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Henri COLPI

Né le 15 juillet 1921 à Brigue (Suisse). Une aussi longue absence (1960), Codine (1962), Mona, l'étoile sans nom (1965), Heureux qui comme Ulysse (1969), L’Ile mystérieuse (co-réal. Antonio Bardem, 1973). Après ses études à Sète et à l’université de Montpellier, Colpi fait l’IDHEC puis s’adonne un temps à la critique, notamment à Ciné-Digest (parution, en 1947, de son livre Le Cinéma et les Hommes). Il devient alors monteur de courts métrages (films de Resnais, Franju, Varda, Ruspoli, les Prévert...) et sera chef monteur du Mystère Picasso (Clouzot) et d’Hiroshima mon amour (Resnais). Sa passion de la musique l’amènera à publier en 1963 un gros volume: Défense et illustration de la musique de film (Éd. Serdoc). Palme d’or au festival de Cannes 1960 pour son premier long métrage adapté d’un scénario de Marguerite Duras bâti autour de l’histoire d’un amnésique, Colpi fut rangé d’emblée dans le courant contesté d’un certain cinéma littéraire français. Ses qualités personnelles sont pourtant originales mais hélas peu commerciales: attention, chaleur, pudeur, c’est-à-dire refus du brio, des thèmes à la mode et du style branché. Dès lors, ses films ont un petit air désuet mais touchent toujours par la justesse de leur regard et les qualités humaines des personnages mis en scène. Tourné en Roumanie d’après le célèbre «roman d’apprentissage» de Panait Istrati, Codine est sans doute son chef-d’œuvre, mais on retrouve dans Mona une poésie aussi délicate et dans Heureux qui comme Ulysse la même adéquation du personnage au milieu naturel, le réalisateur ayant réussi à décrire une Provence authentique et à faire de Fernandel un personnage aussi émouvant que chez Pagnol. Il est proprement scandaleux de voir Colpi réduit depuis plus de quinze ans à jouer les conseillers techniques (Bilitis de David Hamilton, 1976) ou à devoir se contenter d’une participation à une coproduction cinéma/ télévision (L'Ile mystérieuse) malgré la grande estime dont il jouit au sein de la profession comme chez les cinéphiles et qui a conduit le C.N.C à lui confier le montage de L'Hirondelle et la Mésange, film tourné en 1922 par André Antoine, laissé à l’état de rushes et monté seulement pour la première fois dans les années quatre-vingt! En fait, c’est sa modestie sincère qui constitue sans doute son plus sérieux handicap.

— Henri Colpi, «Histoire d’un film: Une aussi longue absence», Téléciné, n° 103, avril 1962. — Entretiens par Raymond Bel-lour et Maurice Frydland, Cinéma, n° 70, novembre 1962; par G.-M. de Ray, Cinéma, n° 104, mars 1966.

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