hendiadyn / adynaton
Un hendiadyn est une figure microstructurale (de construction). On coordonne des termes qui en fait dépendent l’un de l’autre. Il est réalisé en général dans la distorsion entre la forme d’une coordination entre deux éléments (souvent deux noms) et l’effet de sens acceptable qui impose un rapport de dépendance entre ces deux mêmes éléments. Ex. :
Dis-le [...] À cet agonisant que déjà le loup flaire Et que surveille le corbeau, À ce soldat brisé! s’il faut qu’il désespère D’avoir sa croix et son tombeau [...]
Dans cet extrait de Baudelaire (L’Irréparable), on parle bien sûr, à propos du soldat mourant, de la croix (ou de sa croix) sur son tombeau. L’hendiadyn le plus courant (si l’on peut dire) fait apparaître deux thématisations, alors qu’une seule est en jeu.
=> Figure, microstructurale, construction; hypallage.
Adynaton. Figure qui consiste à dire des choses impossibles, à associer des éléments incompatibles, souvent par exagération (hyperbole) :
avoir le temps de tuer un âne à coups de figues (pour agir lentement).
Les adynata de Virgile :
Que maintenant le loup fuie devant les moutons, que les chênes portent des pommes d’or, que les hiboux rivalisent avec les cygnes
(Virgile Eglogue, 8, 53)
constituent un exemple souvent imité au Moyen Age, en particulier dans la fatrasie. Le topos du monde renversé est un cas particulier d’adynaton :
Ce ruisseau remonte en sa source,
Un bœuf gravit sur un clocher,
Le sang coule de ce rocher,
Un aspic s’accouple d’une ourse.
(Théophile de Viau)