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HENRI III (1551-1589) - Valois

HENRI III (1551-1589) - Valois

• Roi de France [1574-1589] Quand meurt son frère Charles IX, Henri, duc d’Anjou, est en Pologne, où il a été proclamé roi en 1573. Il fait aussitôt route vers la France pour être sacré le 13 février 1575, à Reims. Il tente un effort de conciliation envers les huguenots, que la réaction catholique l’amène très vite à tempérer puis, à nouveau, semble pencher en faveur des protestants (paix de Beaulieu, 1576 ; paix de Nérac, 1580). Quand meurt le dernier frère d’Henri III, l’héritier présomptif du trône se trouve être Henri de Navarre, un huguenot. Par conséquent, les catholiques, soutenant les prétentions d’Henri de Guise, s’insurgent. La «guerre des trois Henri » commence. Le 20 octobre 1587, le clan du roi est défait par Henri de Navarre à Coutras. Paris, favorable au parti catholique, c’est-à-dire au duc de Guise, commence à se révolter et à fomenter des troubles qui, le 12 mai 1588, à l’occasion de la journée des Barricades, chasseront le roi. En octobre, Henri III convoque les états généraux de Blois, mais le duc de Guise puis son frère Louis de Lorraine sont assassinés par les fidèles du roi (23 et 24 décembre 1588). L’opposition de Paris se fait plus forte que jamais. Henri III s’allie à Henri de Navarre pour venir assiéger la capitale. Le 1er août, un moine ligueur fanatique, Jacques Clément, poignarde le roi. Celui-ci, avant de mourir, désigne comme successeur Henri de Navarre. Ainsi s’éteint, dans la confusion, la dynastie des Valois. Malgré la cruauté des temps, le roi a réuni régulièrement son «Académie du palais», où paraissent des poètes - Ronsard, Baïf et Desportes - ainsi que des érudits, tels Henri Estienne et Scaliger. C’est aussi l’époque où Michel de Montaigne fait paraître ses Essais, chef-d’œuvre de la littérature personnelle, un genre inconnu jusqu’alors. Avec l’avènement d’Henri IV s’ouvre une période nouvelle, mais le style Renaissance va s’effacer pour laisser la place au baroque, qui exprime mieux et avec plus de violence les angoisses et les contradictions de l'homme face à son destin.

Dates de règne : 1574-1589 Épouse : Louise de Lorraine (1553-1601). Il avait été duc d'Anjou avant de devenir roi de Pologne. C est sans regret qu'il abandonne Varsovie pour regagner Paris et prendre possession du trône. Le royaume dont il hérite est en proie aux guerres de Religion. Henri III est sous la coupe de sa mère et subit l'influence de ses mignons". Il apprécie les fastes de la vie de cour, édicte de strictes règles de protocole, mais témoigne en même temps d'un courage certain au combat. La reine ne lui donne pas d'enfants et la mort de François, duc d'Alençon, fait du protestant Henri de Navarre l'héritier présumé. Face à semblable éventualité se constitue une nouvelle Ligue catholique, alliée au roi Philippe II d'Espagne. L'influence grandissante du camp catholique pousse le roi à revenir sur les avantages concédés aux protestants, tandis que s'engage la guerre des Trois Henri. Henri de Navarre a remporté la victoire de Cou-tras en défaisant le duc de Joyeuse. De son côté, Henri de Guise fait une entrée triomphale à Paris. Le roi fuit la capitale et réunit les états généraux à Blois. Devenu lieutenant général du royaume, Henri de Guise apparaît comme son premier rival. Henri III se résout à le faire assassiner. Dès lors, Henri III n'a plus d'autre choix que de s'allier à Henri de Navarre. Les deux Henri entament le siège de Paris et la partie paraît gagnée pour Henri III. Quelques jours plus tard, un moine fanatique répondant au nom de Jacques Clément est reçu dans le cabinet de toilette du roi. Il le frappe d'un coup de couteau meurtrier.

Henri III ; roi de Germanie [1039-1056] et empereur [depuis 1046].

Dès son couronnement le jour de Pâques (14 avr.) 1028, H. est désigné comme successeur de son père Conrad II, auquel il succède le 4 janvier 1039, après avoir reçu les duchés de Bavière et de Souabe, puis le royaume de Bourgogne (1038-1039). Il développe avec autorité la prérogative royale et promeut, avec la même autorité, la paix de Dieu et la réforme religieuse. Cela se marque par des échanges nourris avec les réformateurs monastiques, Hugues de Cluny, Pierre Damien, et surtout par des interventions fermes à Rome. H. est couronné empereur le 25 décembre 1046 par l’évêque de Bamberg Suidger, devenu la veille, par sa grâce, le pape Clément II ; quelques jours auparavant, le souverain a réglé leur compte aux trois papes concurrents Silvestre III, Grégoire VI et Benoît IX (synodes de Sutri et Rome, 20-24 déc.). Tous les successeurs de Clément II viendront du royaume : Poppo évêque de Bressanone [Damase II, 1048], Brunon évêque de Toul [Léon IX, 1049-1054], Gebhard évêque d’Eichstätt [Victor II, 1055-1057], et jetteront les vraies bases d’une réforme de l’Église, qui prendra une tournure anti-impériale moins de vingt ans plus tard. H. fait preuve de la même énergie vers l’est, contenant la Pologne, stabilisant la frontière de l’Elbe contre les Slaves Liutices, améliorant l’organisation des marches du Sud-Est (Nuremberg se développe à partir de 1040). En 1043 (sa première épouse Gunehilde / Cunégonde de Danemark est morte en 1038), il épouse Agnès de Poitou, fille du duc d’Aquitaine. Il soutient en Saxe contre les Billung une épreuve de force où l’aide l’archevêque Adalbert de Brême ; plus énergique encore sa réaction en Lorraine, lorsque le duc de Haute-Lorraine Godefroy le Barbu (grand-père de Godefroy de Bouillon), investi en 1044, prétend reconstituer l’héritage paternel et se révolte. En 1045, H. confie la Basse-Lorraine à son parent Frédéric de Luxembourg, frère du Henri dont il a déjà fait un duc de Bavière [1042-1047]. En 1047, il installe en Lorraine un autre parent, le comte Adalbert [1047-1048] puis son frère Gérard ; parti en Italie, Godefroy y épousera Béatrice de Toscane, de la famille dite « de Canossa » ; la belle-fille de Godefroy, la « comtesse » Mathilde deviendra en Italie centro-septentrionale le pivot de la résistance aux Saliens. Quand H. meurt le 5 octobre 1056 à Bodfeld dans le Harz, le grand conflit est près de s’embraser ; son cœur est enterré dans son palais de Goslar, le reste de sa dépouille à Spire, dont il a fait, après son père, la véritable nécropole des Saliens.

 

Henri III (Fontainebleau 1551-Saint-Cloud 1589) ; roi de France [1574-1589].

Le dernier des rois Valois a l’infortune de régner dans des temps de troubles où les passions religieuses sont excessives. Troisième fils d’Henri II et de Catherine de Médicis, c’est un roi malchanceux. Faible moralement, déséquilibré, l’opinion publique, en son temps déjà, ne le comprenait pas. C’est aussi un roi marginal. Élégant et raffiné, il a en lui des traits de l’androgyne et une sensibilité peut-être déviée. Il aime les expressions exagérées du cœur, tantôt les raffinements des vêtements et des bijoux, tantôt la rigueur de l’habit des pénitents, allant jusqu’à vivre en capucin. C’est aussi un roi mystique. Il fonde une communauté de Minimes à Vincennes, l’ordre de la Chevalerie du Saint-Esprit, et va en pèlerinage à Chartres pour demander un héritier. En lui confluent toutes les audaces et tous les excès de la sensibilité pré-baroque. Avant de monter sur le trône, alors qu’il n’est encore que duc d’Anjou, il s’illustre brillamment au cours des guerres de Religion à Jarnac et à Moncontour. Les intrigues de sa mère, dont il est l’enfant préféré, le font élire roi de Pologne (1573). Il rentre en France à la mort de son frère Charles IX, auquel il succède, et il épouse Louise de Vaudémont-Lorraine. Son entourage est composite : en bonne place figurent des personnages d’ascendance italienne comme Birague, Nevers, Gondi de Retz, ou les financiers Adjacet, Zamet, Sar-dini et Strozzi. Mais il s’appuie aussi sur des chanceliers expérimentés comme Chevemy, Nevers, Matignon et les secrétaires d’État Villeroy, Brûlart, Pinart, Fizes de Sauve. Quant à sa mère, entre 1574 et 1583, elle est très écoutée, et à la tête de l’État fonctionne une espèce de dyarchie mère-fils. L’opinion lui reproche surtout d’affectionner les mignons, comme d’Épernon et Joyeuse. Elle comprend mal qu’ils sont moins des hommes de plaisir que des bretteurs dévoués corps et âme à leur souverain et qu’ils symbolisent la montée d’une petite noblesse fidèle face aux grands lignages en révolte. En fait, quoique soucieux de l’unité de l’État, H. n’a pas su s’imposer aux factions : l’Union calviniste conduite par le prince de Condé et Henri de Navarre (le futur Henri IV), et les catholiques intransigeants dirigés par le duc Henri de Guise. Dans un premier temps, pour rétablir la concorde entre ses sujets, H. écoute le parti des politiques (celui de J. Bodin), qui placent l’unité nationale au-dessus des conflits religieux, et il accorde aux protestants la paix de Beaulieu (1576), qui leur reconnaît la liberté de culte (partout sauf à Paris), des places de sûreté et des Chambres mi-parties dans les Parlements. Furieux de ces concessions, les catholiques s’organisent en une Ligue dirigée par le duc de Guise (1576). Pour la contrôler, H. s’en déclare le chef mais sans obtenir le ralliement des catholiques. En revanche, sous l’influence des ligueurs, les états généraux de Blois (1576-1577) le forcent à reprendre la lutte contre les protestants. La paix de Nérac, qui la conclut en 1580, est moins libérale que celle de Beaulieu. Le répit est de courte durée : la mort de François d’Anjou, le frère du roi, en 1584, fait d’Henri de Navarre l’héritier du trône. La Ligue est furieuse : elle pousse le monarque à enlever aux protestants les droits concédés. C’est alors qu’éclate la guerre dite des Trois-Henri entre Guise, Navarre et le roi. Affaibli par la défaite de Joyeuse à Coutras (oct. 1587), et par la montée en puissance du duc de Guise, H. fuit Paris après la journée des Barricades du 12 mai 1588. L’espoir mis dans les états généraux de Blois d’octobre 1588 est déçu. Ils sont dominés de nouveau par les ligueurs. Désemparé, le roi fait assassiner le duc de Guise et son frère le cardinal Louis de Lorraine en décembre 1588. Les ligueurs répliquent en proclamant la déchéance du roi et nomment lieutenant général du royaume le vieux duc de Mayenne. H. se réconcilie alors avec Henri de Navarre et, en sa compagnie, vient assiéger Paris. Au cours du siège, il est assassiné par le moine ligueur Jacques Clément le Ier août 1589. Ainsi périssait un souverain qui eut le mérite de ne pas lier la monarchie à un parti et qui, en se rapprochant du futur Henri IV, eut le souci de l’unité de l’État.

Bibliographie : P. Chevallier, Henri III roi Shakespearien, 1987 ; H. Méthivier, L’Ancien Régime en France, xvie-xviie-xviiie siècles, 1981, p. 146-155.

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