassinat le faire entrer dans la légende. H. était devenu un mythe. Bibliographie : J.-P. Babelon, Henri IV, 1982 ; J. Garrisson, Henry IV, 1984 ; H. Méthivier, L’Ancien Régime en France, xvie-xviie-xviiie siècles, 1981, p. 155-161 etp. 203-228.

ASSASSINAT D'HENRI IV • 14 mai 1610 Au début de 1610, Henri IV, roi catholique, s’allie avec les princes allemands protestants contre la catholique Espagne (royaume qu’il veut soumettre). Certains se souviennent alors que le roi est un converti de fraîche date. Serait-il en train de revenir à ses premières croyances ? Ce soupçon suffit à armer le bras d’un illuminé, un certain Ravaillac - dont on ne saura jamais qui l’a manipulé. Au matin du 14 mai 1610, rue de la Ferronnerie, à Paris, comme un chariot de foin bloque la circulation, il saute sur le marchepied du carrosse royal et frappe à deux reprises le souverain de son couteau. Celui que l’on appelle le « bon roi Henri » mourra presque sur le coup.



Henri IV (1050-1105); roi de Germanie [1056-1105] et empereur [depuis 1084].

Le long règne d’H. commence par une régence troublée. Le jeune fils d’Henri III avait été couronné le 17 juillet 1054, quelque deux ans avant la mort de son père (5 oct. 1056). Il est d’abord sous la tutelle de sa mère Agnès, à qui le pouvoir est arraché en 1062 par l’archevêque de Cologne Annon, puis par celui de Brême Adalbert. H. ne commence à régner vraiment qu’à partir de sa majorité à la fin de 1065, appuyé sur un petit groupe de conseillers. Il peine à imposer le pouvoir royal aux princes, en particulier en Saxe (1073-1075) : les clivages vont amplifier dans le royaume la résonance du dramatique conflit avec la papauté grégorienne. En 1071, les relations avec le pape Alexandre II arrivent à un point de rupture : contre un candidat impérial au siège métropolitain de Milan, le pape soutient un autre élu et excommunie cinq conseillers du roi. Son successeur Grégoire VII est encore plus intransigeant. Son programme mis au point et publié dès 1074-1075, il se heurte de plein front avec le roi, qui vient tout juste de régler la question saxonne. Le 24 janvier 1076, au synode de Worms, H., dans la plus pure tradition salienne, proclame la déposition du pape ; mais depuis Sutri, les rapports de force ont changé à Rome. Grégoire VII réplique en excommuniant et en déposant le roi, déliant ses sujets de leur fidélité. Ce premier épisode prend fin dans la réconciliation de Canossa, une place forte émilienne de la comtesse Mathilde (28 janv. 1077). Le second acte s’ouvre presque aussitôt, quand le roi voit susciter contre lui le premier des trois antirois que connaîtra son règne, Rodolphe de Souabe, dit de Rheinfel-den (élu le 15 mars 1077, couronné le 26 mai ; mort le 15 oct. 1080 dans une bataille sur l’Elster). Pendant trois ans, Grégoire VII cherche à imposer son arbitrage et, déçu par le refus royal, excommunie et dépose à nouveau H., qui réplique en déposant Grégoire et en lui suscitant l’antipape Clément [III] (synode de Bressannone, 25 juin 1080). Couronné empereur par l’antipape le 31 mars 1084, H. ne sera jamais relevé de l’excommunication. Ses campagnes apparemment victorieuses à Rome (1084, 1090-1092), puis concentrées autour de Padoue et Vérone (1093-1096) ne peuvent avoir raison de la papauté grégorienne fermement guidée par Urbain II et Pascal IL Son pouvoir est miné par l’agitation de l’Italie et de la Germanie. On lui suscite l’antiroi Hermann de Luxembourg, comte de Salm (élu en août 1081, couronné le 26 déc., mort au combat le 28 sept. 1088) ; le parti de ses adversaires est affaibli par la mort des chefs de l’opposition saxonne, l’ancien duc de Bavière Otton de Northeim (1083) et l’évêque de Halberstadt Burchard (1088). Mais H. doit, plus grave encore, affronter la défection de sa seconde épouse Praxedis, et la révolte de ses propres fils : Conrad (élu et couronné à Aix le 30 mai 1087, couronné ensuite roi de Lombardie en 1093 ; déposé en 1098 et demeuré sans pouvoir réel jusqu’à sa mort, le 27 juill. 1101), puis Henri (futur Henri V), dont la rébellion met un terme à son règne. H. est déposé le 31 décembre 1105 à Ingelheim. Vivant dans une illusion de pouvoir qui inspirera plus tard Pirandello, il meurt le 7 août 1106 à Liège.

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