Heidegger et la mort
Dès qu'un homme est né, il est assez vieux pour mourir. Tout vivant va/doit mourir. La mort est le destin de la vie. Elle est à la fois le contraire (être mort, c'est ne plus vivre) et son corollaire (seul ce qui vit peut mourir). L'homme est un « être-pour-la-mort » (Heidegger), une mort certaine mais indéterminée. Elle est constitutive de la vie. Elle constitue une structure a priori de la conscience humaine, et donc qu'elle lui est immanente. Elle est la possibilité la plus intime, la plus ultime de notre existence, l'horizon de tous les horizons : chaque vie marche à la mort. Personne ne peut mourir à ma place : la mort est ce que j'ai de plus personnel et pourtant de plus commun. L’homme a conscience de sa finitude. Cette conscience angoissée fait de lui un « animal métaphysique » (Aristote) cad un être qui se pose les questions du sens et de la finalité de l’existence.
Si je veux connaître une existence authentiquement humaine et personnelle, alors je dois accepter mon angoisse : dans l'angoisse devant la mort, je saisis alors la mort comme forme même de toute l'existence, et non point comme décès.
« Dans l'angoisse devant la mort, la réalité-humaine est mise en présence d'elle-même, comme livrée à sa possibilité indépassable. Le « On » prend soin de convertir cette angoisse, d'en faire une simple crainte, une peur devant un quelconque événement qui approche. » (Heidegger, « Être et Temps », « Qu'est-ce que la métaphysique ? », Gallimard, 1951).
(Angoisse pour Heidegger = signe du sentiment authentique de la condition humaine, elle n'est angoisse d'aucun objet précis, mais aperception brutale de notre déréliction et de notre marche à la mort. La vie est angoisse. A l'état pur, ce sentiment est noble et rare. Il n'a rien à voir avec la peur qui est la crainte d'objets précis et qui se forge rapidement des refuges. Les refuges contre la peur sont matériels et moraux (les institutions, les morales, les religions) et ce ne sont que d'hypocrites moyens de nier notre condition. H. refuse toutes les doctrines offrant un salut, une consolation : autant de refuges nés de la peur petite bourgeoise. La question de l'être ne se pose donc, pour Heidegger, que dans une perspective temporelle.
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